Agenda de Georges Montrichard

L’auteur de l’agenda : Georges Montrichard

Georges Montrichard était né en 1922 à Angoulême. Il était menuisier.

Georges Montrichard

Comme tous ceux de sa génération, il était tombé sous le coup de la loi du 16 février 43, promulguée par le gouvernement de Laval, portant création du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) : Tous les jeunes gens des classes 40, 41 et 42 étaient en effet déportés en Allemagne pour combler le déficit dû à l’insuffisance du nombre des volontaires. Il fit ainsi partie des 600 000 jeunes Français qui travaillèrent pour le Reich et se retrouva à 22 ans au camp de Wiesau en Basse Silésie, où il décrivit quotidiennement sa vie de travailleur déporté, dans son agenda, de janvier à juin 44.

Ensuite il fit le récit de l’évacuation de son camp vers Dresde.

Cet agenda a été confié à Périgny Story par la fille de Georges Montrichard, qui habite aujourd'hui Périgny.

 Transcription de l’agenda

 Cette inscription (à la main bien sûr et à l'encre) se trouve en travers sur la page de garde du carnet/agenda :                                  

Montrichard Georges

Betriebslager Wiesau Bunzla

Niederschlesien (Deutschland) 

Traduction :

 Montrichard Georges

 Camp d’activité de Wiesau Bunzlau

 Basse Silésie (Allemagne)

 Il est difficile de savoir à quoi correspond « Wiesau » (nom allemand) ? Peut-être un quartier de Bunzlau ? À moins, et c’est plus probable, que Wiesau ne corresponde au petit village nommé maintenant Laka, à 2,5 km au nord de Bunzlau/Boklawiec. Cette hypothèse est confortée par la présence en ce lieu de bassins ou lacs de carrières.

Un autre ancien STO, Monsieur Henri Deschamps, lui aussi passé par Wiesau, a bien voulu (janvier 2016) apporter d'autres précisions qui viennent confirmer l'hypothèse émise ici d'une identification de Wiesau à Laka. Elles seront indiquées ici en violet. Et pour commencer, il explique de cette façon la création de camps (“lagers“) à Wiesau :

La BUHAG (Berg und Hütten Aktien Gesselschaf - Société par action de mines et d’usines métallurgiques) fait construire à Wiesau une importante usine de traitement de minerai de cuivre, qui doit provenir d’une exploitation située dans la région de Mittlau à l’est de Bunzlau par un téléphérique de 17 km. Ces lagers ont été créés pour loger la main-d’œuvre étrangère nécessaire à cette édification.“

Et de décrire sa première vision du camp : «Baraquements vert-gris parmi les champs de pommes de terre. Au nord, un rideau d’arbres et une faible éminence cachent Wiesau qui ne groupe que quelques maisons et fermes. À l’ouest, le Bober assez large et peu profond et plutôt tranquille ; au lointain, la forêt Silésienne. Au sud, des champs, un bois, au-dessus duquel se montre le clocher de Bunzlau. Très loin souvent perdus dans la brume, les monts de Bohème. À l'est, la route de Bunzlau à Sprottau longe le camp. De l’autre côté de la route face à notre camp, le camp des Juifs et ses barbelés. À la sortie du hameau, à droite, le chantier, avec des bâtiments et des cheminées qui s’amorcent, puis la plaine à peine ondulée où on devine, à  peu de distance, une halte de chemin de fer. Nos baraques forment un carré délimitant une vaste place avec au centre une cuisine jointe à une grande salle où nous allons toucher la soupe et au-dessous une cave qui doit servir de réserve au ravitaillement…  »

Henri Deschamps a réalisé aussi un plan et un croquis du lager :

Plan du lager

 

 

 

 

 

Croquis du lager

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La ville de Bunzlau (15°34’ Est, 51°16’ Nord) se nomme maintenant Bokslawiec (Pologne)- De nos jours elle compte environ 40 000 habitants.)

Voici la description qu'en fait H. Deschamps :

«J’ai découvert une petite ville et que je trouve agréable, avec son église, son Rathaus vers lequel convergent ses rues venant de la gare ou des bords de la rivière Bober et le pont qui le franchit et joint la ville à Tillendorf. Comme dans beaucoup de villes traversées, des fleurs aux fenêtres l’égayent. Et aussi des banderoles. Nous avons repéré quelques brasseries où l’on peut manger du “sans ticket“. Notamment le dimanche soir où il n’y a pas de repas au lager.

Un coup d’œil sur une carte montre qu’elle est située entre le piémont des Monts de Bohème et une immense forêt qui la sépare de la région de Sagan. La route qui mène à Wiesau file droit vers le nord, parallèlement et à quelque distance de la rivière qu’elle suit jusqu’à Sprottau, traversant la forêt sur plus de 30 km, avec des clairières qui sont autant de hameaux. Elle quitte la ville près de la gare passant sous la voie ferrée Leipzig-Dresde-Bunzlau-Breslau, qui vient de franchir le Bober sur un immense viaduc.

À la sortie vers Wiesau se trouve la petite fonderie Kliemke avec son commando de KgF français de quelques jeunes STO et prisonniers soviétiques et plus loin le lager “das Aue“ héberge des familles déportées lorraines.

Une deuxième gare plus petite, la “kleinbanhof“est tête  de ligne à voie unique ou circule un tortillard qui passe à Wiesau  et quelques villages et rejoint le village de Modlau à la limite du Kreis sur la ligne Breslau-Berlin-...

Près du Rathaus (Hôtel de ville) se trouve la “Kutusovdenkmal“, à la mémoire du général russe Koutousov mort à Bunzlau en 1813. »

 

 

2 commandos satellites du camp de concentration de Gross Rosen y furent établis (Gross Rosen se nomme actuellement Rogozniça, et est situé à une cinquantaine de km de Bunzlau. Ce  camp était lui-même un satellite de celui de  Sachsenhausen au nord de Berlin).

Bunzlau I fut établi en mai 1944 pour le travail du bois (firme Huber land) sur la base d’un ancien camp de travail pour les Juifs. 

Bunzlau II fut établi en octobre 1944 pour l’Intendance de Gross Rosen.

Il y avait aussi à Bunzlau un camp de travailleurs forcés. Paul Charrin, né en 1922 à Lyon, s’y trouvait donc en même temps que Georges Montrichard, puisqu’il y est resté  de mars 1943 à Février 1945. Il est connu pour avoir écrit ses mémoires : « STO, Lyon, éditions de Savoie, 1945 ». Ce camp fut bombardé en juillet 1944 et évacué le 1er août.

La Basse Silésie fit partie de l'Allemagne unifiée de 1871 à 1918. Auparavant (depuis le Xème siècle) elle avait appartenu à la Pologne puis avait été rattachée en 1335 à la couronne de Bohême, ensuite à l'Autriche dès 1526, puis à la Prusse en 1763.

Le XIXème siècle vit de profondes transformations s'opérer dans la région lorsque le charbon y fut exploité en grandes quantités, avec la naissance des grandes villes de Silésie autour de la métallurgie.   

Peuplée majoritairement d’Allemands la région était revendiquée par l’Allemagne.

Après le traité de Versailles, un plébiscite fut organisé, en 1921 (21 mars), dans toute la Silésie, basse et haute.  Il donna presque 60% en faveur du rattachement à l’Allemagne mais avec des disparités peu propices à un découpage, les villes comme Katowice (Kattowitz) votant pour l'Allemagne tandis que des régions bien à l'ouest, plus rurales, votèrent pour la Pologne.

La région fut néanmoins scindée entre Allemagne, Pologne et Tchécoslovaquie.

La SDN (Société des Nations) garantit pour quinze ans une protection des minorités (ce qui permit aux Juifs d'échapper à certaines persécutions durant les premières années du régime hitlérien).

Cette scission créa une vive tension entre Allemands et Polonais.

En septembre 1939, les Allemands envahirent la région et rattachèrent au Reich non seulement l'ancienne Haute-Silésie prussienne mais aussi toute une zone incluant O?wi?cim (Auschwitz) jusqu'aux portes de Cracovie ainsi que l'ancienne Nouvelle-Silésie (Reichsgau Oberschlesien). La population polonaise (minorité) fut sujette à des discriminations (voire des expulsions) si elle ne s'inscrivait pas dans la Deutsche Volksliste, et les Juifs furent massacrés.  

La basse Silésie est maintenant une région de la Pologne, autour de Wroclaw (en allemand, Breslau). Le reste de la Silésie est répartie entre la Pologne (voïvodies d'Opole et de Silésie, la République tchèque et l'Allemagne  (ancien arrondissement de Haute-Lusace basse-Silésie et ville de Görlitz dans l'actuel arrondissement de Görlitz). 

 

La première partie de l'agenda est écrite à l'encre. Pour faciliter la lecture, les éventuelles fautes d’orthographes ont été corrigées. Les mots restés illisibles remplacés par des points : … Les textes en italique sont des commentaires de Périgny Story. 

(Au début de 1944, lorsqu’il écrit quotidiennement ou presque, dans ce carnet, Georges Montrichard est au camp de Wiesau près de Bunzlau.)

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Mois de janvier 1944

1er janvier (samedi) Je me lève à 10h et je casse la croûte. Je mange une livre à peine que j’avais achetée la veille. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. À 18h la soupe … patate et viande. Jusqu’à 5 heures je suis au camp. J’achète un pain de deux kilos. Je vais à la représentation  qu’ont faite les Polonais et je vais à Wiesau boire une bière. Je reviens et remange. Je me couche à 9h. Toute la journée il neige et il fait du vent.

2 janvier (dimanche) Je me lève à 9h½  et je cuis la soupe. De 9h½    à 1h je ne fais rien d’autre que manger souvent. À 1h je vais à la soupe. J’ai des patates et un morceau de viande avec betteraves en salade. Je pars pour l’Odéon1 où il y a théâtre pour les Français. Fin à 9h½. Je vais manger au restaurant. Après je retourne à l’action au café concert. À 10h½ je vais à la manutention chercher du pain. Je me couche à 1h½  Toute la journée grand vent, pluie. 

1 « l’Odéon » était une salle de bal et de concert ouverte à Bunzlau en 1862. Elle s’appelleaujourd’hui « Zodiac ».

3 janvier (lundi) Je me lève à 7 heures. J’embauche à 7h½. Je charge des wagons de sable. À 9 h je casse une croûte et je vends une boule à pain aux juifs et des cahiers à cigarettes. Le tout 20 M. Le soir je quitte le travail à quatre heures. À cinq heures, j’ai une soupe de choux et de pommes de terre beurre et saucisson. Je mange aussi avec le copain la boîte de lapin que j’ai reçue. Je me couche à 9h¼. Toute la journée il a fait du vent et il a plu.

4 janvier (mardi) Je me lève à 7 heures. Je vais vendre du pain aux juifs. Je leur vends également. de … kafo et une livre de farine. Le tout 42 M. J’embauche à 7h½. Je charge des wagons de sable pour faire une petite route. Je quitte ce soir à quatre heures. En arrivant j’allume le feu. À cinq heures je vais à la soupe. J’ai des patates. Après la soupe c’est tard et je me couche il est 9 heures. Presque toute la journée il a neigé et il a fait froid.

5 janvier (Mercredi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au chargement de wagonnets de sable. Toute la journée je fais le même travail. À quatre ou cinq heures j’ai la soupe de rutabaga avec de la farine. Après la soupe je ne fais rien. Je me couche il est 9 heures. Toute la journée il a fait très froid. Toute la journée -6°. Il fait un grand vent et il neige une partie de la journée.

6 janvier (jeudi) Je me lève à 7h et j’emporte du pain aux juifs. Je travaille au chargement de wagonnets de sable comme toujours. J’ai une demie heure à midi. L’après midi, même travail. Je finis à quatre heures et allume le feu en arrivant à la baraque. Je me lave et attends la soupe qui est à cinq heures : j’ai purée de pommes de terre saucisson. Je me couche. Il est dix heures. Toute la journée il a fait froid. Le matin -9°, la journée -1°. Il fait un grand vent et il neige.

7 janvier (vendredi) Je me lève à 7h. À 7h ½ j’embauche et travaille au chargement de wagonnets de sable. Je finis le travail à midi et demi car il fait mauvais temps. L’après-midi, je reste à la baraque. Je lave du linge et fait la cuisine. Des pâtes et un gâteau. J’ai reçu deux cartes de Marcelle. À 5 heures j’ai la soupe de millet. Je vais à la réunion des chefs de chambre. J’écris et me couche à 9½. Toute la journée il a plu et fait mauvais temps.

8 janvier (samedi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je charge des wagonnets de sable. Je finis le travail à 1h½ et j’ai la soupe à 2 h½. Avant, je me nettoie et je me change. Je touche une soupe de rutabagas. Je reste à la baraque jusqu’à 5h. Je vais à Bunzlau et à l’Odéon. Je ramène du pain. Je mange en arrivant. Je me couche à 2h. Toute la journée il a fait froid. Il a neigé.

La salle de l'Odéon à Bunzlau :

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9 janvier (dimanche) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½ et emporte du pain pour les Juifs. Je travaille jusqu’à 9h. Après le casse-croûte je ne retourne pas travailler et je reste à la baraque attendant la soupe qui est à quatre heures. Pendant tout ce temps je ne fais rien. À la soupe j’ai des pommes de terre sauce et un morceau de viande. À 6h je vais en ville. À 9h½  je vais chercher du pain. Je me couche à minuit. Toute la journée il pleut.

10 janvier (lundi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½ et emporte du pain aux Juifs. Je charge des wagons de sable jusqu’à midi et demi. Après la soupe je ne travaille pas. J’ai lavé et mis tremper du linge. J’ai la soupe à 5 heures. J’ai une soupe de rutabagas. Après la soupe je ne fais rien et je me couche à 9h½. Toute la journée il a fait mauvais temps. La matinée il a neigé.

11 janvier (mardi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½ et emporte du pain et de la farine aux Juifs. Jusqu’à 9h je travaille au chargement de wagons de sable. Après le casse-croûte je vais charger du ciment à la firme Walter Vettez. L’après-midi je décharge les wagons de ciment jusqu’à 3h. Jusqu’à 4h je charge des wagons de sable. À la soupe à 5h j’ai des pommes de terre. Après la soupe j’écris à Papa et je me couche à 9h. Toute la journée -2°.

12 janvier (mercredi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au chargement de wagonnets de sable jusqu’à 12h½. Après la soupe je fais le transport de drainage ( ?) jusqu’à 4h. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. À la soupe j’ai des pommes de terre sauce. Après la soupe je vais à Bunzlau et à l’Odéon. À 10h je vais à la manutention et je rapporte du pain. En arrivant à la baraque je mange et me couche à 1h. Toute la journée il a fait froid : -7°. 

L'intérieur de la salle de l'Odéon à Bunzlau :

015 odeon

13 janvier (jeudi) Je me lève à 7h et embauche à 7h½. Je travaille au transport de drains jusqu’à 12h½. Après la soupe je fais du ciment et pose les drains jusqu’à 4h. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. J’ai des pommes de terre et sauce et, travail de force après la soupe, j’écris à la tante Andrée et me couche à 10h. J’ai reçu une lettre de la tante Andrée. Toute la journée il a gelé. Il y avait -7°. Dans le soir le temps se radoucit.

14 janvier (vendredi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille à faire du ciment et à la pose des drains toute la journée. À midi je reçois deux lettres, une d’Anselme et une de Marcelle. Le soir, à la soupe j’ai pommes de terre sauce et saucisson. Dans ma chambre sont arrivés 3 nouveaux camarades dont 2 séminaristes. Après la soupe je ne fais rien et je me couche à 10h. Il n’a pas fait froid de la journée mais il a plu toute la matinée.

15 janvier (samedi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je reviens à la baraque à 8h½ car il fait mauvais temps et qu’il pleut. Jusqu’à midi et demi je ne fais rien ; À la soupe je touche des rutabagas. Je me change et pars en ville à 5h. Je vais à la manutention pour du pain. J’en ramène et me couche à 10h½. Toute la journée il a fait mauvais temps et il a plu. J’ai reçu une lettre de Henri.

16 janvier (dimanche) Je ne travaille pas et je me lève à 9h. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. À la soupe,  je touche des pommes de terre et du pudding. Je pars en ville à 3h. Je vais voir au cinéma s’il y a des places. Je n’en trouve pas. Je vais au Chusten Park et à l’Odéon. À 9h½ je monte à la manutention chercher des pommes de terre. Je me couche à 11h. Toute la journée il a fait assez beau. 

17 janvier (lundi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille à faire du béton et à la pose de drains pour la nouvelle route. Je fais ça jusqu’à 3h de l’après-midi. Jusqu’à 4h je fais des préparatifs pour le coulage du pont que l’on cimente le lendemain. À la baraque de 4 à 5 je ne fais rien. J’ai une soupe de choux et de pommes de terre. Après la soupe je ne fais rien. Toute la journée il a fait beau et pas froid.

18 janvier (mardi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. L’on coule le pont. Moi, comme travail, je suis au ciment. Je le mets dans la benne de la bétonnière. À 3h de l’après-midi un Italien se fait blesser par un monte-charge. Il a une jambe de cassée. De 4 à 5 je ne fais rien. J’ai pommes de terre en sauce. Après la soupe je ne fais rien et me couche à 9h. Toute la journée il a fait beau mais il a gelé la journée.

19 janvier (mercredi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au ciment toute la journée. J’ai appris que l’Italien qui s’était blessé la veille était mort en allant à l’hôpital. Je finis à 4h. De 4 à 5 je ne fais rien, que me raser. Après la soupe, je vais à l’Odéon. De l’Odéon je monte à la manutention et je ramasse du pain pour vendre. Je me couche à minuit. Toute la journée il a fait un beau temps.

20 janvier (jeudi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au ciment. Je mets le ciment dans la bétonnière. Nous coulons un pont1 sur lequel passeront deux lignes de chemin de fer. Je fais cela toute la journée jusqu’à la soupe. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. Après la soupe, je ne fais rien non plus. Toute la journée il a fait beau temps mais un peu de vent et un peu froid.

 1/Peut-être celui-ci ?   … Ou un autre ? (celui-ci est en réalité un viaduc construit dans les années 60 (1860) à Bokslawiec)81497051

 

21 janvier (vendrediJe me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au ciment jusqu’à 11h… À 11h je vais à la ferme Walter chercher 100 sacs de ciment. Après la soupe je décharge les sacs de ciment jusqu’à 4h. De 4 à 5, je ne fais rien. Après la soupe je ne fais rien non plus. Toute la journée il  a fait beau temps mais un peu de vent.

22 janvier (samedi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au ciment jusqu’à 11h. Je travaille à enlever les rails sur le pont pour que l’on puisse faire le ferraillage. Je m’arrête à 1h¼. J’ai la soupe à 2h. Je pars en ville à 5h¼ et je vais au cinéma. Après le cinéma je vais à l’Odéon jusqu’à 9h et je vais à la manutention. Je ramène 4 pains et je me couche à minuit. Toute la journée il a fait beau temps.

23 janvier (dimanche) Je me lève à 7h et vais au chantier vers 8 heures moins le quart. Personne ne travaille que les Juifs et les Italiens. À 8h½ je retourne à la baraque et je travaille à élargir mes pantalons que j’ai échangés aux Italiens contre du pain. J’y travaille jusqu’à midi. Jusqu’à la soupe qui est à 4h je ne fais rien ; Après la soupe je ne fais rien non plus que de lire.

24 janvier (lundi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au chargement d’un camion de bois jusqu’au casse-croûte. Après le casse-croûte je travaille au chargement de wagons de sable jusqu’à la fin de la journée. Jusqu’à la soupe je ne fais rien non plus. Je lis pendant un moment et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau mais il a fait un peu de vent.

25 janvier (mardi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au chargement de wagons de sable jusqu’à 5h. Deux fois dans la journée je décharge un camion de ciment. De 4h jusqu’à la soupe je ne fais rien. J’ai été chercher un colis qui était parti du 20 d’Angoulême. Après la soupe je fais des étagères à mon placard et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau mais il a fait un grand vent.

26 janvier (mercredi) Je me lève à 6h½  et j’embauche à 7h. Je travaille encore au coulage du pont. Pour moi, je fais toujours le ciment. Je fais cela toujours toute la journée. Je quitte le travail à 4h½. À la baraque, jusqu’à la soupe, je ne fais rien. Je me couche à 9h½. Toute la journée il a plu et il a fait du vent.  

27 janvier (jeudi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au coulage du pont. Nous le finissons à 9h. Après le casse-croûte je travaille au décoffrage du pont et à l’arrachage des pointes. Je fais cela toute la journée. Je quitte à 4h. Je ne fais que ça. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. Après la soupe je ne fais rien non plus. Je me couche à 10h½. Toute la journée il a fait beau.

28 janvier (vendredi) Je me lève à 7h et embauche à 7h½. Je travaille au décoffrage du pont et à l’arrachage des pointes.   Je fais cela toute la journée. Je quitte à 4h. Jusqu’à la soupe, je lave du linge en attendant de manger. Après la soupe je ne fais rien comme toujours. Je me couche à 10h. Toute la journée il fait un grand vent.

29 janvier (samedi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. Je travaille au décoffrage du pont et à l’arrachage des pointes. Je travaille jusqu’à 1h. Je mange à 2h et je vais à Bunzlau à 4h. Je vais à l’Odéon jusqu’à 10h. Je vais à la manutention chercher du pain, 4 livres et 2 litres de farine. Je me couche à minuit et demi. Toute la journée il a fait beau.

30 janvier (dimanche) Je ne travaille pas. Je me lève à 9½. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. À 2h je mange. Jusqu’à 5h ½ je reste à la baraque. À 5h½ je vais à l’Odéon. J’y reste avec Damas. J’y reste  jusqu’à 11h. Je monte à la manutention et je ramène 4 livres de pain. En chemin je me fais arrêter par la police mais ils ne me disent rien. Je me couche à 1h du matin. Toute la journée il a plu et fait du vent.

31 janvier (lundi) Je me lève à 7h et j’embauche à 7h½. J’arrache des pointes aux planches de coffrage du pont. Je travaille pendant une demi heure. De 8 à 10, je reste à la baraque sur le chantier. Le chef nous envoie à la baraque car il pleut. De toute la journée au camp je ne fais rien. Après la soupe, je vais à la réunion des chefs de chambre. Je me couche à 10h. Il pleut toute la matinée. Après il fait beau.

 Récapitulation de janvier

Tout le mois de janvier a été en général très doux. Il n’a pas gelé. Quant au travail, toujours très régulier ; Au 31 janvier nous faisons 9h par jour.

 

Mois de février 1944

1er février (mardi) Je me lève à 6h et embauche à 7h. Je travaille au décoffrage du pont et à l’arrachage des pointes et au transport du bois. Je fais cela jusqu’à 5h. À la soupe, j’ai 4 patates. Après la soupe je fais deux lettres et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait du vent.

2 février (mercredi) Je me lève à 6h et embauche à 7h. Je travaille au décoffrage, à l’arrachage des pointes aux planches. Je fais ça jusqu’au casse-croûte. Après je travaille à niveler la nouvelle route qui passera sous le pont. Je fais ça jusqu’à 5h, jusqu’à la soupe je ne fais rien. Après je vais à Bunzlau et à l’Odéon puis je monte à la manutention. J’emporte 2,4 litres de farine. Je me couche à minuit. Toute la journée il a fait beaucoup de vent.

3 février (jeudi) Je me lève à 6h30 et embauche à 7. Je travaille à la route et au chargement des wagons. Je fais ça toute la journée jusqu’à 5h. Jusqu’à la soupe au camp, je ne fais rien. La soupe, quatre patates avec un peu de sauce. Après la soupe je ne fais rien qu’une partie de belote et je me couche à 10½. Toute la journée il fait beau mais un grand vent.

4 février (vendredi) Je me lève à 6h30 et embauche à 7. Je travaille à la route et au chargement des wagons de sable. Je fais ça toute la journée. Deux Italiens se font arrêter pour vol de pommes de terre. À la soupe j’ai une sorte de graine avec farine et sucrée mais bonne. Après la soupe je fais une belote jusqu’à 10h et je me couche. Toute la journée il fait beau mais du vent … ou il neige et il gèle la nuit.

5 février (samedi) Je me lève à 6h30 et embauche à 7. Je travaille au démontage d’une baraque à ciment. Je fais ça jusqu’à 1h ½ après la soupe qui était à 2h. Je ne fais rien jusqu’à 4h où je pars en ville et vais à l’Odéon. Il y a une représentation théâtrale faite par la troupe de l’amicale. On joue « Bichon 1 ». Je reviens à 11h et je me couche à minuit. Le matin il a neigé et la journée il a  fait beau temps mais il a gelé. 1 « Bichon » est la pièce la plus connue de Jean de Létraz. Elle a été créée le 3 mai 1935 au théâtre de la Michodière. C’est un vaudeville en 3 actes dont voici l’argument : Augustin est le secrétaire dévoué d’un fabricant de bicyclettes, Edmond Fontanges, autoritaire, bougon, brouillon mais fort brave homme. Fontanges ne peut se passer d’Augustin qui connaît toute la comptabilité et met de l’ordre dans ses affaires. Augustin est amoureux de Christiane, la ravissante fille du patron, amour partagé et sans espoir car l’industriel rêve de marier sa fille à un associé très riche, Gambier, qui frise la cinquantaine et possède une grande partie des actions de son usine. Pour arriver à ses fins, la jeune fille a une idée : faire croire à son père qu’elle attend un enfant d’Augustin. Ainsi Fontange devra les marier le plus vite possible. Cette belle illusion est dissipée rapidement par une colère effroyable du père qui entend ne pas céder au chantage. C’est le point de départ de la déchéance d’une famille étriquée et bourgeoise des années 30. Les personnages peuvent y paraître dérisoires par leur attachement aux principes, noircis par leur comportement, même s’ils sont émouvants dans leurs faiblesses.

6 février (dimanche) Je ne travaille pas. Je me lève à 9h et ne fais rien jusqu’à 11h ou je monte à la manutention avec une veste et 2 bleus de travail. À une heure j’y mange et je reviens à 3h en ramenant 4 livres de pain. Je prends la soupe. Après la soupe, à 7h, je vais à Wiesau au café, boire un coup de bière. Je me couche à 10 h. Toute la journée il a fait à peu près beau et du vent.

7 février (lundi) Je me lève à 6h30 et embauche à 7. Je travaille à enlever la terre de dessus le remblai. Je ne fais pas toute la journée. Je quitte le travail à 5h. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. Après la soupe je fais une belote et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau et soleil mais le matin il avait gelé. Il y avait -7°.

8 février (mardi) Je me lève à 6h30 et embauche à 7. Je travaille à enlever la terre au  remblai. Je travaille jusqu’au casse-croûte. Après le casse-croûte, je reste à la baraque sur le chantier car j’ai un mal de tête fou. Je quitte le chantier à midi et demi et je reviens au camp où je passe le reste de la journée. L’après-midi je me couche jusqu’à la soupe. Après la soupe je ne fais rien et me couche à 9h. Toute la journée il a neigé.

9 février (mercredi) Je ne travaille pas car j’ai encore mal à la tête. Je me lève à 10h. Jusqu’à midi je lis. J’ai aussi été porter du tissu pour me faire des chemises. J’ai reçu deux lettres, une de la tante Andrée et une de la tante Adrienne. Après midi je me couche jusqu’à la soupe. Le soir, après la soupe je ne fais rien et me couche à 9h. Toute la journée il a fait très mauvais temps. Il a neigé beaucoup et fait du vent.

10 février (jeudi) Je ne travaille pas et me lève à 8h car j’ai mal de tête et mal aux dents. Jusqu’à la soupe de midi je ne fais rien. Je ne fais rien après-midi jusqu’à la soupe du soir. Je ne fais rien non plus après la soupe. Je me couche à 4h. Toute la journée il a fait froid et il a neigé.

11 février (vendredi) Je ne travaille pas et je me lève à 9h. Toute la journée je ne fais rien. À quatre heures le SS vient à la chambre et me demande pourquoi je ne travaille pas. Il veut m’envoyer à l’infirmier et je fais semblant d’y aller et je retourne au camp. Après la soupe je ne fais rien et je me couche à 9h½. Toute la journée il a fait froid, il a neigé.

12 février (samedi) Je travaille. Je me lève à 6h½et j’embauche à 7h. Je travaille à arracher des pointes aux planches des coffrages. Je fais ça jusqu’à 1h½. Après la soupe, je vais à Bunzlau. À 6h, je vais à l’Odéon. J’y reste jusqu’à 10h et vais à la manutention. Je ramène 5kg de pain et 2 kg de farine. Je me couche à minuit. Toute la journée il a fait froid et il a un peu neigé.  

13 février (dimanche) Je ne travaille pas. Je me lève à 9h. Jusqu’à la soupe qui est à 1h je ne fais rien. Après la soupe je vais à Bunzlau et à l’Odéon. Il y a une représentation théâtrale faite par la troupe de l’amicale de Leignitz. Ça finit à 5h½. Après je reste au café concert à l’Odéon toujours jusqu’à 8h et je reviens au camp. Je soupe et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait froid et il a neigé.

14 février (lundi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h. Je travaille à arracher des pointes aux planches de coffrage. Je fais ça jusqu’à la soupe et je demande une feuille pour aller au dentiste. L’après-midi je vais au dentiste mais on me donne un rendez-vous car il y a trop de monde. Après, jusqu’à la soupe je ne fais rien. Après la soupe j’ai mal aux dents et je me couche à 9h. Toute la journée il a fait froid.

15 février (mardi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h. Je vais à la gare à Bunzlau chercher un fût de peinture. Je reviens il est 10h. Je vais à la baraque et me couche jusqu’à la soupe car j’ai mal aux dents. Après la soupe j’arrache les pointes aux planches. À 4h je décharge un camion de sacs de ciment. À 4h½ je vais au camp où je ne fais rien. Toute la journée il a fait froid.

16 février (mercredi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h. Je travaille à arracher des pointes aux planches. Je fais ça toute la journée. Après la débauche je ne fais rien. Après la soupe aussi. Je me couche à 10h. Toute la journée il a fait froid, le matin, moins.

17 février (jeudi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h. Je reste à la baraque sur le chantier jusqu’à 9h. Le chef nous envoie au camp où moi,  je passe le reste de la journée et ne fais rien. Le soir, je me couche à 10h. Une partie de la journée, il a gelé et neigé.

18 février (vendredi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h. Je reste à la baraque sur le chantier jusqu’à 11h. Après nous allons décharger du ciment à la ferme Wallis /Vetter. Nous finissons à 11h et nous avons le reste de la journée pour nous. Je reste au camp et je ne fais rien et me couche à 10h. Toute la journée il a neigé et toute la nuit. 15cm de neige, -10°.

19 février (samedi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h. Je reste à la baraque sur le chantier jusqu’à 8h. Après 8h, je retourne au camp où je passe le reste de la journée. Le soir, après la soupe, je vais à un concert fait par les Tchèques. Je me couche à minuit. Le matin, -10°, la journée, -5°.

20 février (dimanche) Je ne travaille pas et me lève à 10h. Je ne fais rien et me recouche sur mon lit jusqu’à la soupe qui est à 3h½. Après je me rase et ne fais rien de plus. Le soir je me couche à 9h avec une grosse fièvre. Toute la journée il a fait froid.

21 février (lundi) Je ne travaille pas. Je vais voir l’infirmier à l’usine qui me reconnaît (« reconnaît que je suis malade ») pour mon rhume. Je passe toute la journée couché à l’infirmerie. Après la soupe, je ne fais rien et me couche à 9h. Toute la journée il a fait froid. L’entreprise a travaillé toute la journée.

22 février (mardi) Je ne travaille pas. Je vais voir le sanitaër qui me reconnais et me dit d’aller au docteur demain. Je prends une feuille de maladie et retourne au camp où je passe la journée à l’infirmerie. Après la soupe, je vais à la réunion des chefs de chambre pour organiser une soirée. Je me couche à 9h½. Toute la journée il a fait froid : -2°.

23 février (mercredi) Je ne travaille pas. Je vais à l’infirmerie à 7h. À 7h½, Je prends l’autobus et vais au docteur. Il me reconnaît malade avec la grippe. Je le quitte à 9½. Je vais au pharmacien et retourne au camp. À 2h je vais au dentiste. Il n’y a personne. Je retourne au camp il est 4h. Jusqu’à ce que je me couche, je ne fais rien. Il a fait très froid : -15° à 7h le matin. Dans la journée il fait plus doux.

24 février (jeudi) Je ne travaille pas. Je reste à la chambre où je lis une partie de la journée. Je me couche à 9h1/2La journée il a fait très froid. Le matin il fait -12°. Dans le jour, le temps se radoucit un peu.

25 février (vendredi) Je ne travaille pas de la journée. À 8h½  je vais à l’infirmier. Le reste de la journée je ne fais rien le matin. L’après-midi je m’occupe à changer de chambre et fais une lettre. Je me couche à 10h. De la journée il n’a pas fait trop froid.

26 février (samedi) Je ne travaille pas. Je me lève à 8h. Je passe toute la journée à la baraque et je ne fais rien. Je me couche à 9h. Il n’a fait pas trop froid dans la journée.

27 février (dimanche) Je ne travaille pas. Je me lève à 9h. Jusqu’à 3h½ je ne fais rien. Après je vais en ville et au cinéma. Je vois jouer Gabriele Dambrone 1. Je vais à l’Odéon et me couche à 10h. Toute la journée il fait froid.

1 « Gabriele Dambrone » est un film allemand de Hans Steinhof (un des principaux cinéastes du Régime nazi, au service de Goebbels), sorti en 1943. Ce mélodrame raconte l’histoire d’une couturière viennoise (Gabi) qui voulait épouser un aubergiste. Mais celui-ci se marie avec une autre. Gabi devient alors modèle pour un peintre qui tombe amoureux d’elle mais la délaisse bientôt après quelques temps de bonheur pour revenir dans sa famille. Désespérée, Gabi se dresse alors devant la pierre tombale de la jeune artiste Gabriele Dambrone, pour imiter sa mort par chagrin d’amour. Finalement, elle décide de se reprendre en mains et de réaliser son rêve : devenir actrice.

Le film était bien sûr en allemand et accompagné d’actualités destinées aux spectateurs allemands.

 0002156 gabriele dambrone 1943

28 février (lundi)

Je ne travaille pas. Je vais à l’infirmerie à 7h et je prends l’autobus pour aller au docteur. Le docteur me reconnaît et me dit de rester à la baraque. Je vais au pharmacien et reviens au camp à 10h. Jusqu’au soir, je ne fais plus rien et je me couche à l’infirmerie à 4h.

De la journée il n’a pas fait trop froid mais un peu de vent.

 

29 février (mardi)

Je ne travaille pas. Je me lève à 10h et me rase, me nettoie et me change pour aller au docteur à 1h. Je passe la visite que le soir à 5h et il me donne quatre jours de repos. Je vais à la caisse de maladie et reviens au camp à 6h½. Je me couche à 9h à l’infirmerie. Toute la journée il a fait soleil et pas froid.

Récapitulation de février

Montrichard Georges

Betriebslager Wiesau

Bunzlau

Niederschlesien

Deutschland

 

 

Mois de mars 1944

 

1er mars (mercredi)

Je ne travaille pas. Je me lève à 9h et ne fais rien de la journée. Le soir, je reçois deux lettres, une de Papi, une de Marcelle. Je me couche à 9h. Toute la journée il a fait froid et un peu neigé.

2 mars (jeudi) Je me lève à 8h. De toute la journée je ne fais rien. Le soir, je reçois une lettre de Jean. Je lis et me couche à 9h. Toute la journée il a fait froid et grand vent. À 4h, pendant 1h, il y a eu une tempête de neige.

3 mars (vendredi) Je ne travaille pas et me lève à 9h. De toute la journée je ne fais rien et je me couche à 9h. Dans ma journée, j’ai un peu lu. Il a fait beau toute la journée et fait soleil mais il a fait un peu froid.

4 mars (samedi) Je ne travaille pas et me lève à 9h. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. Après je me rase et me nettoie et me change et je vais à Wiesau. À 4h je vais à Bunzlau et au cinéma « Connelli ». Après le cinéma je retourne à Wiesau au café et je me couche à 11h½. Toute la journée il a fait soleil mais il a fait froid.

5 mars (dimanche) Je ne travaille pas et je me lève à 9h. Jusqu’à la soupe qui est à 4h je ne fais rien d’autre que de lire. Après la soupe qui est à 4h je ne fais rien d’autre que de lire. Après la soupe, j’écris, je lis un peu et je me couche à 9h. Toute la journée il a fait beau et il ne fait pas froid.

6 mars (lundi) Je ne travaille pas mais je me lève à 6h½. Je vais à l’infirmier de ( ?). Je prends l’autobus et je vais au docteur. Je ne suis plus reconnu (« reconnu malade ») et je dois travailler. Je vais à la caisse de maladie et touche 22 M. Je reviens au camp il est 1h½. Je ne fais rien de tout le reste de la journée. Je reçois un colis du 31 janvier. Je me couche à 9h. Toute la journée il a fait beau.

7 mars (mardi) Je ne travaille pas et me lève à 9h. Jusqu’à midi je travaille à raccommoder  un peu de linge. Après la soupe, je pars à 1h½ et je vais au dentiste. Depuis 2h que j’y suis, je ne passe qu’à 4h½. Je me fais arracher une dent et reviens au camp par l’autobus. J’arrive à 5h. Après la soupe, je ne fais rien et me couche à 9h½. Toute la journée, temps couvert et un peu froid et du vent. Vers 7h le soir il se met à pleuvoir.  

8 mars (mercredi) Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Je travaille toute la journée à l’arrachage des pointes des planches de coffrage. Au camp je ne fais rien jusqu’à ce que je me couche à 9h½. Toute la journée il a fait froid. On a eu une alerte qui a duré de 2h½ à 3h¼.  

9 mars (jeudi) Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Je travaille au béton. Moi, je charge les wagons de sable. Je fais ça jusqu’à 5h. Je mets des planches en lots. Après 5h, jusqu’à ce que je me couche, je ne fais rien. Dans la journée l’après-midi on a eu une alerte qui a duré de 3h à 3h¼. (Cette phrase est écrite puis biffée sur le carnet). Je me couche à 10h. Toute la journée il a fait froid et du vent. 

10 mars (vendredi) Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Je travaille au chargement de wagonnets de sable car l’on fait encore du béton. On y travaille jusqu’à 2h½ de l’après-midi, après on travaille à débarrasser des planches pour pouvoir remblayer le pont. Au camp je ne fais rien et me couche à 10h. Toute la journée il a fait un peu froid et du vent.

11 mars (samedi) Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Je travaille à l’arrachage des pointes des planches de coffrage. Je travaille jusqu’à midi. Au camp je fais mes valises et change de baraque. Je mange à 2h½, après, je m’installe à la nouvelle chambre et finis à 4h. Après je ne fais plus rien jusqu’à ce que je me couche. Toute la journée il a fait froid. Tout l’après-midi il a neigé. 

12 mars (dimanche) Je ne travaille pas et me lève à 11h. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. Je mange à 2h. Jusqu’à 5h½ je ne fais rien. Je vais faire un tour au café et j’en reviens à 7h. Je vais cuire des pâtes et mange à 8h. De 3 à 4h je fais du ping-pong et j’écris. De 8 à 10 je me couche et ne fais rien. Toute la journée il a neigé et il a fait froid.

13 mars (lundi) Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Seulement je ne travaille pas car il fait mauvais temps. Je retourne à la baraque où je ne fais rien de la journée. Je me couche à 10h½. Toute la journée il a neigé et plu. Il ne fait pas trop froid.

14 mars (mardi) Je reçois un colis du 14-2. Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Seulement je ne travaille pas car il fait mauvais temps. Je ne travaille que 2h, de 9 à 11h au chargement d’un wagon et à la baraque je ne fais rien du reste de la journée. Je me couche à 10h. Une partie de journée il a neigé mais pas froid.

15 mars (mercredi) Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Je travaille à démonter la voie ferrée et le pont de bois qui la soutenait et sur lequel on décharge du sable. Je fais ça toute la journée et le transport du bois. À la baraque je ne fais rien et me couche à 10h. Toute la journée il a fait assez beau. Dans la matinée il a neigé.

16 mars (jeudi) Je me lève à 6h / et embauche à 7h. Je travaille 2h au transport des bois. Après le casse-croûte je travaille au chargement d’un wagon. On charge de la ferraille de coffrage. Je m’arrête à 11h car je suis malade. À la baraque je ne fais rien. Je me couche le reste de la journée et ne mange pas du tout. Je me recouche à 7h. Toute la journée il a fait à peu près beau. La matinée, pendant 2h il a neigé.

17 mars (vendredi) Je me lève à 6h½ et me rase. Je me change et vais à l’infirmier à 7h. De là, je prends l’autobus et vais au docteur. J’arrive à 8h  et passe la visite à 9h et je suis reconnu pour 3 jours (mal d’estomac). Je reviens au camp et arrive à 10h½. Le reste de la journée je ne fais rien et je me couche à 11h. Toute la journée il a neigé et ma firme n’a pas travaillé.

18 mars (samedi) Je ne travaille pas et me lève à 8h. À 9h je mange, après je lis pendant 2h, j’écris à la famille et après je vais me laver et je mange à 2h. Après la soupe je ne fais rien jusqu’à ce que je me couche. Je me couche à 10½. Toute la journée il a fait mauvais temps, il neige et fait du vent.

19 mars (dimanche) Je me lève à 9h et je ne travaille pas de la journée. Jusqu’à 4h qu’est la soupe je ne fais rien. Après la soupe je ne fais rien non plus. Je me couche à 10h. Toute la journée il a fait mauvais temps, il neige par rafales et il fait du vent.

20 mars (lundi) Je me lève à 7h et je me change. Je vais au sanitärer (infirmier). De là je prends l’autobus et arrive à Bunzlau à 7h½. Je vais au docteur. Je passe à 10h½. Je ne suis pas reconnu. Je retourne au camp il est 11h. Tout le reste de la journée je ne fais rien. Je me couche à 10h. Toute la journée il ne fait que neiger et il fait du vent. 

21 mars (mardi) Je me lève à 7h et je vais embaucher. Je reste à la baraque car il neige. On ne peut pas travailler. Après 9h le chef nous envoie à la baraque. L’après-midi je vais au dentiste. Je passe à 4h. Je me fais soigner une dent que j’ai à plomber. Je reviens au camp à 4h½. Je ne fais rien jusqu’à ce que je me couche. Toute la journée il neige et fait mauvais temps.

22 mars (mercredi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h. Je reste à la baraque car il ne fait que neiger après 9h. Je retourne au camp de 10h½ à midi. Je joue au ping-pong. L’après-midi je ne fais rien jusqu’à la soupe du soir. Après la soupe je me couche à 11h. J’apprends à jouer au poker. Toute la journée  il a fait mauvais temps.

23 mars (jeudi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h mais je reste à la baraque sur le chantier car il fait très mauvais temps. À 9h on retourne au camp où je ne fais rien de la journée. Après la soupe le soir je joue au baccara et je gagne 15M. Je me couche à minuit. Toute la journée il a neigé et fait du vent.

24 mars (vendredi) Je me lève à 6h½ et embauche à 7h mais je reste à la baraque sur le chantier. À  9h je reviens au camp. De toute la journée je ne fais rien. L’après-midi j’ai mon colis et je lis jusqu’à la soupe. Après la soupe, je joue au baccara et perd 1,50M et au petit paquet je me couche à minuit. Toute la journée il neige et fait très mauvais.

25 mars (samedi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille une demi-heure et reste une dernière heure à la baraque sur le chantier car il fait très mauvais. À 8h je retourne au camp pendant une demi-heure je joue au petit paquet et petit 2nC. Après je ne fais rien jusqu’à la soupe. L’après-midi je ne fais rien. Le soir je joue au baccara et perd 25 MToute la journée il a fait beau.

26 mars (dimanche) Je ne travaille pas et je me lève à 8h. Le matin je vais au cinéma dans le camp. L’après-midi je fais du ping-pong pendant 3h. J’ai gagné toutes les parties. Le soir, de 6 à 7h je joue aux cartes et je mange à 8h½ et je me couche à 10h½. Toute la journée il a neigé mais il n’a pas fait froid. 

27 mars (lundi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au démontage d’un échafaudage. Je fais ça jusqu’à 10h. Après je travaille à l’arrachage des pointes des planches et je fais ça tout le reste de la journée. Le soir au camp je ne fais rien et je me couche à 10h. Toute la journée il fait mauvais temps.

28 mars (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Le matin je travaille à mettre du bois en ordre. L’après-midi je me change et vais au dentiste à 2h½. Je passe à 4h. Je reviens au camp à 4h½. Toute la journée il a fait mauvais temps et il a neigé. 

29 mars (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille tout le matin au chargement d’un camion de bois. L’après-midi je travaille au démontage de monte-charge. Au camp je ne fais rien. Après la soupe je ne fais rien et me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau mais pas de soleil.

30 mars (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au démontage d’un monte-charge. Toute la journée je fais ça. Au camp je ne fais rien. Après la soupe je fais une polince et je me couche à 10h après avoir joué au baccara ; J’ai perdu 20MToute la journée il a fait beau et soleil.

31 mars (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au démontage d’un monte-charge. Je fais ça toute la journée. Après la soupe je vais à la cantine et je joue au ping-pong jusqu’à 11h. Toute la journée il fait très beau et soleil. Le matin il fait froid.

 Récapitulation de mars

Je reçois un colis le 6 –du 31 janvier.

Je reçois un colis le 14 du 14 février.

Je reçois un colis le 24 du 28 février.

Je reçois deux lettres de Marcelle.

Je reçois deux lettres de Papa.

Je reçois une lettre de Jean.

 

 

Mois d’avril 1944

1er avril (samedi) Je me lève à 7h et embauche à 7h½. Je travaille au démontage de l’échafaudage et du monte-charge. L’après-midi je n’ai rien à faire. Si, j’ai joué au ping-pong pendant 2h. Après souper le soir je n’ai rien fait et je me couche à 11h. Toute la journée il a fait mauvais temps et il a neigé. Je ne travaille pas et je me lève à 8h.2 avril (dimanche) De toute la journée je ne fais rien. Le soir vers 8h je fais un peu de ping-pong et je me couche à 11h. Toute la journée il a fait beau et beau soleil.

3 avril (lundi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au démontage du monte-charge et d’un échafaudage et à l’empilage du bois. Je fais cela toute la journée. Au camp je ne fais rien du tout et je me couche à 11h.Toute la journée il a fait beau et fait soleil. 

4 avril (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au transport et à l’empilage du bois. Je travaille jusqu’à 4h¼ et je quitte la ferme Croïner pour retravailler à la Walter Vetter. Au camp je ne fais rien avant la soupe ; Après je fais un ping-pong et je me couche à 11h. Beau temps toute la journée.

5 avril (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je commence à la Walter Vetter. Je travaille toute la journée à ranger du bois et mettre en tas. Après le travail, au camp, je ne fais rien et je me couche à 10h½. Toute la journée il a fait très beau et soleil mais il a fait beaucoup de vent.

6 avril (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au transport du bois et je le mets en ordre. Je ne fais ça que la matinée. L’après-midi je travaille au ciment. Je charge le sable dans la bétonnière. Je fais cela jusqu’à 5h. Au camp, je ne fais rien. Je me couche à 10h.Toute la journée il a fait beau. 

7 avril (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Toute la journée il a fait beau.Toute la journée je travaille au béton. J’arrange le sable dans la benne de la bétonneuse. L’après-midi je remonte une partie du coffrage qui s’était effondrée. On fait ça pendant 4h e ton recommence le béton à 4h. On finit à 5h¼.

8 avril (samedi) Je ne travaille pas et je me lève à 8h. Jusqu’à la soupe je ne fais rien. Après la soupe, je vais à Bunzlau. À 6h je vais à l’Odéon et y reste jusqu’à 11h. Je vais aussi au Chusten Parck. Je reviens au camp et je me couche à minuit. Toute la journée il a fait très beau.

9 avril (dimanche) Je ne travaille pas et je me lève à 8h. Je vais au cinéma à Bunzlau. Je vais voir jouer « Mariage de chiffon 1 » ; Après le souper je retourne à Bunzlau et à l’arrivée je reste longtemps à faire un tour en ville. À 7h je vais à l’Odéon et je quitte à 11h. Je ramène un saucisson. Je me couche à minuit. Il a fait beau.

1 Le Mariage de Chiffon est un film français de Claude Autant-Lara sorti en 1942, inspiré du roman éponyme de Gyp (nom de plume de la comtesse de Martel). Odette Joyeux y incarne une jeune aristocrate excentrique, surnommée « Chiffon », qui a du mal à se plier aux conventions sociales de son milieu. Veuve, sa mère (Suzanne Dantès) voudrait se remarier avec un riche militaire noble. Sans s’en rendre compte, Chiffon est amoureuse de son oncle, pionnier de l’aviation ruiné…

Th

10 avril (lundi) (férié = lundi de Pâques)  Je ne travaille pas et je me lève à 8h et je vais au cinéma au camp ; je reste une demi-heure. Je vais au café à Wiesau. Après je ne fais rien jusqu’à la soupe. Après je vais à Bunzlau et à l’Odéon et au Chuster Parck. J’y reste de 5h à 11h. Je reviens au camp et je mange. Je me couche à minuit et demi.Toute la journée il a fait beau. 

11 avril (mardi) Je me lève à 7h et embauche à 9h½. Je travaille au transport de bois jusqu’à 11h. Après je travaille au décoffrage du mur. Je fais ça jusqu’à 5h. Après la soupe je vais faire un tour au café à Wiesau. Je rentre au camp à 11h et je me couche à 11h¼ après avoir écrit une poste-carte. La journée il a fait beau mais il a fait un peu d’orage.

12 avril (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au transport du bois et à le mettre en ordre. Je fais cela jusqu’à 1h. Je rentre au camp ; Je me change et je vais au dentiste. De 3h, je passe à 5h¼. Après je vais à la manutention et j’ai de la farine et une sauce. Je reviens au camp à 7h½ et je ne fais rien jusqu’à ce que je me couche. A 11h.  Il a fait beau.

13 avril (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au décoffrage du mur que l’on a coulé le vendredi. Je fais cela toute la journée avec l’arrachage des pointes. Au camp avant la soupe je vais au café à Wiesau et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait très beau.

14 avril (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille au transport du bois et du marquage ; je fais cela toute la journée. Jusqu’à la soupe, au camp, je ne fais rien. Après la soupe je vais au café à Wiesau et je fais une lettre et je me couche à 11h. Toute la journée il a fait très beau mais il a fait du vent. 

15 avril (Samedi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à l’empilage du bois. Je fais cela jusqu’à 11h. L’après-midi je vais à Bunzlau et le soir je vais à l’Odéon. J’y reste jusqu’à 11h et je me couche à minuit. Toute la journée il a fait beau et soleil.

16 avril (dimanche) Je ne travaille pas. À 8h je vais au café à Wiesau jusqu’à 10h. Je retourne au camp et je ne fais rien jusqu’à la soupe. Après la soupe, je vais encore à Wiesau et  à 5h je vais à Bunzlau et à 7h à l’Odéon. J’y reste jusqu’à 10h½ et je me couche à 11h½.Toute la journée il a fait beau et soleil.  

17 avril (lundi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Jusqu’à 11h je mets des planches en ordre et je les marque. Après 11h et jusqu’à 5h je crible du sable. Après la soupe, je vais à Bunzlau et au café. J’en pars à 9h et arrive au camp à 10h. Je me couche à 11h. Toute la journée, il a fait assez chaud.

18 avril (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Jusqu’à 11h je mets les planches en ordre et les marque. De 11h jusqu’à 5h le soir je travaille à cribler du sable. Après la soupe je vais à Bunzlau et au théâtre de variétés fait par une troupe de Français. Je prends la garde de 2h à 6h. Je ne me couche pas de la nuit.

19 avril (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à cribler du sable. Je fais cela toute la journée. Le soir, après la soupe, je vais à Bunzlau puis à la manutention pour de la farine. Je reviens au camp à 11h et je me couche à minuit. Toute la journée il a fait beau.

20 avril (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à cribler du sable. Je fais cela toute la journée.Au camp, je ne fais rien jusqu’à ce que je me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau.

21 avril (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à cribler du sable. Je fais cela toute la journée. Au camp, je ne fais rien jusqu’à ce que je me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau.

22 avril (samedi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à cribler du sable. Je fais ça jusqu’à 11h. L’après-midi je vais à Bunzlau à 4h ; je vais à l’Odéon et au Chustenpark. Je reviens au camp à 11h et je me couche à minuit. Toute la journée il a fait beau.

23 avril (dimanche) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à rouler des wagonnets de béton. Je travaille jusqu’à 11h. L’après-midi je pars à Bunzlau à 6h½ et vais à l’Odéon. Puis je vais à un autre café après l’hôpital. Je reviens au camp à 11h. Je me couche à minuit après avoir mangé. Toute la journée il a fait beau.

24 avril (lundi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à rouler des wagonnets de béton. Je fais cela toute la journée. Le soir je vais à Bunzlau pour chercher de la farine. J’en ramène 5kg. Je reviens au camp à 9h et j ‘écris et je fais une bouillie et puis je me couche à 11h.Toute la journée il a fait beau.

25 avril (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à rouler des wagons de béton. Je fais cela jusqu’à 10h. De 10h à midi je fais des panneaux. L’après-midi je fais du béton jusqu’au soir à 5h. Au camp je ne fais rien. Je vais au coiffeur à 7h. À 8h je fais une bouillie et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait à peu près beau.

26 avril (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à rouler des wagons de béton. Je fais cela toute la journée. Le chef me dit que je change de ferme et je vais à la ferme Wallet. Après la soupe le soir, je vais à Bunzlau pour du ravitaillement. Je reviens au camp à 10h et je me couche à 11h. Toute la journée il a fait beau. 

27 avril (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je commence ma première journée à la ferme Wallet. Je travaille à faire des coffrages. Je fais cela toute la journée. Après la soupe au camp, je ne fais rien. Je vais au café à Wiesau et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau.

28 avril (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. La journée je travaille à faire du coffrage. Le soir au camp, après la soupe, je ne fais rien. Je ne vais même pas au café et je me couche à 10h.

29 avril (samedi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à débarrasser des planches. Je fais cela jusqu’à 1h½. Après la soupe je vais au café à Wiesau puis à Bunzlau et je vais un peu à l’Odéon. J’en reviens à 10h et je me couche à 11h.Toute la journée il a fait beau.

30 avril (dimanche) Je me lève à 8h et je vais au café à Wiesau. Après midi je fais une partie de ping-pong. Après la soupe je vais au café à Wiesau et voir un match de football entre Français et Tchèques. Après je vais à Bunzlau et à l’Odéon. Je reviens à 10h et me couche à 11h. Toute la journée il fait beau.

 Récapitulation d’avril

Je reçois un colis le 13 du 13-3

Je prends la garde le 18 de 2 à 6h

Je reçois un colis le 21 du 27-3

Je reçois 4 lettres de Marcelle.

Je reçois 5 lettres de Papa.

 

 

Mois de mai 1944

 1er mai (lundi) (fériéJe ne travaille pas. Je me lève à 9h et je vais au café à Wiesau jusqu’à 10h. L’après-midi je vais voir le football à Wiesau puis je vais à Bunzlau et à l’Odéon et j’y reste jusqu’à 11h. Je reviens au camp à 11h½ et je me couche à 1h½. Toute la journée il a fait beau.

2 mai (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h à débarrasser du bois. Je fais cela jusqu’à 11h. Après j’arrache des pointes et après la soupe le soir, je vais à Bunzlau pour du ravitaillement mais je n’ai rien eu. Je reviens au camp puis je vais à Wiesau au café. Je me couche à 11h. Toute la journée il a fait beau.

3 mai (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Toute la journée je travaille à faire un échafaudage. Je fais ça toute la journée. Après la soupe le soir à 8h, je vais à Bunzlau et à l’Odéon. Je reviens à 11h½ et me couche à minuit. Toute la journée il a fait beau.

4 mai (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire un échafaudage.  Je fais cela toute la journée ; Le soir au camp, je ne fais rien. Je ne fais qu’une lettre pour mes parents. Je me couche à 10h½. Je reçois un colis qui était parti le 1er avril. Toute la journée il a fait très froid.

5 mai (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h.

6 mai (samedi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire un échafaudage pour les maçons. Je fais cela jusqu’à la débauche à 1h. Après la soupe, je me rase et je me change. Je vais à Bunzlau. Le soir, je vais à l’Odéon et j’y reste jusqu’à 11h. Je reviens au camp et je me couche à minuit. Toute la journée il a fait beau.

7 mai (dimanche) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h.Je travaille à la construction d’échafaudage pour coffrage. Je fais cela jusqu’au soir à 4h. Au camp, je ne fais rien. Le soir, je vais faire un tour au café à Wiesau le soir à 9h. Je me couche à 10h½. Toute la journée il a fait très froid. 

8 mai (lundi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à la construction d’échafaudage pour coffrage. Je fais ça toute la journée. Le soir, au camp, je ne fais rien. À 9h je vais au café à Wiesau et je me couche à 10h.

9 mai (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Toute la journée je travaille à la construction d’échafaudage pour coffrage. Après la soupe, le soir, je vais à Bunzlau pour du ravitaillement ; J’ai du pain. Je reviens et je me couche à 10h½.Toute la journée il a fait beau.

10 mai (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Avant le casse-croûte je refais un échafaudage. Après je fais un coffrage jusqu’au soir à 4h. Après 4h je ne fais rien jusqu’à la débauche. Après la soupe je ne fais rien. Je vais au cinéma et je me couche à 10h.Toute la journée il fait très beau.

11 mai (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Jusqu’à midi j’ai tracé l’emplacement pour un bâtiment. L’après-midi je renforce un échafaudage et après je fais un petit coffrage jusqu’à la débauche. Au camp, après la soupe, je fais un ping-pong pendant deux heures et puis je vais au café. Je me couche à 11h.  Toute la journée il a fait très beau.

12 mai (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h.  Toute la journée il a fait très beau.Je travaille à faire du coffrage. Je fais cela toute la journée. De retour au camp, je ne fais rien jusqu’à la soupe. Je vais à Wiesau au café et je me couche à 11h.

13 mai (samedi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire des coffrages pour poteaux. Je fais cela jusqu’à 1h. Après la soupe, je vais à Bunzlau et à l’Odéon et je reviens au camp à 11h et me couche à minuit.Toute la journée il a fait très beau. 

14 mai (dimanche) Je me lève à 8h½ et je vais au café à Wiesau. J’y fais un billard et je vais à Bunzlau à 10h½ pour du ravitaillement mais je n’ai rien. Après la soupe, je retourne au café à Wiesau puis au terrain de football. Puis je retourne à Bunzlau. J’y reste jusqu’à 11h. J’ai été pour la 1ère fois au Waldchlun. Je me suis couché à minuit.

15mai (lundi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire un coffrage. Je fais cela toute la journée. De retour au camp, je ne fais rien jusqu’à la soupe. Après, je vais à Wiesau au café puis je reviens à 10h. Je fais trois cartes et je me couche à 11h.Toute la journée il a fait très froid. 

16 mai (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire un coffrage. Je fais cela jusqu’à 1H, après je fais un pont-échafaudage pour décharger du sable. Je fais cela jusqu’au soir. Au camp, je ne fais rien et je me couche à 10h½. Toute la journée il a fait beau.

17 mai (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Toute la journée je travaille à la construction d’échafaudage pour décharger du sable. Le soir, au camp, je ne fais rien. Je vais au café à Wiesau et je me couche à 11h. Toute la journée il a fait assez mauvais.

18 mai (jeudi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Toute la journée il a plu et fait très mauvais temps.Je travaille à la construction d’un pont-échafaudage pour du sable. Je fais cela jusqu’à la soupe. Je retourne au camp car il a plu. Je me couche à 10h.

19 mai (vendredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire un échafaudage pour décharger du sable dessous. Je fais cela toute la journée. Après la soupe je ne fais rien. Je me couche à 10h. Toute la journée il a fait beau temps.

20 mai (samedi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire une baraque à ciment. Je fais cela jusqu’à 1h½. Après la soupe, je vais à Bunzlau et à l’Odéon. J’y reste jusqu’à 9h½. Je rentre au camp à 10h¼ et je me couche à 11h½. Toute la journée il a fait beau.

21 mai (dimanche) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire une baraque à ciment. Je fais cela jusqu’à 1h. Le soir, au camp, je ne fais pas grand-chose. À 6h½ je vais au café à Wiesau et j’en reviens à 8h et je joue au baccara jusqu’à 10h½. Je me couche après avoir perdu 5 marks et avec un grand mal aux dents. Toute la journée il a fait à peu près beau.

22 mai (lundi) Je me lève à 6h ½ et je vais au sanitaër à 7h. Je vais chercher une feuille de maladie pour le dentiste. Je reviens au camp et je me couche jusqu’à midi. Je me change et je vais au dentiste. J’arrive à 3h¼. Mais on me donne qu’un rendez-vous. Je reviens au camp à 8h. Après, jusqu’à ce que je couche, je ne fais rien. J’ai été à Wiesau au café. Je me couche à 11H.

23 mai (mardi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à faire du coffrage. Je fais cela jusqu’à midi. Je refais le plafond du bâtiment. L’après-midi je fais l’étayage des piliers. Je fais cela jusqu’à 6h le soir. Au camp, je ne fais rien. Et je vais au café à Wiesau et je me couche à 10h½. Il n’a pas fait bien beau de la journée.

24 mai (mercredi) Je me lève à 6h ½ et j’embauche à 7h. Je travaille à scier des morceaux de planches mais je me fais couper à la scie circulaire à 10h½. De 11h à 11h½ je travaille à faire un échafaudage pour rouler des wagons à côté de la cheminée. Au camp je ne fais rien et je me couche à 11h. L’après-midi je reste à la baraque car le sanitaër ne peut me soigner. (Cette phrase est ajoutée dans la marge en hautToute la journée il a fait beau. 

25 mai (jeudi) Je me lève à 7h et j’embauche à 8h¼. J’ai été au sanitaër de 9h½ à 3h½. J’ai déchargé des sacs de ciment. Après jusqu’à cinq heures je fais un échafaudage-tréteau pour le maçon ; Au camp, je ne fais rien. Après la soupe, je joue de l’harmonica dans une autre chambre et je me couche à 10h.  

26 mai (vendredi) Je me lève à 6h ½ et vais au sanitaër et j’embauche à 8h. Je fais du décoffrage d’un dessus de bâtiment. Je fais cela toute la journée. Le soir, au camp, je ne fais rien. Je vais me promener à Wiesau jusqu’à dix heures et je me couche à 10h½. Toute la journée il a fait beau.

27 mai (samedi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h.Toute la journée il a fait beau.Jusqu’à 1h je fais du décoffrage du dessus d’un bâtiment et jusqu’à 1h je les mets en ordre, les nettoie. Après la soupe, je vais à Bunzlau et à l’Odéon. À Cinq heures, je vais au cinéma au Kammer. Il se jouait « circus Panzer ». Je reviens au camp à 11h½ et je me couche à minuit.

28 mai (dimanche) Je ne travaille pas. Le matin, je me lève à 8h et je vais au cinéma à Bunzlau. On a joué « le secret du coffre ». Je reviens au camp à midi et demi ; Après la soupe, je joue au football. Après, je vais à Bunzlau et à l’Odéon. Je reviens au camp à 11h¼. Je me couche à minuit.

29 mai (lundi) Férié : lundi de pentecôte ? Je ne travaille pas. Le matin, je reste au camp et je fais une partie de ping-pong. Après la soupe, je vais au Bober1 et je fais de la périssoire 2. Le soir à 9h j’en fais pendant deux. Après je vais à l’Odéon. Je reviens au camp à 11h et je me couche à minuit et demi. Toute la journée il a fait très beau.

 

        La Bober à Bokslawiec1 Bober

Bober (en allemand) ou Bobr, est le nom de la rivière qui passe à Bunzlau/Bokslawiec. C’est un affluent de l’Oder. Elle prend sa source dans les Monts des Géants, dans le massif  des Sudètes (actuellement en République tchèque). Après 2km, elle passe en Pologne où elle parcourt 270 km.

2 La périssoire est un canot à rames   

30 mai (mardi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je travaille à faire du coffrage au pied de la cheminée. Je fais cela toute la journée. Après la soupe le soir, je vais à la manutention pour du ravitaillement. Je ramène quatre kilos de farine. Je me couche à 11h. Toute la journée il a fait très chaud.

31 mai (mercredi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Toute la journée je fais du coffrage au camp. Avant la soupe, je ne fais rien. Après la soupe, je vais voir jouer du football et après je me promène. Je me couche à 11h. Toute la journée il a fait très chaud.

 Récapitulation de Mai 1944

J’ai reçu un colis du 12 avril le 4 mai

J’ai reçu 4 lettres de Papa

J’ai reçu 4 lettres de Marcelle

J’ai reçu 2 cartes de Jean

 

 

 Mois de juin 1944

1er juin (jeudi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je nettoie et j’arrache des pointes aux planches. Je fais cela jusqu’à 3h. Le soir après je fais 12 petits caissons pour mettre dans le béton. Au camp, je ne fais rien et je me couche à 11h. Toute la journée il a fait beau.

2 juin (vendredi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 11h je travaille à faire de petites caisses pour mettre dans le béton ; Après je fais du décoffrage jusqu’à 6h dans les bassins. Après la soupe je ne fais rien et je me couche à 10h½. Toute la journée, il a fait très beau .

3 juin (vendredi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je fais du décoffrage derrière le bassin. Je fais cela jusqu’à 10h. Après j’arrache des pointes et je nettoie des pointes jusqu’à midi et demi. Après je vais aux douches. Après la soupe je vais à Bunzlau et au bober. Je fais du canotage et le soir je vais à l’Odéon. Toute la journée il a fait très beau.

4 juin (dimanche) Je me lève à … et embauche à11h. Toute la journée il a fait très beau.Je travaille à l’arrachage des pointes et à nettoyer des planches et des chevrons. À 14h j’ai fini et je vais à Bunzlau. Je vais voir un match de football, Français contre Tchèques (2-1). Après je vais à l’Odéon et je me couche à minuit.

5 juin (lundi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je fais le décoffrage du couloir de la cheminée. Je fais cela jusqu’à 11h. Après la soupe je vais au dentiste mais elle ne reconnaît pas. Je reviens au camp à 6h. Après la soupe je ne fais rien et je me couche à 10h.Toute la journée il a fait beau temps.

6 juin (mardi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 11h je décoffre le couloir de la cheminée et je commence à arracher les pointes. De 11h à 4h½ je fais un petit coffrage un linteau. Après je recommence à arracher des pointes. Toute la journée il a fait beau.  Après la soupe je vais à Bunzlau à la manutention. J’ai eu 11 … à farine.

7 juin (mercredi) Je travaille à nettoyer et à arracher des pointes aux planches et aux chevrons. Je fais cela toute la journée. Le soir au camp je ne fais rien et je me couche à 10h. Toute la journée il a fait assez chaud.

8 juin (jeudi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 11h je travaille à faire du chargement de wagons de sable et on fait du béton. Après jusqu’à la débauche on fait du démontage d’échafaudage. Au camp, après la soupe je vais au café à Wiesau et je me couche à 10h½. Toute la journée il a fait assez mauvais temps.

9 juin (vendredi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 9h j’arrache des pointes. Après 9h½ et jusque 2h je fais le coffrage d’un linteau. Après et jusqu’à 6h je fais le décoffrage de sable pour un futur bâtiment. Je me couche à 10h½. Toute la journée il a fait beau.

10 juin (samedi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 1h½ je fais le nettoyage de panneaux et l’arrachage de pointes. À 4h je vais à Bunzlau et au Kommando 56 vendre des cigarettes. Après je vais à l’Odéon et je me couche au camp à minuit et demi.Toute la journée il a fait mauvais temps.

11 juin (dimanche) Je ne travaille pas. À 9h je vais à la manutention chercher du pain. Je reviens au camp à midi et demi. Je repars à Bunzlau à 3h. Je vais au cinéma Métropolis ; Il joue « Ein mann fur mein  frau» 1. Après je vais à l’Odéon jusqu’à 11h. Je me couche à minuit et demi. Toute la journée il a fait assez mauvais temps.

1"Un homme pour ma femme" est un  film allemand de 1943 d’Hubert Mariska. Il met en scène un homme marié depuis 7 ans qui s’aperçoit qu’il n’y a plus d’amour dans son mariage. Plutôt que de s’opposer au bonheur de son épouse, il se cherche alors lui-même un successeur. Mais tous les prétendants lui déplaisent…

12 juin (lundi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je fais du coffrage pour socle. Je fais cela jusqu’à 2h de l’après-midi. Après et jusqu’à 6h je travaille à démonter un échafaudage. Toute la journée il a fait un grand vent.Au camp, je ne fais rien et je me couche à onze heures et demie.

13 juin (mardi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’au casse-croûte je transporte des perches d’échafaudage. Après et jusqu’à 1h je fais le transport de chevron et de …. Après midi je mets des boulem… à un coffrage. Je fais cela jusqu’à 5h. Après la soupe je vais au ravitaillement et je me couche à 11h. Toute la journée il a fait beau.

14 juin (mercredi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Le matin je travaille jusqu’à 1h. L’après-midi je vais chez le dentiste. Après je vais au commando 51 et au 52 puis je reviens au camp. Au camp je ne fais rien. Je me couche à 11h.

15 juin (jeudi) Je travaille toute la journée.

16 juin (vendredi) Je me lève à 8h et à 9h je vais au dentiste. Je passe à 11h½ et reviens au camp à 1h. Je travaille après la soupe. Je fais du décoffrage jusqu’au soir. Après la soupe je ne fais rien.

17 juin (samedi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je ne me rappelle plus du travail.

18 juin (dimanche) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je travaille à décoffrer à côté du bassin à eau. Je fais cela jusqu’à 11h. À 6h je vais à Bunzlau et à l’Odéon. Je vais aussi au Bober. Je fais de la périssoire. Je reviens au camp et je me couche à minuit et demi. Toute la journée il a fait assez mauvais.

19 juin (lundi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Je travaille au coffrage de fondation. Je fais cela toute la journée. Le soir au camp avant la soupe je ne fais rien. Après la soupe je me baigne dans le bassin au camp. J’écris et je me couche à 11h½. Toute la journée il a fait beau temps mais il fait du vent.

20 juin (mardi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 9h je fais un coffrage. Après, jusqu’au soir, je fais des panneaux de piliers. Après la soupe, le soir, je vais à la manutention. Je reviens au camp à 9h après m’être fait arrêter cinq fois. Je me couche à 11h. Toute la journée il a fait beau.

21 juin (mercredi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Toute la journée je fais des panneaux pour piliers pour le bâtiment à côté de la cheminée neuve du camp. Après la soupe je ne sors pas et je ne fais rien. Je vais écouter la radio au réfectoire jusqu’à 11h. Je me couche à 11h½. Toute la journée il a fait beau.

22 juin (jeudi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Toute la journée je fais des panneaux de coffrage. Le soir au camp je ne fais rien et je me couche à 11h½. Toute la journée il a fait chaud mais il a plu souvent.

23 juin (vendredi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Toute la journée je fais des panneaux de coffrage. Le soir, au camp, je ne fais rien, je me couche à 11h. Toute la journée il a fait mauvais temps.

24 juin (samedi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 1h je fais des panneaux de coffrage. Après la soupe je vais à Bunzlau. À 4h je joue à l’Odéon jusqu’à 11h. Je me couche à minuit. Il n’a pas fait beau temps de la journée.

25 juin (dimanche) Je ne travaille pas de la journée. Le matin je fais le nettoyage de mon lit. L’après-midi je vais au Bober. Je fais de la périssoire de 5 à 7h. Le soir je vais à l’Odéon. J’y reste jusqu’à 11h. Je me couche à minuit et demi. Toute la journée il a fait beau mais il a fait du vent.

26 juin (lundi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Jusqu’à 9h je fais de l’étayage. Après 9h je fais du montage de coffrage. Je fais cela toute la journée. Le soir au camp après la soupe je vais à Wiesau au café. J’en reviens à 9h½. Je me couche à 11h. Toute la journée il a fait très beau.

27 juin (mardi) Je me lève à 6h ½ et embauche à 7h. Toute la journée je fais du montage d’échafaudage pour un bâtiment. Le soir après la soupe je monte à la manutention pour du pain et de la farine. Je me couche à 11h.Toute la journée il a fait beau.

Le carnet s’interrompt les 28, 29 et 30 juin.

Récapitulation de juin

Le 15 je reçois un colis du 24 mai

Le 17 je reçois un colis du 10 mai

Le 29 il y a alerte de 9h¼  à 11h½  du matin.

Sur la page réservée au 1er juillet, on lit :

Je dois 3,50 M de soulier.

Le 21 décembre je ne travaille pas. Je fais remonter des souliers sur semelle de bois.

Il n’y a rien pour le dimanche 2 juillet.

Les pages des 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et 14 juillet (3 feuillets) ont été écrites mais arrachées du carnet.

Il n’y a rien pour le reste du mois de juillet (15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31).

Le carnet reprend le 1er août au crayon à papier, et les textes relatent l'épopée de la traversée à pied et en charette d'une partie de la Saxe jusqu'à Dresde, après l'évacuation du camp de Wiesau, mais les dates ne sont plus respectées :

Cependant, notre “deuxième source“, Henri Deschamps, nous permet de corriger ces dates : 

"En ce qui concerne le journal de Montrichard, je précise que le camp de Wiesau où se trouvèrent jusqu’à son évacuation mon ami Laurent Brignolo et la famille Mehling moins le second fils, fut évacué le 10 février 45. L’agenda de Montrichard peut donc se lire ainsi:

Le 10 août est en réalité le samedi 10 février, Le 11 août est le dimanche 11 février, le 12 août est le 12 février,  etc. Le samedi 17 août est le samedi 17 février et ainsi de suite... Quant au 2 septembre où il est noté “neige et grand vent“ (Bien sûr pas de saison) il s’agit du 2 mars 44 où j’ai noté moi aussi mais plus à l’est, à Oels au nord de Breslau, “vent et neige“."

La date réelle probable permise par ce correctif sera donc portée en violet à côté de celle indiquée par Georges Montrichard dans la retranscription suivante.

 Mois d’août 1944

1er août (mardi) Le 10 (Est-ce bien le 10 août ?) à 5h nous évacuons le camp de Wiesau. À 1h nous avons été bombardés.

-10 février (samedi ?)

Nous prenons direction inconnue.

Nous faisons une halte d’une demie heure dans un café pour manger de 9h à 9h et dormir.

2 août (mercredi) - 11 février

Nous avons eu mauvais temps. Nous repartons jusqu’à Agersdorf où nous arrivons à 11h. Nous y couchons. Nous repartons le 11 à 9h. Nous marchons jusqu’à 11h½ pour manger. Nous avons beau temps mais du vent. Nous repartons à …h direction Gorlitz. En cours de route (le récit continue sur la page du 3 août) nous devons faire un détour pour aller à Görlitz car la route est coupée. Finalement nous arrivons à Gesselbard. Moi, je couche dans un Kommando de prisonniers. Nous sommes arrivés à 4h½. Nous passons toute la nuit. Le 12, nous ne partons pas.

Rien aux pages des 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 août.

À la page du 12 août (samedi), il a écrit : Lundi -4 - 12 février

Nous passons toute la journée dans le village. Nous avons très bon accueil des Allemands. Nous trouvons du rata allemand à volonté. Nous passons la nuit. Nous devons partir le 13 à 8h.

À la page du 13 août (dimanche), il écrit : mardi et au-dessus : Wansdorf, à côté : -5 - 13 février

Nous partons à 9h toujours direction inconnue mais nous avons mauvaise  route et mauvais temps le matin jusqu’au soir. Nous couchons à Wansdorf. Nous couchons dans la paille. Nous sommes très bien reçus pour coucher. Nous avons eu le café en nous levant.

À la page du lundi 14 août, il écrit : mercredi BERSDORF -6 - 14 février

Nous nous levons à 7h avec le café. Nous portons le ravitaillement et nous faisons le partage. Nous partons huit ensemble. Nous partons toujours cette fois en direction de Dresden. Nous couchons à Bersdorf dans un ancien pigeonnier. Nous nous installons une lumière et sans demander. Il y a l’armée.

À la page du mardi 15 août, il écrit : BERSDORF Jeudi -7 - 15 février

Nous nous levons à 8h et nous allons préparer du café et faisons cuire des pommes de terre. Jusqu’à 1h nous sommes encore ici. Le chef du dominion nous a dit de partir mais nous restons. Nous passons toute la journée et toute la nuit. Cette fois nous couchons dans une écurie avec les chevaux mais nous dormons mal.

À la page du mercredi 16 août, il écrit : KEMNITZ vendredi -8 - 16 février

Nous nous levons à 4h½ et attendons le jour. Nous avons un sergent qui est gentil.  Nous partons à 8h. Nous nous arrêtons à Bersdorf faire cuire des pommes de terre et nous mangeons. Nous repartons à 2h et nous arrivons à Kemnitz où nous trouvons à coucher chez une vieille femme. Chez elle nous faisons cuire des pommes de terre.

À la page du jeudi 17 août, il écrit : KEMNITZ Samedi -9 - 17 février

Nous nous levons à 9h et nous mangeons à la cuisine même de la vieille. Nous avons demandé à passer la journée. Elle a accepté. Pour midi elle nous a fait cuire de ses pommes de terre. Nous mangeons à 1h. L’après-midi nous jouons aux cartes et le soir, nous préparons encore à souper et nous allons nous coucher à 8h.

À la page du vendredi 18 août, il écrit : KEMNITZ Dimanche -10 - 18 février

Nous nous levons à 8h et mangeons à 9h. Nous allons aux pommes de terre et au bois ; Nous allons voir le maire pour avoir des cartes de ravitaillement. Nous n’avons rien. Nous mangeons à 1h. Nous allons voir les prisonniers. Ils nous donnent un peu de ravitaillement. Nous mangeons à 8h. Je joue de l’harmonica et on se couche à 10h.

À la page samedi 19 août, il écrit : BIEGSDORF lundi -11 - 19 février

Nous nous levons à 8h et nous préparons tout pour partir à 9h. Nous mangeons et nous préparons la charrette. Nous partons à 10h vers l’ab… Vers 11h nous cherchons à faire cuire des pommes de terre. Nous nous faisons sortir par une femme ; nous couchons pas loin du village dans une grange avec des Allemands nous nous couchons à 7h après avoir mangé.

À la page du dimanche 20 août, il écrit : Mardi -12 - 20 février

Nous nous levons à 9h. À 11h nous préparons un …de pommes de terre avec du lard et mangeons à midi. À 2h je vais à Leibau pour avoir la carte de ravitaillement ; nous revenons à 4h½ ; Nous n’avons rien trouvé. Nous mangeons à 6h et je joue de l’harmonica environ 1h. Toute la journée il a fait relativement beau, avec des coups de vent. 3 fois des alertes.

À la page du lundi 21 août, il écrit : BIEGDORF Mercredi -13 - 21 février

Nous nous levons à 9h décidés à partir plus loin. Nous faisons une purée de pommes de terre et nous mangeons à 11h. Nous nous lavons et rasons. Nous décidons de ne plus partir car il est midi et demi. Jusqu’à 5h je joue à la belote et mangeons à 5h½. Nous faisons une belote à la lueur d’une bougie. Je me couche à …h

À la page du mardi 22 août, il écrit : Jeudi -14 - 22 février

Je me lève à 8h et fais le café et cuire des pommes de terre. Nous partons à 11h½, nous passons plusieurs villages dont je ne connais pas le nom. En cours de route nous achetons des pommes de terre mais difficilement. Nous arrivons à Kotitz que nous trouvons après avoir fait faire un papier. Nous couchons dans un salon à 8h après avoir mangé une bonne marmite de pommes de terre.  

À la page du mercredi 23 août, il écrit : KOTITZ vendredi -15 - 23 février

Nous nous levons à 8h et mangeons la soupe que la femme nous a fait plus le café. Nous partons à 10h vers Bautzen. À 11h nous faisons cuire des pommes de terre dans un restaurant et nous mangeons à midi. Nous partons à 1h et arrivons à Christiana où nous trouvons à coucher et à manger chez le paysan. Nous achetons des pommes de terre.

À la page du jeudi 24 août, il écrit : BAUTZEN Samedi -16 - 24 février

Nous nous levons à 7h½ et mangeons à 8h une soupe à Christiana. Après nous allons au café et on fait une belote jusqu’à midi. À midi nous mangeons soupe et pommes de terre avec fromage. À 1h nous devons partir à cause du maire. Nous allons coucher à Bautzen dans un commando de civils. Après avoir cherché des cartes de ravitaillement nous nous couchons à 10h½.

À la page du vendredi 25 août, il écrit : BAUTZEN Dimanche -17 - 25 février

Nous nous levons à 9h et je me rase. Je me change et nous allons à 111 Lessingchlute. Nous touchons une soupe. Nous revenons au camp et nous pelons des pommes de terre que nous faisons cuire. Nous mangeons à 9h et retournons manger à école. Nous allons au café et nous nous couchons à 9h.

À la page du samedi 26 août, il écrit : BAUTZEN Lundi -18 - 26 février

Nous nous levons à 6h½ et nous allons à la mairie pour toucher les cartes d’alimentation. On nous envoie à la gare où nous touchons du pain ; Nous allons au camp où nous attendons. Il n’y a pas de travail. On nous envoie à l’école où nous devons coucher et manger. Je me couche à 10h.

À la page du dimanche 27 août, il écrit : BAUTZEN Mardi -19 - 27 février

Je me lève à 7h et nous mangeons à 8h. De là nous venons à l’arbeitsamt (= office du travail) à 9h où nous attendons une décision. On apprend qu’on doit nous prendre à 10h pour faire des tranchées. Nous nous sauvons. Moi, je vais voir Groller. Moi, je n’ai rien. Nous arrivons à Prischwitz où nous mangeons et couchons. Nous sommes embauchés pour relever un camion un bel…..

À la page du lundi 28 août, il écrit : 20 - 28 février

Nous nous levons à 7h½ et allons manger au restaurant qui est un lieu de secours. Nous avons un café avec un peu de pain et de confiture ; À 11h½ nous faisons cuire des pommes de terre. Après je me couche. Je me lève à 4h. À 5h nous allons manger une soupe au centre d’accueil. Après, nous discutons jusqu’à 9h avec des prisonniers et on se couche.

À la page du mardi 29 août, il écrit : (le 29 février 1945 n'existant pas, c'est peut-être pour cela que le texte est biffé)

Nous nous levons à 8h et allons manger au centre d’accueil. Après nous préparons la

Ce texte est entièrement biffé, mot par mot et s’interrompt au milieu de la phrase. Il n’y a ensuite plus rien sur l’agenda avant le 1er septembre. Les pages du 30 et 31 août sont vierges.

À la page du vendredi 1er  septembre, il écrit : 21 - 1er mars

Nous nous levons à 8h et nous allons manger au centre d’accueil. Après, nous préparons la charrette et nous partons à 9h. Nous passons à Panschwitz. Là nous allons au café et nous allons au village. Nous trouvons à coucher chez une vieille. Nous couchons dans le café.

À la page du samedi 2 septembre, il écrit : 22 - 2 mars

Nous nous levons à 7h½ et nous nous rasons. Nous mangeons à 8h½ et nous partons par très mauvais temps.  Il neige et il fait grand vent. Nous faisons 2 kilomètres et nous trouvons une petite baraque dans une carrière où nous mangeons et restons jusqu’à 4h. Nous arrivons à Wiesa   … ici, l’écriture a passé sur les 3 dernières lignes et le texte est illisible mais se termine par « nous fait à manger »!

À la page du dimanche 3 septembre, il écrit : 23 - 3 mars

Nous nous levons à 7h½ de notre bon lit. On se lave à la cuisine puis on mange. On nous fait une bouillie … du pain. Nous partons à 9h et arrivons à Kamenz … … 11h½ atteint nous repartons à midi et arrivons à Lebenau dans un café.  On achète des pommes de terre et repartons. Nous arrivons dans un village dont je ne connais pas le nom. On demande au maire. Il nous fait coucher dans une école et on …

À la page du lundi 4 septembre, il écrit : 24 - 4 mars

Nous nous levons à 9h et allons au café où l’on reçoit du pain et du café au retour. On s’écrase. On a été aux pommes de terre  On mange à 11h et on attend à l’école .. .. mais on nous dit de partir. Nous sommes avec deux Polonais. On nous chasse à 2h. Nous allons à 1h au café. On trouve à coucher et on mange chez le maire.  Les deux dernières lignes sont illisibles.

À la page du mardi 5 septembre, il écrit : 25 - 5 mars

Je me lève à 6h½ et nous allons chez le maire. On mange bouillie et pain. On … … et nous remangeons à 11h. Nous partons à 1h. Nous passons Königsbruck et nous arrivons à Tauscha. Nous allons voir le maire. Il nous envoie coucher au commando. On mange avant d’y aller une mauvaise soupe et du pain. On va au Kommando où l’on remange et on se couche à 10h.

À la page du mercredi 6 septembre, il écrit : 26 - 6 mars

Je me lève à 6h½ et préparons la charrette. On mange de ce que nous ont donné les prisonniers. On nous dit de rester la journée. L’après-midi on va aux patates. Le soir il nous faut partir à 9h½, des prisonniers arrivent. On va coucher 1 km plus loin. Le maire nous prend nos papiers et nous fait coucher. Petite baraque. On touche du pain.

À la page du jeudi 7 septembre, il écrit : 27 - 7 mars

On se lève à 8h et on va chercher le café. On fait cuire des pommes de terre et on mange à 11h. À midi on part. En cours de route on va au café mais il est plein de soldats. On passe RADEBURGER à 2h. À 3h on s’arrête faire cuire des patates. À 5h nous allons au village. On couche dans des lits ; On nous … …. On petit … pour nous.

À la page du vendredi 8 septembre, il écrit : 28 - 8 mars

On se lève à 8h et on se rase. À 9h on mange et on part à 10h. On achète des pommes de terre. On s’arrête dans un bois à 11h ; Jusqu’à 5h on fait cuire à une maison d’une jeune fille seule. Nous couchons. Nous faisons la soupe. Nous avons fait 3 km. Nous nous couchons à 4h.

À la page du samedi 9 septembre, il écrit : 28 - 9 mars

Je me lève à 8h et on fait le café. Je fais cuire les pommes de terre. On mange et on va chercher du bois. Un gendarme nous le défend. À 11h on prépare le déjeuner et on mange à 1h une purée. Après déjeuner on reste à la maison. On prépare le souper et on mange à 6h. À 7h½ on va voir les prisonniers à Steinbach et on se couche à 10h½. Il a fait beau temps la journée.

À la page du dimanche 10 septembre, il écrit : 29 - 10 mars

Nous nous levons à 8h, je fais cuire les patates et nous faisons le café. On mange à 9h et on va voir le maire. On prépare le déjeuner et on mange à 1h. Nous faisons la charrette et nous partons à 3h½. Nous passons un village où on demande pommes de terre et coucher. On nous envoie à Beiersdorf. On va au maire. Il nous refuse. On ne trouve à coucher qu’à 10h le soir dans un hôtel.

À la page du lundi 11 septembre, il écrit : 30 - 11 mars

On se lève à 8h et on prépare la charrette. Il nous faut partir. On est chassé. On passe dans un village. Il y a un Kommando. Il nous faut rester. La police nous arrête. On mange au Kommando à 1h. On part à 2h. On passe au maire. On arrive à GROSSE AIN. On va à la police. On nous fait manger dans un restaurant et on nous envoie coucher à STRIESSEN où on couche et on mange.

À la page du mardi 12 septembre, il écrit : 31 - 12 mars

On se lève à 8h½. On nous apporte à manger à 9h. Un camarade va à Grossehain à l’arbeitremt. On reste jusqu’à 2h ; On mange une soupe de pâtes avant de partir. Les Polonais nous ont quittés. On part, on s’arrête dans un café et on mange. À quatre heures on fait cuire les pommes de terre au bord d’une carrière. À six heures on rentre au village de OKRILA où le maire nous fait coucher et nous fait manger des pommes de terre.

À la page du mercredi 13 septembre, il écrit : 32 - 13 mars

Nous nous levons à 8h et réclamons à manger au prop.. Nous touchons pain et café noir. Partons à 10h et achetons des pommes de terre à Okrila (Ockrilla) Il est midi, on s’arrête dans un bois sur le bord de la route. On fait cuire patate et on part à 2h½. On arrive dans un village à 6h. On va au maire puis aux gendarmes. Il est occupé.  … … …

À la page du jeudi 14 septembre, il écrit : 33 - 14 mars

On se lève à 6h et on part sans manger à 7h. On cherche du café mais fermé. On arrive devant Dresden. On va à l’arbeitfront et manger. On nous refuse. Nous allons dans un café … On nous fait cuire patate et on part à midi. Après beaucoup de chemin dans Dresden et dans les ruines nous couchons et nous mangeons à Dordritz.

À la page du vendredi 15 septembre, il écrit : 31 - 15 mars

Nous nous levons à 6h1/2 et allons manger. Nous touchons un assez bon beurre et saucisson. On demande la journée de repos et on nous l’accorde. On fait la cuisine et on va au café. Après s’être rasé on mange à 10h et on va promener à midi. On a une alerte. On revient à 3h.

L’agenda s’arrête ici. On trouve encore quelques notes sur la page du 27, 28 29 et 30 décembre et sur la page de fin. Les voici :

Sur les pages du 27 et du 28, quelques mots : Koslitz, Wanubel 16, Bernsdorf, Kemnitz, Panschutz, …. (Se termine par « puch », Neupurchuutz, blocschiitz

Sur les pages du 29 et 30 décembre, on trouve une liste de lieux :

Wiesau, Bunzlau, Edlensdorf, Agersdorf (suivi de 2 croix = XX), Gesselbard (suivi de 2 croix = XX), Wansdorf, Koslitz, Wanubel, Bersdorf, Kemnitz, Bernstadt, Biogsdorf, Kitlitz, Kotitz (suivi d’une croix = X), Wassersberg, Neupurchuitz, Christina (suivi d’un rond et d’une croix = OX), Bautzen (suivi de 3 croix = XXX), Besachütz, Auschwitz (suivi de 2 croix = XX) et sur la colonne de droite : Lebindorf, Panschuitz (suivi d’une croix = X), Wiesa (suivi d’une croix = X), Kamenz, Liebenau, Neukir (suivi d’une croix = X), Rachenau (suivi d’une croix = X), Tauscha (suivi d’une croix = X), Könisbrük, des points suivis d’une croix = ……. X, Balwalde (suivi d’une croix = X), Steinbach (suivi de 2 croix = XX, Beiersdorf (suivi d’une croix = X), Grossenaim, Striessen (suivi d’une croix = X), Okrila (suivi d’une croix = X), des points suivis d’une croix = .…. X, Dresden (suivi d’1 croix = X).

Ces noms correspondent évidemment au parcours suivi lors de l’évacuation du camp de Wiesau.Il est très difficile de suivre l’itinéraire sur une carte au début de l’évacuation car les noms indiqués sont allemands et ont depuis été « polonisés ».

Apparemment, ces travailleurs français du STO sont partis à pied, avec leurs affaires sur une charrette, pour rejoindre Dresde. Leur périple a duré un mois pendant lequel ils n’ont guère eu à manger que quelques pommes de terre glanées ici ou là d’une manière ou d’une autre.

Enfin, sur la dernière couverture intérieure, l’espace a été utilisé pour ce qui semble un jeu mathématique de prédiction :

1870 = 9    le 18 de 1870 est entouré et à côté on trouve la date du 10 mai 1871 qui correspond à la fin de la guerre de 1871 entre la France et la Prusse, par le traité de Frankfort.

En dessous : 1871 = 8    le 70 de 1870 est entouré.

On a additionné 1870 et 1871 pour trouver 3741 et soustrait 8 de 9 pour trouver à côté duquel on a écrit « ans ». À côté du signe égal de l’opération (signe égal sous forme de barre) on a écrit = 10-5-71

Dans 3741 on a entouré 37 et 41. Sous 37 on a écrit 10 jouret sous 41, 5 mois.

Ensuite on reproduit les mêmes formules avec 1914 et 1915 puis avec 1939 et 1940. Ces calculs voudraient montrer que la guerre de 70 ayant duré 1 an, celle de 14, quatre ans, la guerre actuelle durerait donc six ans (!), la fin étant prédite pour le 11 juillet 1945.

Agenda

 

 Itinéraire suivi de Bautzen à Dresden :

Bautzen

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Deschamps Floriane

    1 Deschamps Floriane Le 16/01/2015

    Bonjour,

    Mon grand père de la classe 42 est parti de Marseille avec M. Montrichard et est resté au camp de Wiesau de juillet 43 à mars 44. Il a de nombreux renseignements sur le camp et à lui même tenu un journal durant cette période. Vous pouvez me contacter si vous le souhaitez. Bien Cordialement

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