Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime, éditions Flohic, Paris, 2002, indique p 197 que "des tuiles à rebords, trouvées près de La Gillebergère prouvent que le site d'Angliers fut habité dès l'époque gallo-romaine. Le bourg se dévelopa en un lieu déjà occupé au VIIème siècle. Il devint une seigneurie. La puissante famille de Mauléon s'y installa après avoir reçu Benon. La seigneurie d'Angliers devint indépendante vraisemblablement au XIVème siècle. Les familles Barreault et Langlois s'y succédèrent. Au XVIème siècle, les seigneurs du lieu portèrent le nom d'Angliers. Au XVIIème siècle, la seigneurie appartint à la famille de Saint Ligier. S'y succédèrent ensuite les Meurgniers, les de Rossy, les Marin, les Briçonnet, les Guinot et les Catlay. La Révolution française provoqua l'émiettement du domaine."
Un autre ouvrage de référence : Jean-Claude Bonnin, avec la participation de Pascal Thébeaud, professeur au collège Marie-Eustelle de Marans, Notes historiques sur Angliers en Aunis, Préface de M. Lucien Tublet, Maire de la commune d’Angliers, édition d’auteur, La Rochelle 1991
Résumé
Les anciens seigneurs d’Angliers
Vers 1100, la terre d’Angliers faisait partie du domaine de Benon, propriété des ducs d’Aquitaine et comtes du Poitou, jusqu’à 1199 et l’échange que fit Aliénor d'Aquitaine avec Raoul de Mauléon, aussi seigneur de Châtelaillon et de l’île de Ré, la seigneurie de Benon devenant alors seigneurie particulière. L’abbaye de Nieul-sur-l’Autize y installa un prieuré qui desservit l’église paroissiale dédiée à Saint-Pierre.
Le prieuré-aumônerie Saint-Gilles d’Angliers, dépendant de Saint-Gilles de Surgères reçut le don d’un important domaine à Angliers. L’abbaye des Châteliers, reçut aussi à Angliers en don, avant 1249, un fief important dit "fief de Ré".
Ce n’est qu’au XIVème siècle qu’Angliers apparut en tant que seigneurie. Hélie Barrault fut le premier seigneur d’Angliers connu. Son nom apparaît dans un acte de 1382 passé avec le Commandeur de Bourgneuf.
En 1400, Jehan Deniet était seigneur d’Angliers.
La famille Langlois lui succéda : Jean Langlois, maire de La Rochelle en 1470 ; Pierre Langlois, écuyer puis chevalier, licencié es lois, seigneur d’Angliers, de Coulonges et de Boissant, puis de La Rivière et de Montroy, fut sénéchal de Montroy en 1482, Lieutenant général de La Rochelle en 1488, sénéchal du comté de Benon de 1490 à 1505, maire de La Rochelle en 1492 (il vivait encore en 1517 et substitua le nom d’Angliers à celui d’Anglois) ; Jean d’Angliers était seigneur en 1504 (et aussi seigneur de Millécus) ; Pierre d’Angliers, seigneur de la Sauzaie, en 1526 ; Claude d’Angliers, « le chevalier craintif » (voir le récit d’Arcère), Lieutenant général puis juge de La Rochelle, en 1546 ; René d’Angliers, entré d’abord en religion, il fut prieur de Saint-Xandre de 1556 à 1563, chanoine de Saint-Jean Dehors à La Rochelle en 1557, aumônier d’Esnandes, mais devint protestant en 1563 et son frère Claude lui donna la seigneurie d’Angliers ; René décédé sans héritier, la seigneurie revint à son frère Claude qui avait épousé en 1542 Catherine Joubert (voir La Roche Barangère, voir Esnandes).
Claude d’Angliers puis d’Angliers de Joubert, écuyer, fut seigneur d’Angliers en 1599, de Beauregard, la Sauzaie et la Salle d’Aytré ; Scipion d’Angliers (cousin du précédent) posséda la terre en 1617 et eut 2 filles : Marie et Claude ; cette dernière épousa Jacob de Saint-Légier en 1613 contre l’avis de son père qui fit condamner Jacob à mort ! La sentence ne fut exécutée qu’en effigie (voir le récit de Merlin) mais Jacob mort peu après, Claude se remaria avec Nicolas Guinot en 1627.
Son fils, René de Saint-Légier, chevalier, seigneur de la Sauzaie vendit la seigneurie d’Angliers en 1644 à Pierre Viette, seigneur de Varaize, mais exerça un droit de retrait lignagier au bénéfice de son fils René.
en 1645 Benjamin Meurguier, seigneur de Beauséjour, acheta la seigneurie ; elle passa ensuite aux mains des de Rossy, des Marin et en 1688 des Briçonnet et enfin des Guinot en 1728 ; la famille de Cathay, enfin, l’acheta en 1764 et en resta propriétaire jusqu’à la Révolution.
En 1813, Pierre Marc André Joseph Chasteau, maire de la commune en devint propriétaire.
L’église
Le portail peut être daté de 1100-1130. Le chœur fut reconstruit au XVème siècle. Une sacristie fut construite en 1830 avec des matériaux provenant des ruines de l’ancienne cure. La cloche fut installée en 1641. Les fonds baptismaux furent créés en 1651. À la Révolution, le prieur curé, Jean-Baptiste Deveaux prêta serment. Le dallage a été refait en 1901.
Le Fief de Ré et le Logis noble de Ré
Savary et Raoul de Mauléon firent don à l’abbaye des Châteliers de Ré d’un fief situé à Angliers qui prit le nom de Fief de Ré. En 1249, Aymeri Olivier donna à l’abbaye sa dîmerie d’Angliers (droit de dîme). Les religieux firent construire un moulin et un four banal. En 1563, le roi de France Charles IX ordonna la mise en vente du temporel de toutes les églises et Jacques Henry, sieur de Monsidun, marchand pair et bourgeois de La Rochelle achèta le fief. En 1645, Pierre Viette, seigneur de Varaize possédait la seigneurie de Ré. La famille Huet lui succéda. Un siècle plus tard, la famille Galiffet puis la famille Barbot furent seigneurs de Ré.
Anciens fiefs et autres lieux-dits
La Gillebergère
Ce lieu aurait été occupé dès l‘époque gallo-romaine. En 1076, Guillaume d’Aquitaine le donna à l’abbaye de Montierneuf de Poitiers. Il passa sous l’obédience du prieuré Saint-Laurent de Bouhet, membre de cette abbaye. La Gillebergère fut par la suite aliénée et fut en possession au XVIIème siècle d’une branche de la famile Viette puis au XVIIIème siècle de la famille Valentin de Montbrun.
La Bertrandière
Elle doit son nom à Port-Bertrand (commune de Saint-Sauveur). Ele appartint à la famille Huet.
Mouchedune
La seigneurie de Mouchedune avait droit de haute, moyenne et basse justice et devait foi et hommage lige, pour un baiser et un éperon doré à la Gremenaudière et baillage de Cheusses. Vers 1610, Jean Pouget était seigneur de Mouchedune, puis ce fut la famille Regnaud (protestants). Élie Regnaud abjura le protestantisme en 1685 « dans la chapelle de la Chausselière, en la paroisse de Vérines ». À partir de 1640, la terre de Mouchedune fut possédée par la famille Gerbier. Lors de la Révolution, Laurent Auguste Marie Gerbier de Mouchedune fut maire de la commune d’Angliers en 1792.
Le pigeonnier est l'unique vestige du logis noble de Mouchedune.
Le Peu
Fief détaché de la seigneurie d’Angliers, le Peu est mentionné dès 1246. Il appartint à René de Vivonne, chevalier de l’ordre du Roi, seigneur de Bougouin et d’Épannes puis en 1572 à Jacques de Montberon, écuyer et seigneur de Beaulieu et d’Usseau.
Saint-Gilles et les Loges d’Angliers
Le prieuré-aumônerie Saint-Gilles de Surgères avait reçu au XIIème siècle un important domaine situé à Angliers qui prit le nom de Saint-Gilles d’Angliers. Il y avait aussi une maison aux Loges. Les guerres de Religion ruinèrent le prieuré de Surgères. En 1600 le baron de Surgères donna la gestion aux Minimes de Touraine qui en eurent la possession jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
La cour des Loges
Propriété de la Commanderie de Bourgneuf depuis 1392, la métairie des Loges fut saccagée vers 1621 par l’armée du duc d’Epernon en garnison à Nuaillé.
Saint-Éloi ou la chapelle du Bot de Nuaillé
Une chapelle Notre Dame de Monvinars existait vers 1350 près de Nuaillé.
Les moulins
Au moyen-âge, le moulin étant une prérogative seigneuriale, chaque seigneurie, en principe, en possédait un. En 1847, Angliers comptait 3 moulins à vent : le moulin d’Angliers, le moulin Boutillon et le moulin neuf ou moulin Plisson.
Le port Bertrand
Il n’est pas sur le territoire d’Angliers mais lié à la commune. Mentionné dès 1264, c’était un pasage important à travers le marais pour les voyageurs qui allaient de La Rochelle à Niort. Le comte de Benon y percevait un péage pour l’entretien de la chaussée. La métairie appartenait à l’abbaye de la Grâce-Dieu de Benon.