André Morice

Qui était André Morice ? (lignes tirées surtout de Wikipédia)

Né le 10 octobre 1900 et décédé le 17 janvier 1990 à Paris, c’est un homme politique français,  fils d'Émile Morice (mort en 1931, mécanicien à la SNCF, syndicaliste, franc-maçon), conseiller municipal de Nantes de 1912 à 1927, vice-président du Comité radical socialiste de la Loire-Inférieure et militant laïque convaincu.

Membre du Parti radical, il a occupé des fonctions gouvernementales sous la IVème République, prenant nettement position pour le maintien de la présence française en Algérie, sans toutefois tomber dans l'action illégale. Sous la Vème République, il a été sénateur-maire de Nantes de 1965 à 1977.

André Morice est d’abord élève du lycée de Nantes et obtient un baccalauréat scientifique. Il étudie ensuite le droit à Paris et obtient une licence en droit. En 1924, il entre dans la loge maçonnique de la « Libre-conscience », affiliée à la Grande Loge de France et il milite aux Jeunesses laïques et républicaines (le mouvement de jeunesse du Parti radical) qu'il préside de 1930 à 1932. Il entre alors en contact avec des personnalités du parti, Jean Zay, président de la fédération du Loiret, et Léon Martinaud-Déplat.

Le 24 septembre 1931, André Morice fonde avec Théophile Padiou l'Entreprise nantaise des travaux publics et paysagers à la tête de laquelle il restera jusqu'en 1968.

À la même époque, appuyé par Gaston Veil, leader de la gauche radicale dans le département et patron du « Populaire de Nantes », André Morice s'impose progressivement comme le chef de file du radicalisme en Loire-Inférieure. En 1934, le congrès national du parti a lieu à Nantes ; André Morice y joue un rôle important comme commissaire général.

Alors qu'une fraction des radicaux rallie l'alliance démocratique, André Morice adhère au Front populaire. En 1935, il est élu conseiller municipal de Nantes sur la liste dirigée par le socialiste Auguste Pageot. En mai 1936, André Morice se présente aux élections législatives dans la troisième circonscription de Nantes. Il obtient seulement 3 884 voix, 25 % des suffrages exprimés. En juin 1936, il est tout de même élu président de la fédération radicale socialiste de Loire-Inférieure.

Par la suite, il prend des positions ouvertement anticommunistes et suit Édouard Daladier lorsque celui-ci rompt l'alliance avec la gauche (mars 1938). Il approuve évidemment les accords de Munich et les décrets-lois sur le temps de travail. En novembre 1938, il est nommé vice-président d'une structure régionale du parti, la Fédération radicale socialiste de Bretagne.

À la déclaration de guerre, il a 39 ans, veuf et chargé de deux enfants. Il s'engage (il est capitaine et commande une compagnie du Génie). Il est fait prisonnier le 28 mai 1940, envoyé à l'Offlag IV D, puis est libéré pour raison médicale en octobre 1943, hospitalisé au Val-de-Grâce où il est démobilisé le 9 février 1944. Il reprend ses activités dans son entreprise devenue Société nantaise des travaux publics et paysagers.

Pendant la guerre, l'entreprise a participé à la construction du « mur de l'Atlantique » par l'organisation Todt. Cette collaboration est l'objet d'une procédure judiciaire après la Libération. Il s'agit de savoir dans quelle conditions elle a eu lieu (volontairement ou sous la contrainte) et d'autre part quelle est l'implication personnelle d'André Morice. En effet, bien que prisonnier, il a participé à une augmentation de capital qui a eu lieu au début de l'Occupation. Les deux associés sont d'abord frappés d'une forte amende ; en appel, André Morice obtient le retrait de son amende personnelle. Mais cette affaire reviendra plusieurs fois sur la place publique : en 1946 et en 1949 dans la presse locale, en 1957 dans la presse nationale.

À la Libération, il reprend la direction de l’Entreprise nantaise de travaux publics ainsi que sa carrière politique.

Dès octobre 1944, il réorganise la fédération départementale du Parti radical, avec l'appui du journal Le Populaire de Nantes, rebaptisé Le Populaire de l'Ouest qui reparaît en mars 1945, dont André Morice possède 20 % du capital et est vice-président et directeur. En avril 1945, il est réélu conseiller municipal de Nantes sur une liste d'union de la Résistance conduite par Jean Philippot et regroupant communistes, socialistes et radicaux socialistes. Il est nommé quatrième adjoint.

Il est élu député radical de la Loire-Inférieure dès octobre 1945 (Première Constituante) et siègera à l’Assemblée nationale jusqu’en 1958. Il doit sa victoire au vote des campagnes, secteur qu'il a particulièrement travaillé avant l'Occupation. Mais il est le seul député radical de l'Ouest et le groupe ne comporte plus que 25 membres. André Morice adopte une attitude d'opposition en menant une active campagne contre le tripartisme (PCF, SFIO, MRP). Il intervient activement devant l'assemblée, notamment lors du débat sur l'organisation de la Sécurité Sociale. Le 19 avril 1946, il vote contre le texte constitutionnel qui va d'ailleurs être rejeté par référendum. Dans la Seconde Constituante, il est toujours aussi actif et de nouveau vote contre le projet de constitution, qui cette fois est acceptée.

Durant la première législature, après la rupture du tripartisme et la formation de la Troisième force à l'automne 1947, les radicaux-socialistes deviennent un des partis charnières ce qui va permettre à André Morice d'être de tous les gouvernements successifs jusqu'en juin 1953.

En novembre 1947, il est nommé sous-secrétaire d’État, puis secrétaire d’État, à l'Enseignement technique, puis secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, poste qu'il occupe jusqu'en août 1951, mis à part un bref passage comme ministre de l’Éducation nationale en 1950.

Seconde législature

Aux élections de juin 1951, André Morice conduit la liste d'Union des Républicains, comprenant le parti radical, le RGR et le Groupement national de défense des libertés professionnelles et des contribuables. Il fait une campagne à la fois anticommuniste et antigaulliste. D'août 1951 à mars 1952, il est ministre de la Marine marchande ; de mars 1952 à juin 1953, ministre des Transports.

Puis, André Morice est écarté des gouvernements Laniel et Mendès France. Bien qu'il ait voté l'investiture de Pierre Mendès France et les accords de Genève, il contribue à la chute de son gouvernement au début de 1955. Il est ministre du Commerce de février 1955 à février 1956 avec Edgar Faure.

Durant cette période, au sein du parti radical, il appartient au courant « néo-radical » opposé au courant situé plus à gauche qui s'affirme avec l'apparition du mendésisme. Les oppositions portent notamment sur la politique coloniale et sur l'Europe. André Morice et les néo-radicaux sont en effet partisans du maintien du système colonial et de l'unification européenne (affaire de la CED). Ils se retrouvent dans la minorité lorsque Mendès France, malgré sa chute en février 1955, prend la direction du parti au congrès extraordinaire de Wagram, le 4 mai 1955. L'exclusion de René Mayer et de Léon Martinaud-Déplat en décembre 1955 fait de lui le leader de l'opposition à Pierre Mendès France.

Troisième législature et question algérienne

André Morice soutient la politique algérienne du gouvernement de Guy Mollet, qui va amener Mendès France à démissionner. En avril 1956, il fait partie, avec l’indépendant Roger Duchet, l’ex-gaulliste Jacques Soustelle et l’ex-MRP Georges Bidault, de l'équipe fondatrice de l'Union pour le salut et le renouveau de l'Algérie française.

Lors du congrès radical de Lyon en octobre 1956, les oppositions aboutissent à une scission : avec Henri Queuille, André Marie et Vincent Badie, ainsi qu'une quarantaine de parlementaires, il quitte le parti pour fonder le Centre républicain, dont il est secrétaire général. Il est suivi par 94 % des militants de Loire-Inférieure.

De juin à novembre 1957, il est ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury. À ce titre, il conçoit la Ligne Morice, un barrage électrifié et miné pour séparer le territoire de l’Algérie de ses voisins et empêcher les infiltrations d’éléments de l’Armée de libération nationale. Il doit subir les attaques du PC, avec notamment un discours de Jacques Duclos rappelant que son entreprise est « spécialiste des murs fortifiés », ce qui fait ressurgir dans la presse son dossier de 1945.

Après son départ du gouvernement, il affirme fortement sa position « Algérie française » ; en mars 1958, l'Union pour le salut... revendique un gouvernement de Salut public. La presse donne aux quatre hommes le surnom de « quatre mousquetaires de l'Algérie française ». En mai 1958, il est pressenti par René Pleven pour la Défense nationale, mais les radicaux refusent catégoriquement sa présence et Pleven renonce à former un gouvernement. Il refuse l'investiture de Pierre Pflimlin. En revanche, il approuve les événements d'Alger et demande « de toute urgence la constitution d'un gouvernement d'union et de salut national ».

Il vote donc l'investiture du général de Gaulle (1° juin) et la Constitution de la Cinquième République (septembre 1958)

Aux élections législatives de 1958, il est battu dans la 5e circonscription (Châteaubriant) par le candidat MRP, l'agriculteur Bernard Lambert.

Candidat lors des élections sénatoriales de 1959, il subit encore un échec.

Par la suite, il lutte contre l'évolution de la politique algérienne du général de Gaulle (« autodétermination », en septembre 1959) sans aller jusqu'à entrer en relations avec les éléments séditieux de l'OAS, contrairement à Bidault et Soustelle.

 

Fonctions gouvernementales

  • Sous-secrétaire d'État à l'Enseignement technique du (du 26 novembre 1947 au 26 juillet 1948)
  • Secrétaire d'État à la Présidence du Conseil et à l'Enseignement technique du gouvernement André Marie (du 26 juillet au 5 septembre 1948)
  • Secrétaire d'État à l'Enseignement technique, à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement Henri Queuille  (du 11 septembre 1948 au 28 octobre 1949)
  • Secrétaire d'État à l'Enseignement technique, à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement Georges Bidault  (du 29 octobre 1949 au 2 juillet 1950)
  • Ministre de l'Éducation nationale du gouvernement Henri Queuille  (du 2 au 12 juillet 1950)
  • Secrétaire d'État à l'Enseignement technique, à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement René Pleven  (du 12 juillet 1950 au 10 mars 1951)
  • Secrétaire d'État à l'Enseignement technique, à la Jeunesse et aux Sports du gouvernement Henri Queuille  (du 10 mars au 11 août 1951)
  • Ministre de la Marine marchande du gouvernement René Pleven  (du 11 août 1951 au 20 janvier 1952)
  • Ministre de la Marine marchande du gouvernement Edgar Faure  (du 20 janvier au 8 mars 1952)
  • Ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme du gouvernement Antoine Pinay (du 8 mars 1952 au 8 janvier 1953)
  • Ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme du gouvernement René Mayer (du 8 janvier au 28 juin 1953)
  • Ministre de l'Industrie et du Commerce du gouvernement Edgar Faure  (du 23 février 1955 au 1er février 1956)
  • Ministre de la Défense nationale et des Forces armées du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (du 13 juin au 6 novembre 1957)

 

Œuvres publiées

Cf. : catalogue du SUDOC

Les Fellaghas dans la cité, Éditions du PO (Populaire de l'Ouest ou Presse-Océan), 1959.

Préface de Nantes-Saint-Nazaire, métropole d'équilibre, Imprimerie Chantreau, Nantes, 1967.

 

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