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Une nouvelle église à Périgny ?

Fusion spirituelle

Le 17 décembre 1843, le conseil municipal de Périgny, réuni en session extraordinaire sous la présidence de son maire Nicolas  Millet nommé en mars 1842 et avec comme secrétaire Aristide Pillot, le plus gros contribuable de la commune, délibéra sur  la construction d’une nouvelle église et d’un nouveau presbytère, plus proches de Saint-Rogatien.

En effet, le Conseil municipal rogatien avait, l’année précédente, le 13 mai 1842, demandé l’unification spirituelle des deux paroisses. Bien sûr, Périgny avait refusé, en mai 1842,  au prétexte que l’unification pouvait être faite au spirituel, soit, mais devrait aussi l’être au civil par la fusion des deux communes.

Cependant, devant l’impossibilité présente de cette union, et au vu de l’ordonnance royale du 9 octobre 1843 autorisant la fusion des deux paroisses,  l’idée avait fait son chemin. Le curé de Périgny, Guillaume Faugas, en poste depuis 6 mois (15 août 1843),  se plaignait par ailleurs, de ne pouvoir, en raison de l’éloignement des zones habitées, apporter le concours de la religion aussi rapidement que nécessaire à ses ouailles. Cela expliquait sans doute aux yeux des conseillers, la rapidité avec laquelle les curés nommés dans la paroisse désiraient en partir.

Une nouvelle église

Aussi les édiles pérignaciens décidèrent-ils  de construire une nouvelle église. Des plans furent dressés par Mr Brossard, architecte du département et les travaux furent estimés à 26 300 Francs, dont 3 000 francs pour l’achat du terrain. Celui-ci était un champ appartenant aux sieurs Chevrier et aux héritiers Pouvreau. Finalement trois autres parcelles furent retenues : elles appartenaient aux sieurs Rochez, Vernoux et Orgeron. Le préfet refusa l’autorisation d'achat de ces parcelles en raison des servitudes inhérentes à ces terrains qui auraient par la suite grevé le budget communal ( ?) et finalement le conseil revint à son premier choix, celui du terrain Chevrier, au lieu dit La Coie. Mais il coûtait maintenant 4 100 francs !

 Du denier du culte

Comment payer de telles sommes ?

Oubliant qu’aux conseils précédents, la municipalité avait invoqué 8 années de mauvaises récoltes pour expliquer que, malgré son désir d’acquérir la maison du sieur Chevrier 5 000 francs pour en faire une maison d’école, elle ne pourrait tout payer en une seule fois, les conseillers firent preuve d’un bel optimisme pour réunir les fonds. Ils proposèrent  de payer en aliénant l’église actuelle, aliénation qui devait rapporter 12 895,75 Francs, pas un centime de moins, somme à laquelle on pourrait ajouter 2 320 francs provenant d’une souscription volontaire de la commune ; un secours du gouvernement était souhaité à hauteur de 4 000 francs tandis que l’aliénation de l'église de Saint-Rogatien devait rapporter 3 000 francs et la commune de Saint-Rogatien 5 000. On arrivait ainsi à un total de 27 215,75 francs, supérieur aux prévisions de dépense (mais on ne sait jamais).

Le maire qui devait faire face à la contestation de certains de ses administrés,  se fendit d’une tonitruante déclaration, qu’il intitula :

«  Proclamation aux habitants de Périgny du 12 février 1844 »

« La malveillance se complait à faire courir des bruits qui pourraient jusqu’à un certain point nuire au projet de construction d’une nouvelle église et d’un nouveau presbytère au centre de l’agglomération des populations des communes de Saint-Rogatien et de Périgny , spirituellement réunies : il est de mon devoir de maire de vous prémunir contre de pareilles nouvelles énonçant que l’on grèvera la commune d’une imposition extraordinairement considérable pour faire face aux dépenses de ces nouvelles constructions : non, et c’est faux, la commune ne s’imposera pas extraordinairement ; le conseil municipal s’est prononcé à cet égard : la commune couvrira ces dépenses de construction au moyen des ressources qui lui seront propres. Des fonds de secours de l’état et du département et du produit des dons volontaires par souscription pour lesquels il a été nommé une commission qui se présentera prochainement chez tous les habitants indistinctement : si quelques uns d’entre vous s’étaient laissés entraîner par ces fallacieuses allégations de la malveillance, revenez de vos erreurs et veuillez bien croire à la sincérité de mes faits consignés dans le présent écrit, si vous avez assez de confiance dans la parole de la personne que vos suffrages ont appelé à administrer cette commune. »

Le maire  signé Millet

En 1846, le conseil décida une nouvelle imposition extraordinaire de 200 francs pour venir en secours à Saint-Rogatien qui, de son côté,  avait décidé une imposition extraordinaire de 20 centimes pendant huit ans pour chaque habitant.

Changement de maire

Le préfet traînait des pieds pour accorder son autorisation et Aristide Pillot fut finalement nommé maire par arrêté préfectoral en remplacement de Nicolas Millet. Il prêta serment le 1er novembre 1846. Le projet resta cependant au point mort.

Renoncement

Avec la fin du suffrage censitaire et l'élection du maire par le conseil municipal, Nicolas Millet fut à nouveau maire le 30 juillet 1848.

Le 23 septembre 1848, monsieur Brossard, architecte départemental adressait une demande de payement de 316 francs pour ses honoraires sur les plans et devis relatifs à la construction d’une nouvelle église.

Interpellé le 1er mai 1849 par un conseiller soucieux de savoir où en était le projet, Nicolas Millet répondit qu’il n’avait plus entendu parler de ce projet depuis son installation en tant que maire (9 mois auparavant), qu’il n’avait point l’intention d’en poursuivre la réalisation, et que d’ailleurs, ce projet, eu égard aux événements politiques actuels, et à la misère publique, devait être abandonné. Sur la proposition formelle qui lui en fut faite, le conseil, à l’unanimité des membres présents, vota l’annulation des projets de construction et déclara "renoncer à leur résolution attendu que la dépense qu’ils entraîneraient serait inutile et sans résultat aucun".

Depuis plusieurs séances, Aristide Pillot n’assistait plus aux conseils municipaux.

Le choix  des travaux de restauration

C’est finalement dans sa session du 2 novembre 1849 que le conseil municipal approuva des plans de restauration signés de l’architecte Massiou  et prenant en compte une extension de l’église.

Une somme de 4 354,53 francs fut finalement votée à cet effet.

Exit Millet et Exit Faugas

En 1850, Nicolas Millet terminait un discours à la garde nationale à l'occasion de l'anniversaire de la IIème République par ces mots : « Vive la République démocratique et sociale !». Six jours plus tard il était suspendu par le Préfet et 3 mois après, le 10 mai, révoqué par Louis Napoléon Bonaparte, Président de la République.Il quitta la commune peu après puisqu'en 1852, il ne figurait plus sur les rôles d'imposition.

Le 15 février 1851, enfin, le Conseil municipal de Périgny suppliait "la bienveillance de Monsieur le Préfet pour solliciter auprès de Monseigneur l'évêque, le changement du curé Faugas", qui continuait de son côté à faire comme si le projet de construction n'avait  pas été abandonné. Il avait d'ailleurs déserté le presbytère pour résider à Saint-Rogatien,  avec, disait-il, l'assentiment de ses supérieurs. Finalement, il fut nommé curé de La Flotte le 3 octobre 1851.

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