Histoire de Benon

De l’époque néolithique, demeurent plusieurs tumuli importants situés au lieu dit Champ-Châlon. Découverts en 1979 par Frédéric Bouin, de Courçon, dans une portion des bois communaux de La Laigne, ces monuments mégalithiques datent peut-être du IVème millénaire avant J.C. même si on a pu estimer que le peuplement se fit sur la côte vers 5300 avant J.C. par une population venant de la Méditerranée (théorie Jousseaume). 

Des tertres architecturés de terre et de pierre protègent un ou deux dolmens. Les tumuli, placés sur une ligne de crête. Ce  sont un repère dans le paysage : ils marqueraient un territoire et seraient en même temps une marque de religiosité. Une hache polie provenant d’un atelier localisé dans les Côtes d’Armor y a été retrouvée. Elle témoigne de l’extension et de la multiplication des échanges au néolithique. Champ-Châlon a été fouillé en 1980 par Roger Jousseaume, chercheur au CNRS. Actuellement, en comptant les trois tumuli de la butte des Moindreaux (dont le plus grand atteint 80 m de long), 17 tumuli sont répertoriés !

Le tumulus B, assez petit (8m de long), se caractérise par deux stades de construction. Un premier tumulus circulaire est camouflé par un mur extérieur quadrangulaire construit après l'adjonction de la deuxième chambre. les deux couloirs d'accès, parallèles, disparaîssent donc à la vue d'un observateur extérieur. Chambres et couloirs sont dallés en "opus incertum". Chaque chambre ne renfermait que 4 ou 5 squelettes. Les pierres ayant servi à construire ces monuments ont été prises juste à côté des tumuli. Le tumulus C est orienté lui aussi est-ouest. La partie la plus à l'oust contient une chambre et le reste du tumulus est constitué d'un système alvéolaire. Chaque alvéole devait être remplie puis recouverte chacune à son tour. l'ensemble mesure 25 mètres environ. (J.F. Wacrenier).

Trois lieux d'habitat sont aussi conus autour de La Laigne. Ce sont des camps dans lesquels la population vivait et stockait des marchandises. Le premier découvert, au leu-dit "Les Pieds de Cressé", présente un système défensif constitué de quatre fossés et de remparts entre les fossés. On y pénétrait par des portes bien protégées.

Devenue au Moyen-Âge siège du gouvernement du Pays d’Aunis, Benon compta sous ses ordres 4 baronnies, Mauzé-sur-le-Mignon, Surgères, Nuaillé et Poléon.

Un castrum de plan ovale existait certainement antérieurement au château dont l'histoire s'identifie à la période médiévale. Son donjon s’élevait au milieu d’une place entourée de deux chemins de ronde et de trois larges douves qui avaient dix toises de large et dix-huit de profondeur. Il avait aussi 2 chemins de ronde (Arcère).

Construit sous Guillaume IX (le Troubadour), duc d'Aquitaine et comte de Poitiers avant 1096,  le château fortifié de Benon avec toute l’étendue de son ressort, fut donné par Aliénor d'Aquitaine en 1199 à Raoul de Mauléon, seigneur de Talmond, par la reine Alienor, en échange de La Rochelle. 

Ce château, dont il ne reste qu’une partie des douves et la tour Duguesclin, fut le théâtre de combats acharnés entre Anglais et Français pendant la guerre de Cent Ans. Pris en 1346 par le comte de Derby (le Prince Noir), il fut aussi assiégé entre autres, par Du Guesclin en 1372. À cette occasion il fut le théâtre d'atrocités puisque la garnison fut passée au fil de l'épée tandis qu'un chavalier de Du Guesclin, Olivier de Clisson, taillait en pièces à coups de hache une quinzaine d'Anglais desarmés après leur reddition.

Le château brûla en 1593. Richelieu en réclama la destruction complète après le siège de La Rochelle en 1628.

Des terres et des droits sur la forêt furent données par Guillaume X en 1136 à Bernard de Clairvaux pour y construire une abbaye. Ce fut l’origine de l’abbaye cistercienne de la Grâce-Dieu.

Aliénée en 1301 par Philippe IV le Bel et de nouveau en 1335 par Philippe VI de Valois, la forêt fit l’objet d’un échange entre Pétronelle de Thouars et Charles V qui érigea Benon en Comté.

Lors de la « Réformation Générale des Forests », Colbert préconisa l’interdiction de couper les taillis avant la dixième année et l’obligation de conserver 16 baliveaux par arpent.

En 1839, les statistiques de Gautier nous font connaître que le charbon de Benon, d’une excellente qualité se vend à La Rochelle « de 25 à 30 pour cent au dessus de tout autre charbon... » Cette qualité étant due à la conception des fours : « Ces chambres ont 6 mètres et demi en carré ; leurs murs formés de moellons liés avec de la terre ont près de 5 mètres de hauteur, leur couverture est composée de planches et de tuiles disposées de manière qu’il existe entre chaque planche, un espace de 3 à 5 centimètres pour laisser un libre passage à la fumée ». De nombreux détails sont donnés sur l’aménagement intérieur de la chambre, la qualité du bois, la façon de le disposer et la manière d’en faire la cuisson. « Les morceaux de charbon qu’on en retire ont souvent 8 cm et plus de diamètre, ils sont assez longs pour en faire des fagots ».

Il y a également « l’exploitation d’une sucrerie indigène : cent hectares de terre destinés par rotation septennale à la culture de betteraves, donnent des produits qui convertis en sucre brut, s’élèvent, année variable, depuis l0 jusqu’à 50 000 kilogrammes dont la vente s’effectue en grande partie sur la place de Bordeaux. ».

En 1848, la comtesse de Cayla, qui possédait 2167 hectares de forêt, et sa fille la princesse de Craon en limitèrent l’exploitation ainsi que les droits d’usage ; sur les 133 000 stères de bois consommés à La Rochelle en 1867, 15 000 stères seulement provenaient de la forêt de Benon. Plusieurs procès opposèrent la comtesse et sa fille aux communes et à une commission syndicale pour l’usage de la forêt créée en 1870.

Ce fut suite à l’un de ces procès, que la commune de Benon fit ériger en 1877 la tour de l’horloge, avec les dédommagements payés par la princesse de Craon. Alors que l’édifice de 18 m de hauteur, était visible du château, l’horloge fut volontairement installée sur la face opposée, comme un défi à la châtelaine. Comme la tour avait coûté plus cher que l’horloge elle-même et que le projet avait été adopté par six conseillers, la sagesse populaire la surnomma « la tour des six sots ».

C’est encore la comtesse de Cayla qui fit construire un haras sur le chemin qui relie La Laigne à Benon. Ayant dépensé des sommes importantes pour l’acquisition, auprès du baron de Jumilhac, du château de Benon et de la forêt, elle espérait refaire fortune en élevant des chevaux et des moutons d’Abyssinie et d’Arabie. Mais elle dut se séparer rapidement de son régisseur qui commettait des actes délictueux.

En 1895 une partie du domaine forestier de la famille de Craon fut vendue par le tribunal de La Rochelle. Depuis cette époque, de nombreux changements de propriétaires et divisions de parcelles ont eu lieu. D’une superficie de quelques hectares à plusieurs centaines d’hectares, elles sont pour la plus grande partie propriétés privées, plus particulièrement affectées à la chasse.

Plusieurs communes sont propriétaires de parcelles gérées par l’O.N.F.

En 1985, fut créé un arboretum destiné aux essais de différentes essences de bois adaptées au terrain, pour des plantations futures. D’autre part, le département de la Charente Maritime est devenu propriétaire de 133 hectares, acquis semble-t-il, plus particulièrement pour la conservation et l’accueil.

Les parties en caractères droits sont plutôt inspirées de Denis Chapacou qui a évoqué l’histoire de la forêt de Benon dans un article paru dans le bulletin SMMA en septembre 1995. Celles en italique sont inspirées plutôt du « patrimoine des communes de la Charente-Maritime », éditions Flohic, Paris 2002.

Cliquez !c! pour voir l'histoire de Benon d'après Arcère

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