Dans les nuances innombrables des verts,
Les rares taches jaunes du colza
Éclairent le damier des champs délétères
Piquetés d'éphémères petits bois.
Ah ! Que la plaine est lisse en Aunis !
Ses ondulations basses, ses horizons fuyants
Pour ses fervents de vraies délices
Alanguissent et rendent nonchalant !
Balayé souvent par le vent marin
De son vin l'Aunis est en deuil.
Il a depuis longtemps pleuré ses treuils,
Ruinés, comme le furent ses moulins.
Les espoirs encore s'amoindrissent
À l'écart des chemins caillouteux
Une fois pénétrés les quéreux
Et bu l'eau du puits au calice
Ses maisons ont peu de charme
Ses villages sont sans génie.
C'est le pays du vague à l'âme
De la banalité et de l'ennui.
Mais son sang, sa vie, son miel,
Mènent tout droit à La Rochelle,
Ruche active de cigales versatiles,
Porte océane ouverte sur les îles.