Résumé de "Il était une fois La Rochelle, Les Minimes", de Damien Pesché
Année 2000, trimestriel, Revue d’histoire, de géographie et d’ethnographie. Relié, 32 pages.
Les Gallo-romains aux Minimes
L’histoire de ce quartier remonte à l’Antiquité, comme l’ont révélé des fouilles entreprises entre 1979 et 1982 au parc des Pères, suite à des travaux de terrassement.
On a ainsi découvert l’existence d’une villa gallo-romaine agraire qui a été occupée entre la fin du Ier siècle et le IVème siècle, sur plus d’un hectare. On y retrouva le logement du maître, orienté au SO selon les préceptes de Columelle, des balnéaires à hypocaustes, des fragments de fresques peintes, de la céramique, une pointe de pilum, du verre, des fibules, un puits inachevé transformé en dépotoir rempli de restes d’animaux et à l’est, une exploitation agricole (vigne) avec des citernes, une forge, des outils. Au nord, le logement des employés avec 2 balnéaires avec chauffage rayonnant. On ne constata aucune trace d’occupation après les grandes Invasions.
Le Grand siège de 1627-1628
La pointe des Minimes s’appelait alors la pointe de Coureilles. On y a retrouvé les vestiges de bateaux coulés pour construire la digue sous Richelieu. Le duc d’Angoulême et les troupes royales s’installèrent en septembre 1627 sur la pointe de Coureilles. La digue fut commencée en novembre.
Le Père Coutant raconte : « Les gabares apportant les bois tirés des forêts de Saintonge abordaient sur le platin au lieu-dit « casse-gueule » (…) 6000 ouvriers travaillaient à la digue qui coûta 5 millions de pièces d’or de l’époque. »
Les officiers logeaient au fort de Marillac (plus près de la pointe de Coureilles). Il y avait aussi 2 autres forts, celui de Coureilles (sur la pointe de Coureilles) et le fort d’Orléans (à l’emplacement du vieux village actuel).
Pendant le siège, 3 religieux Minimes de Surgères servirent d’aumôniers aux troupes royales. Le roi leur donna le terrain du cimetière et la chapelle et fit construire un couvent en 1634. Une plaque y fut apposée en 1675 : « Louis XIII a soumis La Rochelle rebelle, insolente et hérétique à la loi de Dieu et de son Église, comme à celle de son sceptre. » Cette plaque fut détruite en 1757. Le couvent des Minimes qui donna son nom au quartier, fut vendu à la Révolution comme bien national.
Dès le XIXème siècle, une vocation maritime
En 1804 la construction d’un lazaret fut envisagée. (Un lazaret était un établissement destiné à retenir en quarantaine les bateaux soupçonnés d’être porteurs de maladies contagieuses).
En 1827, Charles X approuva ce projet qui fut déclaré d’utilité publique.
La digue du Lazaret fut achevée en 1831.
1860 vit la création de la Société des Régates Rochelaises et les premières régates furent organisées en août 1860.
La population des Minimes
Il y avait aux Minimes deux communautés distinctes.
Au nord, la Ville en Bois était un bidonville proche du bassin à flot extérieur (achevé en 1848 et agrandi en 1922). La vase y atteignait une épaisseur de 15 m, les constructions devaient donc être en bois par souci de légèreté.
Ses occupants étaient surnommés « Les Peaux Rouges » par les Rochelais « intra-muros ».
28 familles originaires de la Ville en Bois furent relogées en 1971 à la cité Louise Magnan (Louise Magnan était une assistante sociale créatrice de l’association La Fraternité en 1951).
Au sud une centaine d’habitants vivaient au vieux village, de la pêche, des huîtres, des anguilles et une dizaine de l’agriculture.
Le Mur de l’Atlantique
3 bunkers, Léopold, Léo et Lukas furent construits pendant l’Occupation pour abriter des batteries d’artillerie entourées de champs de mines-anti-personnel. La DCA était à Coureilles ainsi qu’une unité hippomobile de 80 chevaux.
4 casemates camouflées en habitations en arrière desquelles se trouvaient 2 soutes à munition et 3 abris pour le personnel furent démolies à l’explosif dans les années 70 pour construire le lycée hôtelier.
Une très grande ambition
Avec l’essor du tourisme dans les années 60, le « yatching » devint « la plaisance ». Les installations portuaires rochelaises étaient devenues insuffisantes. Du coup les élus envisagèrent la construction d’un port aux Minimes.
Mais dès le premier projet municipal, l’ambition était de faire des Minimes un des plus grands et modernes ports d’Europe.
Yves Tricaud : « Si mes souvenirs sont exacts il y avait un projet de port en lourd à La Pallice, qui a été abandonné au profit du Verdon sous l’influence de Chaban Delmas, alors premier ministre. En compensation, Salardaine, maire de La Rochelle, a obtenu que la subvention d’état prévue soit affectée au moins en partie à un port de plaisance. »
En 1966 la maîtrise des études est confiée à une SEM, le Cermil (Centre d’Études Rochelais pour Les Minimes et le Littoral), devenue la SAREL en 1968 (Société d’aménagement de La Rochelle et du Littoral). Le conseil d’administration de la SAREL était constitué par la ville, 2 filiales de la Caisse des Dépôts et un pool bancaire emmené par la Banque de l’Union Parisienne, filiale de Suez.
Le projet étudié par la SAREL était gigantesque : 3000 postes à quai et 4500 logements dont 3500 en immeubles collectifs de 7 à 10 niveaux, + une pyramide de 50 étages (135m de haut). Des voiries impressionnantes coupant Tasdon et Bongraine en 2.
En 1964, le projet était estimé à 15 millions de francs.
L’entreprise choisie fut Truchetet et Transini.
Le travail dura nuit et jour pendant 6 mois avec un camion toutes les 2 minutes. (Crépeau a cherché à réparer les préjudices subis par les pêcheurs locaux en allouant à tous ceux qui possédaient une plate un appontement à vie).
L’appel d’offres fut approuvé en 1968 et le marché signé le 17 septembre 1969 entre la ville et TT.
La réception des travaux eut lieu le 5/07/1971. La première tranche avait coûté 18 millions.
En octobre 1971, le Conseil municipal décida de poursuivre les travaux pour 7,5 millions de francs sur les années 1972 à 1975. Pour ces deux premières tranches, les subventions de l’État furent de 6,6 millions.
Vers un nouveau quartier de La Rochelle : Le changement de cap
Après 1971, la SAREL fut mise en sommeil et la municipalité tenta de reprendre la main. La densité fut réduite de 50%. Voiries et parkings durent reculer au profit des espaces verts, l’ancien village fut préservé, la hauteur des bâtiments limitée.
400 bateaux étaient accueillis en 1972 puis 750 en 1973.
En 1975 la ZAC fut décidée. 425 équivalents logements collectifs, 105 logements individuels, des commerces et une école maternelle étaient en projet.
Au début des années 80
La dernière partie du port, le bassin Marillac, face à l’ancien village fut dérochée en 1978. Les services les plus importants furent regroupés sur le môle d’escale en 1975 : la capitainerie, ouverte en 1979, l’école de voile, le club house, la zone artisanale avec une douzaine d’ateliers ou de commerces, le grand pavois (créé en 1972), la petite plage du Lazaret ensablée en 1978 (100 000 m3), le parc de la pointe, le musée océanographique (ouvert en 1982), le bus de mer, l’auberge de jeunesse (250 lits, ouverte en 1978).
À la recherche d’un nouveau souffle
Un nouveau schéma d’aménagement fut établi en 1984 : réduction des surfaces d’habitat, installation d’équipements publics comme le lycée hôtelier, l’hôtel du Conseil général, une école de quartier, l’aquarium, un camping.
L’échec du projet d’un parc résidentiel de loisirs
Des deux sociétés concurrentes pour réaliser ce projet (2000 vacanciers accueillis sur 25 ha d’un seul tenant, restaurants, commerces, piscine subtropicale), aucune ne parvint à réunir les fonds nécessaires.
Sur cet emplacement furent construits les facultés de droit et de sciences, l’école supérieure de commerce, l’EIGSI, 1500 logements et des salles de cinéma.
La dimension actuelle : le quartier phare du dynamisme rochelais
L’IUT depuis 1970, précèda les archives départementales, le lycée hôtelier, l’Aquarium, le Centre des Congrès, le village informatique, le Technoforum…
Le Gabut, qui, réalisé en 1988, reliait La Rochelle au quartier des Minimes.
L’université
Le Conseil des ministres prit la décision le 7 mai 1990 d’établir une Université à La Rochelle. L’objectif des 10000 étudiants en 2000 ne fut cependant pas atteint mais l’université comptait environ 6150 étudiants en 2001.