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fouilles à Saint-Christophe

  21 mai 2011 06h00 | Par Frédéric Zabalza

Ceux qui creusent, trouvent

Depuis dix ans, l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) permet d'approfondir les connaissances historiques, en Charente-Maritime. Un chantier est ouvert au public, ce week-end, à Saint-Christophe.

 

Les archéologues de l'Inrap ont trois mois pour passer au peigne fin un terrain d'un hectare, où se trouvait peut-être l'ancien bourg médiéval de Saint-Christophe. Photo Xavier Léoty

 

 

Un champ de pierres, où sont creusés et balisés çà et là des trous profonds laissant apparaître d'autres pierres, qu'une poignée de forçats s'acharne à dépoussiérer, avec la patience du balayeur qui s'emploie à nettoyer la grande cour de la Cité interdite.

Voilà à quoi ressemble un chantier de fouilles. Peu spectaculaire pour l'œil du profane, mine d'informations pour celui de l'historien, à l'image du chantier ouvert depuis le 6 avril à Saint-Christophe, près d'Aigrefeuille-d'Aunis.

Une équipe de huit chercheurs de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) passe un terrain d'un hectare au peigne fin, avant que les entreprises du bâtiment investissent les lieux pour y construire un lotissement.

« On a trois mois pour travailler, essentiellement à la main, compte tenu du sous-sol, avec l'aide d'une mini-pelle mécanique », résume Catherine Vacher, de la direction interrégionale Grand Sud-Ouest de l'Inrap, qui participe à la mise au jour de ce qui pourrait être l'origine du bourg médiéval de Saint-Christophe.

Basse cour de la motte

« Le service régional d'archéologie a prescrit un diagnostic du terrain et des fouilles préventives avant les travaux, sachant qu'il est situé à proximité du château médiéval, dont il ne reste aucune trace aujourd'hui. Des plans anciens ont également révélé l'existence d'une motte castrale, antérieure au château, de l'autre côté du terrain. Nous nous trouvons peut-être sur ce qui était la basse cour de la motte, où ont vécu des gens entre le XIème et le XIIème siècle. Nous avons retrouvé des morceaux de céramiques, des pièces métalliques (clous, lames de couteaux), du mobilier, ainsi que des os d'animaux. On sait aussi qu'ils étaient très friands de fruits de mer, vue la quantité de coquillages retrouvée : huîtres, moules, pétoncles… La Rochelle n'est qu'à 15 kilomètres », observe Catherine Vacher, qui devine, sous un amoncellement de cailloux, les fondations d'un grand bâtiment, attenant à un autre édifice.

« Ce n'est pas une masure, les pièces sont beaucoup trop grandes pour la période. On pense qu'il s'agit peut-être de l'étape intermédiaire entre la motte et le château, ce qui confirmerait le déplacement de l'occupation humaine. Mais ce n'est là qu'un début d'hypothèse », souligne, prudente, l'archéologue.

Course contre-la-montre

Pas le temps de se perdre en conjectures, le chantier de fouilles préventives est une course contre-la-montre. Début juillet, l'équipe de l'Inrap devra ranger ses outils et quitter le terrain. C'est frustrant, mais c'est déjà ça.

« L'archéologie préventive est une chance. L'Inrap, créée en 2002 pour remplacer l'Afan [Association française d'archéologie nationale], est un cas unique au monde. Il est d'ailleurs très sollicité au niveau international, par des pays qui s'inspire de son travail », remarque Catherine Vacher.

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