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Le S.T.O.
Le S.T.O. Service du Travail Obligatoire
Lors de la seconde guerre mondiale, après la débâcle française de 1940, l’Allemagne fit prisonniers environ un million huit cent mille soldats français. Parmi eux, il semble que 33 prisonniers de guerre (nombre indiqué en Conseil municipal par le maire Édouard Damour, le 2 avril 1941) étaient originaires de la commune de Périgny. Ils ne furent pas les seuls à subir la déportation en Allemagne. Il y eut bien sûr des déportations politiques et raciales dans les camps de concentration, tristement célèbres.
Moins connues cependant furent les déportations du travail.
Il y en eut aussi à Périgny.
En effet, un matin de février 1943, 6 jeunes de la commune, comme de nombreux autres dans toute la France occupée, nés entre 1920 et 1922, reçurent une convocation les enjoignant de prendre à la gare de La Rochelle un train en direction de l’Allemagne pour y travailler au nom du STO, le service du Travail Obligatoire (On l’avait d’abord baptisé Service Obligatoire du Travail mais l’acronyme S.O.T. n’avait pas paru satisfaisant !).
Pourtant, ces déportations du travail font encore parfois polémique et du fait que certains départs furent volontaires, et certains retours conflictuels, les témoignages sont difficiles à obtenir. Bien que le 15 juin 2013 Christophe Woerle, dans le cadre de la préparation de sa thèse sur les prisonniers de guerre et les déportés du travail en Allemagne qu’il prépare à Bamberg, ait interviewé un des habitants de Périgny victime du STO, celui-ci a refusé que la transcription en soit publiée ici. Heureusement pour la vérité historique, d’autres ont accepté de porter leur témoignage à la connaissance de tous. C’est le cas par exemple, de Monsieur Rouillon, de Lagord, qui, avec un certain talent, a écrit ses mémoires, dont on trouvera ci-après un extrait.
La déportation du travail en Allemagne, prit donc en effet, pour 600 000 jeunes Français, de 1943 à 1945, la forme du STO, Service du Travail obligatoire.
Dès 1940, la propagande nazie appelait d’ailleurs les volontaires des pays conquis à aller travailler en Allemagne en vantant ses hauts salaires et sa sécurité sociale. Les Prisonniers de guerre, utilisés au travail sitôt leur capture ne suffisaient plus.
En France, cette campagne ne provoqua le départ que de 150 000 migrants d’octobre 1940 à juin 1942.
Or, surtout à partir de 1942, la guerre s’étendant de plus en plus (débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, extension du Front de l’Est jusqu’à Stalingrad), l’Allemagne, dont les jeunes étaient mobilisés sur tous ces fronts, manquait de plus en plus de bras pour assurer la production industrielle nécessaire à son effort de guerre.
En mars 1942, le nazi Fritz Sauckel fut nommé responsable de la main d’œuvre dans les pays occupés. Il obtint rapidement de Pierre Laval, nommé de son côté « chef du gouvernement » le 18 avril 1942 par Pétain, l’ouverture de « bureaux d’embauche allemands en zone libre », et surtout, il fixa les contingents pour chaque pays. Pour la France, il exigea 250 000 hommes dont 150 000 ouvriers qualifiés.
Laval proposa alors l’envoi de travailleurs contre le retour des prisonniers et « la relève » fut mise en place. Hitler accepta le retour d’un prisonnier de guerre contre trois travailleurs. C’était un marché de dupes. Laval, qui déclarait par ailleurs le 22 juin 1942: « Je souhaite la victoire de l’Allemagne parce que, sans elle, le bolchévisme s’installerait partout en Europe », s’en contenta.
Mais, au 1er septembre 1942, seuls 17 000 spécialistes s’étaient portés volontaires.
Sauckel obtînt alors de Laval la loi du 4 septembre 1942 « sur l’utilisation et l’orientation de la main d’œuvre » qui instaurait un régime de travail obligatoire : « tout homme de 18 à 50 ans, toute femme de 21 à 35 ans pouvait être affecté à des travaux déterminés par le gouvernement » et devait donc se faire recenser à cet effet. Tout mouvement de main d’œuvre était désormais contrôlé et l’embauche n’était autorisée qu’en échange de l’envoi d’un contingent en Allemagne.
Fin 1942 il y avait eu ainsi environ 240 000 départs dont 72 000 volontaires.
En Janvier 1943, Sauckel exigea 250 000 nouveaux départs.
Le 16 février 1943, pour satisfaire ces exigences, le gouvernement de Laval promulgua donc la loi portant création du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) afin d’accélérer le rythme des départs. Tous les jeunes gens des classes 1940, 1941, 1942 étaient envoyés en Allemagne pour combler le déficit du à l’insuffisance du nombre des volontaires. Certaines catégories étaient cependant exemptées : agriculteurs, mineurs de fond, fonctionnaires de la police, cheminots, etc. et les étudiants bénéficiaient d’un sursis jusqu’au 1er septembre.
Les 250 000 hommes réclamés par Sauckel furent ainsi présents en Allemagne courant avril 1943.
Sauckel exigea alors 220 000 nouveaux travailleurs. Le STO fut étendu à la classe 1939. Les étudiants furent contraints au départ, les sursis étant supprimés.
Malgré ces dispositions, l’opération ne fournit que 170 000 travailleurs, volontaires compris.
En janvier 1944, Sauckel exigea 850 000 hommes et femmes. La loi du 1er février 1944 étendit donc les dispositions du STO à tous les hommes de 16 à 60 ans et aux femmes de 18 à 45 ans sans enfant à charge et aux étrangers.
On procéda au « peignage » des entreprises qui durent se séparer des emplois « inutiles ». Malgré cela, il n’y eut que 40 600 départs dans les six premiers mois de 1944 dont 22 000 départs volontaires.
Au total, 600 000 à 650 000 travailleurs ont ainsi été déportés pour le travail forcé (alors que Sauckel en avait réclamé 1,6 millions).
Quelle fut l’existence de ces déportés français du travail en Allemagne ? Il semble que les situations aient été variées et les expériences diverses.
Voici le témoignage d’un habitant actuel de Lagord, Jacques Rouillon (né en 1922), sur la déportation par le STO dont il a été la victime de juillet 1943 à Mai 1945.
Récit tiré des mémoires de jeunesse de Jacques Rouillon
Georges Montrichard, quant à lui était menuisier. Originaire d'Angoulême, il travailla à Ruelle puis à Saint-Malo avant de s'enfuir au sud pour échapper au STO. Arrêté à Marseille, il dut rejoindre l'Allemagne le 13 juillet 1943. Il a laissé un carnet-agenda dans lequel il note au jour le jour, de janvier à juin 1944, ses activités. Ensuite il fait le récit de son périple d'un mois à travers l'Allemagne en guerre, pour se rendre à Dresde, une fois que le camp de Wiesau, près de Bunzlau, en Basse-Silésie, où il se trouvait, ait été évacué après son bombardement.
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