Spiral-Liquidation judiciaire

Sud-Ouest

Jeudi 11 Mars 2010


PÉRIGNY. Repris en 2009, l'équipementier devrait être placé en liquidation judiciaire

Spiral-Concord une nouvelle fois au bord du gouffre

La série noire se poursuit pour les salariés de Spiral-Concord, à Périgny, dont l'histoire récente tient de la descente aux enfers. Fondée en 1987 par quatre associés, sous l'impulsion de Peugeot Auto pour fabriquer des mécanismes d'amortisseurs, Spiral avait, en 2003, dû sa survie à un premier plan de sauvetage. Comptant sur un solide contrat avec PSA, l'équipementier automobile s'était alors diversifié avec succès, décrochant des marchés de sous-traitance aéronautique auprès d'EADS-Sogerma et industrielle avec Schneider. Mais un net recul d'activité annonçait, en 2007, le retour des difficultés, encore accrues en 2008 par un conflit d'actionnaires. Privée de dirigeants, l'entreprise était placée, à l'automne de cette même année, sous la tutelle d'un administrateur judiciaire, avant d'être cédée, en janvier 2009, au groupe Gema.

Dans la nébuleuse BKC

Fondé par le père de l'actuel dirigeant, Cédric Taveau, ce groupe spécialisé dans l'usinage industriel, basé à Wissous, en région parisienne, possède également Walor Aerospace, une PME de 41 salariés basée à Rocheservière, en Vendée. Et si la famille Taveau et son jeune représentant restent partie prenante au capital, notons que l'actionnaire principal de Gema (à 34 %) n'est autre que le désormais célèbre groupe BKC (Bernard Krief Consulting). L'attelage de l'industriel Gema et du financier BKC a, un temps, laissé planer quelques lueurs d'espoir à Périgny. Voir l'article de Bakchich.info sur BKC.

Mais il a fallu rapidement déchanter : les effectifs de Spiral ont aussitôt été réduits de moitié (de 68 à 31 salariés aujourd'hui).

Et, dans un contexte aggravé par la crise du secteur, l'entreprise n'était sans doute pas sous son meilleur jour pour relever les défis posés par un client tel que la Sogerma. « Gema ne nous a pas apporté la dynamique industrielle attendue, et BKC est resté en complet retrait, n'apportant ni projet, ni management de groupe, ni fonds propres pour nous permettre d'exister », confie-t-on en interne, avec pas mal de regrets : « Tous les salariés sont attachés à l'entreprise qui a su, dans des conditions difficiles, préserver et honorer ses contrats avec PSA et Schneider ».

Pas de salaires en février

Si les machines tournent encore à ce jour à petit régime, c'est d'ailleurs grâce aux salariés et à l'encadrement local : engagé en décembre, le bras de fer juridique entre les syndicats et le directeur Cédric Taveau (1) semble mener à l'impasse. Le 26 janvier, le tribunal de commerce rejetait le projet de la direction de licencier 14 personnes, projet incompatible avec le jugement de cession prononcé un an plus tôt. Engagée dans la foulée, une procédure de cessation de paiement est en cours. Les salaires n'ont pas été payés en février.

Un autre signe ne trompe malheureusement pas : de leur côté, les salariés vendéens de Walor Aerospace viennent également de manifester contre le licenciement de 11 des leurs...

Mardi prochain, le tribunal de commerce de La Rochelle se penchera une nouvelle fois sur le sort de Spiral. À l'ordre du jour : la résolution du plan de cession et la liquidation judiciaire. « On a le sentiment de s'être fait berner », lâche Christophe Durand, délégué CGT. « Ce qu'on espère encore ? Être placé sous administration provisoire, et trouver un repreneur. Honnête. »

(1) Nous avons, sans succès, tenté de joindre Cédric Taveau hier soir.

Auteur : Christophe Galichon

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