À Saulgé, commune proche de Montmorillon, le long de la Gartempe, deux moulins à papier, construits au 17ème siècle, avaient été transformés en brasserie et en minoterie en 1843 par Jean Baptiste Du Vigier, comte de Miramas, et ses frères. Elle produisait 5814 hl de bière en 1846. Une malterie avait été édifiée en 1855. On y fabriquait ce qui deviendra la fameuse « bière de Montmorillon ».
Mais l’affaire périclita et elle fut vendue sur saisie judiciaire en 1858 à Jules Butaud, beau-père de Maurice Pillot. Jules Butaud, qui fut aussi maire de Saulgé de 1876 à 1882. C’est lui qui, en creusant sa cave de l’autre côté de la route, aurait découvert la fameuse Montmorillonnite, sorte d’argile au toucher savonneux, dont les propriétés furent révélées par le géologue Mauduyit.
En 1879, le 10 septembre, l’affaire fut reprise par le fils de Jules Butaud, Etienne Butaud, son gendre, Maurice Pillot, et deux amis, Eugène et Gustave Renaud, pour 200 000 francs. Mais, à la suite d’une rivalité entre les associés, l’affaire fut adjugée à la barre du tribunal de Montmorillon, à Maurice Pillot, pour la somme exorbitante de 780 000 francs ! Il apportait aussi à la nouvelle société la somme de 400 000 francs ! Il fit alors construire de nouveaux bâtiments consistants en magasins ou caves destinés à la fabrication de la glace, nécessaire pour fabriquer la bière bock, et il modernisa les machines.
À la mort de Maurice Pillot, en 1899, ce fut désormais sa veuve, née Justine Marie Lucie Butaud, aidée de son gendre Henri Baugier, qui prit la direction de l’entreprise, aidée à partir de 1906 et 1908 par Maurice Sotias, son autre gendre et Georges Pillot son fils, puis en 1922 par son petit fils, Jacques Baugier.
En 1931, la production annuelle était de 30 000 hl de bières vendues dans un rayon de 200 Km, à quoi s’ajoutaient des eaux gazeuses, des limonades et des sodas. L’usine employait jusqu’à 50 ouvriers, pour la plupart logés sur place.
L’eau utilisée provenait d’une source voisine, très réputée, les orges étaient récoltées en France tandis que les houblons étaient importés de Tchécoslovaquie. La tonnellerie était réalisée sur place, mais la malterie ferma en 1936 entraînant une diminution de personnel. Un atelier d’embouteillage fut construit en 1938.
Concédée en 1954 en gérance libre aux brasseries des Vosges, l’usine a été rachetée en 1959 par les brasseries Champigneulles qui ont stoppé l’exploitation de Montmorillon dont les bâtiments ont servi d’ateliers d’embouteillage et d’entrepôt de bières « Lorraine » et « Champigneulles » avant de cesser toute activité en 1963.
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