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Mali soit qui mal y pense
Pour comprendre l'intervention militaire française au Mali qui a commencé, il y a 7 ans, avec l'opération Serval, entre janvier 2013 et juillet 2014 , s'est poursuivie ensuite avec l'opération Barkhane , jusqu'à son renforcement en janvier 2020, il n'est pas inutile de commencer par “réviser“ ou même “revisiter“ l'histoire du Mali, depuis ses origines et jusqu'à la période actuelle.
HISTOIRE DU MALI
Publié le par rue du blogule rouge
Finissons-en d’abord avec une croyance trop répandue en France : Non, le Mali n’est pas une création ex nihilo léguée par le colonisateur français au moment de l’indépendance. Si le Mali est dans l’actualité de ce mois de janvier 2013, son histoire est très mal connue du grand public. Elle vaut pourtant la peine, si on veut comprendre la situation actuelle, qu’on s’intéresse un peu plus à elle. En voici un résumé :
Les trois empires et les royaumes
Empire du Wagadu Ghana
Bien avant la colonisation française (qui ne date, rappelons-le, que de la toute fin du XIXème siècle), du IVème au XIème siècle, à l’heure où l’empire romain s’émiettait en de multiples entités féodales, l’Empire du Wagadu Ghana, dont le centre de gravité était situé entre le delta intérieur du Niger et le fleuve Sénégal vivait ses siècles de gloire autour de ses capitales Awdaghost et Koumby Saleh (sud de la Mauritanie actuelle) et grâce à l’or du Bambouk (région de Kayes) et du sud (Guinée actuelle).
Ébranlé par la conquête des Almoravides (ceux-là mêmes qui conquirent aussi l’Espagne du sud) l’empire fut détruit en 1076 par Soumaori Kanté, roi de Sosso (région de Koulikoro au Nord-Est de Bamako).
Empire du Mali
L’empire du Mali fut alors fondé par Sundjata Keita, allié aux Malinkés (hommes du Mali), après la bataille de Kirina près de Koulikoro, en 1235 où son armée vainquit celle du roi de Sosso. C’est ce même Sundjata Keita qui proclama en 1237 la « Charte du Manden », sorte de déclaration des droits de l’homme, préfigurant l’abolition de l’esclavage (Un extrait de cette charte est d’ailleurs reproduit à Nantes au Mémorial de l ‘abolition de l’esclavage).
Cet empire du Mali avait pour capitale Nyani. À son apogée, sous le règne de Mansa Moussa, qui, lors de son pèlerinage à La Mecque en 1324 défraya la chronique par sa munificence, faisant même baisser durablement le cours de l’or tellement il en dépensa, le Mali s'étendait sur une région comprise entre l'océan Atlantique et le Niger (État du Niger actuel) incluant les villes de Tombouctou et de Djenné. Sa prospérité reposait sur le commerce transsaharien du cuivre, du sel, des étoffes et surtout de l’or.
Tombouctou, Gao et Djenné furent les centres économiques et culturels de cette civilisation au centre de l'islam soudano-malien.
L’armée impériale était alors composée de 100 000 soldats.
Empire Songhaï
Fondé au VIIIème siècle, le petit royaume songhaï, dont les rois s’étaient convertis à l’Islam en 1010, fut sous la coupe du Mali à partir de 1300. Il s’en émancipa en 1400 et L’Empire Songhaï remplaça alors bientôt l’Empire du Mali. Sa capitale était Gao et ses souverains les Askias. L’Askia Mohammed fut l’organisateur de l’empire. Il étendit son autorité sur le Sahel et le Sénégal, après avoir vaincu les Peuls du Fouta Toro (royaume de la vallée du fleuve Sénégal, sur le Sud de l'actuelle Mauritanie et le Nord de l'actuel Sénégal) et les Touaregs. Il divisa l’empire en quatre vice-royautés et plusieurs gouvernements. Il disposait d’une armée de métier, complétée par une flottille sur le Niger.
Des travaux de canalisation furent effectués sur le Niger, des jardiniers (juifs) attirés, les salines de Thegazza (en plein Sahara, proche des actuelles frontières de l’Algérie et de la Mauritanie) exploitées. Il semble que Gao ait atteint à cette époque les 100 000 habitants.
Gao, Oualata (dans le sud de la Mauritanie actuelle) et surtout Tombouctou et Djenné devinrent des centres intellectuels où des docteurs et des écrivains renommés du Maghreb venaient compléter leurs études et parfois se fixer définitivement, comme le fit plus tard le célèbre Ahmed-Bâba (Abu Al-'abbas Ahmed Ibn Ahmed Al-takruri Al-Massufi, homme de lettres né en 1556 à Tombouctou et décédé en 1627). Des jurisconsultes, comme les El-Akît et les Bagayogo, se formèrent aux écoles de Tombouctou et toute une littérature s'y développa, aux XVIème et XVIIème siècles, dont les produits sont révélés peu à peu par la découverte d'ouvrages rédigés en arabe à cette époque par des Sarakollé ou Songhaï, tels que le Tarikh el-fettâch et le Tarikh es-Soudân.
Le Songhaï s'effondra en 1591 suite à l'invasion des armées du sultan marocain Ahmed al-Mansur Saadi sous le commandement de Djouder, à la bataille de Tondibi. Son armée de 30 000 fantassins appuyée par 12 500 cavaliers se fit tuer sur place sous les coups de fusil des soldats du sultan plutôt que de tourner le dos.
Les royaumes
L'empire éclata en une douzaine de principautés. Parmi elles, quelques états eurent encore une relative importance, tels du XVIIème au XIXème siècle, le royaume Bambara de Ségou et le royaume de Kaarta, et au XIXème siècle, le royaume Peul du Macina, l’empire Toucouleur ou l’empire Wassalou de Samory Touré. Moins étendus, moins organisés et puissants que les grands empires (du Ghana, du Mali et Sonrhaï), ces états disparurent devant la conquête française à la fin du XIXème siècle, malgré une résistance de guerre active de près de quarante années. Implantés depuis 1626 au Sénégal, les Français n’achevèrent en effet la conquête du Mali, commencée vers 1860 et poursuivie en 1880 par Gallieni, que vers 1898 !
Conquête et colonisation françaises
La conquête
Le principal but de la colonisation en Afrique noire, étant, jusqu’à son interdiction en 1815, la traite des Noirs on se contenta donc jusque là d’occuper les côtes, même si l’esclavage ne fut aboli dans les possessions françaises qu’en 1848. Le second Empire, surtout tourné vers la conquête de l’Algérie, amorça cependant une expansion vers l’est.
Le colonel Faidherbe, gouverneur du Sénégal, le premier, progressa vers l’est par la vallée du fleuve Sénégal malgré la résistance d’El Hadj Oumar Tall, qui assiègea le fort de Médine en 1857 pendant 97 jours, ainsi que de Samory Touré.
En 1895, la colonie du Soudan français fut intégrée à l’Afrique-Occidentale française(AOF). La prise par l’armée coloniale de la forteresse de Sikasso le 1er mai 1898 puis la capture de Samory Touré en septembre de la même année marquèrent l’avènement de la colonisation française.
Pour avoir une idée des méthodes utilisées alors par les Français, on peut lire avec profit ce texte d’un officier français, le lieutenant Moynier, qui avait participé à la prise de Sikasso. Il décrit ainsi le sac de la ville :
« Après le siège, l’assaut. Ba Bemba se tue(Ba Bemba est ce roi du Kénédougou, né en 1855 qui mena une résistance féroce aux troupes coloniales françaises jusqu'à la chute de Sikasso le 1er mai 1898. Il décida alors de se suicider, préférant la mort à la honte. Ce geste et la résistance qu’il opposa à l’armée coloniale font de lui un personnage emblématique de l'histoire du Mali). On donne l’ordre du pillage. Tout est pris ou tué. Tous les captifs, 4000 environ, rassemblés en troupeau. Le colonel (Audéoud) commence la distribution. Le partage a eu lieu avec disputes et coups. Puis, en route ! Chaque Européen a reçu une femme à son choix…On a fait au retour des étapes de quarante kilomètres avec ces captifs. Les enfants et tous ceux qui sont fatigués sont tués à coups de crosse et de baïonnette… Les cadavres étaient laissés au bord des routes. Une femme est trouvée accroupie. Elle est enceinte. On la pousse à coups de crosse. Elle accouche debout en marchant. A coupé le cordon et abandonné l’enfant sans se retourner pour voir si c’était garçon ou fille. Dans ces mêmes étapes, les hommes réquisitionnés en route pour porter le mil restent cinq jours sans rations ; reçoivent cinquante coups de corde s’ils prennent une poignée du mil qu’ils portent. Les tirailleurs ont eu tellement de captifs qu’il leur était impossible de les loger et de les nourrir… »
Le Mali sous la colonisation
En 1892, Kayes devint la capitale du Soudan français avant que Bamako ne le devienne le 17 octobre 1899.
En 1904, le Soudan français fut intégré à la colonie au Haut-Sénégal et Niger.
En 1920, la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) fut créée par démembrement du Haut-Sénégal et Niger. Le territoire restant reprit le nom de Soudan français avec Bamako comme capitale. La politique économique s’accompagnait du recours au travail et à la conscription forcés. Toute activité politique fut interdite aux colonisés jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Finalement, la colonisation française a légué un héritage assez maigre au Mali, ne laissant que peu ou pas d'infrastructures routières, peu d'écoles et de centres de santé, une seule voie ferrée s’arrêtant à Bamako, etc.
Lors du référendum du 28 septembre 1958, les électeurs du Soudan français votèrent massivement (97 %) en faveur de la création de la République soudanaise au sein de la Communauté française.
La République soudanaise s’allia avec le Sénégal en janvier 1959 pour créer la Fédération du Mali qui obtint son indépendance le 20 juin 1960.
Le Mali indépendant
Des divergences entre Sénégalais et Maliens aboutirent à l'éclatement de la fédération du Mali dans la nuit du 19 août au 20 août 1960. L’état et la nation maliens (au sens moderne) ont donc maintenant 53 ans. Après l’éclatement de la Fédération du Mali, Modibo Keïta (Ancien instituteur et fondateur du syndicat des enseignants d’Afrique occidentale française, maire de Bamako depuis 1956, député et Président de l’assemblée constituante) proclama l’indépendance de la république soudanaise sous le nom de République du Mali le 22 septembre 1960.
8 années d’un Mali socialiste
Le Mali, avec Modibo Keita comme président de la République, opta pour le socialisme (Le socialisme malien se voulait cependant « non-athée » et inspiré par « les valeurs africaines »).
La politique malienne s’articula autour de deux axes : le non alignement et la socialisation progressive de l’économie.
Un plan quinquennal fut élaboré. Le Mali, sans rompre les relations qui le liaient à l’ancienne métropole, s’orienta vers les pays du bloc socialiste, avec lesquels de nombreux accords de coopération technique et culturelle furent signés. Le Mali, pour former rapidement des cadres, envoya de nombreux étudiants dans ces pays.
L'armée malienne fut crée, ainsi que la milice populaire. Le Mali demanda l'évacuation des bases militaires françaises de Bamako Kati, Tessalit-Gao.
La socialisation de l’économie commença par le monde rural à qui il fut demandé de créer des champs collectifs. Les principales productions (mil, riz, maïs), suffisantes les premières années, se maintinrent difficilement ou baissèrent ensuite. L’implantation de Kolkhozes ou Sovkhozes, ou même de communes populaires, comme en Chine, fut tentée. Mais la production de riz chutait. Les champs collectifs rappelaient aux paysans les très tristement célèbres champs du commandant de l’époque coloniale. Le socialisme malien mécontenta donc en premier le monde rural, qui était obligé de vendre ses produits à des prix dérisoires aux organismes d’état comme l’OPAM (Office des Produits Agricoles du Mali). Par contre les productions des cultures de rente, le coton surtout, augmentèrent.
L’élevage, grâce à de nombreuses campagnes de vaccination, de creusement de puits, connut un réel essor. Mais là aussi, les exportations d’animaux, de peaux, surtout après la création du franc malien en juillet 1962, firent perdre à l’état d’énormes sommes d’argent.
Au plan commercial la SOMIEX (Société Malienne d’Importation et d’Exportation) avait le monopole de l’exportation des produits du cru et celui de l’importation des produits manufacturés, des biens alimentaires comme le sucre, le thé, le lait en poudre. Elle se chargeait aussi de leur distribution à l’intérieur du pays à des prix défiant toute concurrence.
La création de cet organisme mécontenta les Dyulas (Les Dyulas constituaient une classe de l’élite des commerçants mandingues, très tôt islamisée.). Elle leur enlevait une partie essentielle de leurs activités. Ils furent ainsi parmi les premiers opposants au régime socialiste. Pratiquement tout le commerce de détail était aussi aux mains des structures étatiques ou para étatiques, domaine auparavant privilégié des Dyulas.
La situation commerciale du Mali s’aggrava surtout avec la création, le 1er juillet 1962, du franc malien. Le franc malien, non convertible, rendait difficiles les relations économiques avec ses voisins. Le ravitaillement, parfois en produits de première nécessité, fut compromis.
Le 20 juillet 1962, les commerçants maliens mécontents manifestèrent. Les forces de l’ordre tirèrent, il y eut 2 morts et 252 arrestations. Des condamnations à mort furent prononcées.
La socialisation de l’économie s’opéra aussi dans d’autres secteurs, comme les transports. La RTM (Régie des Transports du Mali) fut crée pour assurer l’acheminement des marchandises d’exportation du Mali (arachide, coton), et l’importation des produits manufacturés depuis le port d’Abidjan. A cause de la fermeture du chemin de fer Dakar-Niger après l’éclatement de la fédération du Mali, cette société qui était équipée de camions ouest allemands Krupp joua un grand rôle dans le ravitaillement en biens alimentaires et d’équipements.
La Régie, ainsi que sa section de transports urbains TUB (Transports urbains de Bamako), inquiétait les Dyulas transporteurs.
Pour le transport aérien, la compagnie nationale Air Mali, équipée surtout d’appareils soviétiques, vit le jour.
Dans des domaines divers comme l’élevage, les mines, la pharmacie, l’édition, la librairie, des sociétés d’État furent créées.
C‘est dans le domaine de l’industrie que les réalisations furent les plus spectaculaires. Le Mali, pays de l’intérieur à vocation agro pastorale se dota de quelques industries : Il s’agissait de petites unités utilisant les productions agricoles locales. Pour leur financement, le Mali se tourna vers les pays socialistes.
La première usine fut la conserverie de Baguineda montée par la Yougoslavie. D’autres comme les huileries savonneries, les usines de sucre, de cigarettes, d’allumettes, installées par la Chine Populaire ; l’usine céramique par la Corée du Nord, la cimenterie par l’URSS suivront.
La situation économique du Mali se dégrada progressivement. Le franc malien, qui valait initialement un franc CFA, fut dévalué de 50 % le 6 mai 1967. Un intense trafic s’organisa.
Cette dévaluation qui ne s’accompagnait d’aucune mesure visant à diminuer la pauvreté, amena Modibo Keita à déclencher la « Révolution Active » : En Afrique, le Mali soutenait tous les mouvements de libération, le FLN algérien qui avait même des bases au Mali, les combattants pour la liberté en Angola, au Mozambique, en Afrique du Sud. Le Mali, pour les aider, leur envoya des armes et même des hommes. Modibo Keita fut aussi l’un des ardents défenseurs de l’unité africaine et l’un des pères fondateurs de l’OUA.
De 1960 à 1968, les budgets du Mali furent chroniquement déficitaires. Pour satisfaire les besoins de l‘État, les pouvoirs publics firent marcher la planche à billets. De la fausse monnaie avait été aussi introduite, l’inflation était galopante.
Sur le plan politique, la rébellion des Kel Tamaheq (les Touaregs) que l’armée tentait de mater n’arrangeait pas les choses et les clivages entre pro soviétiques, pro chinois et modérés s’exacerbaient.
Coup d’état et dictature (1968-1991)
Un groupe de quatorze officiers sous la direction du Lieutenant Moussa Traoré mit fin par un coup d’état au régime socialiste le 19 novembre 1968. (Le mécontentement populaire dû surtout à la mauvaise situation économique du Mali était en toile de fond de ce renversement de régime mais on a aussi évoqué la patte de Jacques Foccart et des services spéciaux français).
La dictature militaire s’installa. Le président Modibo Keita, les membres de son gouvernement furent arrêtés ; Beaucoup parmi eux, dont le président, furent envoyés dans les sinistres bagnes du Nord. Le pays fut désormais sous la coupe d’un comité militaire de quatorze membres, le CMLN (Comité Militaire de Libération Nationale) dirigé par Moussa Traoré. Il n’y eut pratiquement aucune opposition. Miliciens, brigadiers de vigilance furent désarmés, leurs chefs mis aux arrêts, à Bamako et dans les grandes villes quadrillées par l’armée, c’était la liesse populaire.
Toutes les activités politiques furent interdites, le socialisme abandonné ; mais le Mali continua à entretenir de bonnes relations avec les pays socialistes. Très rapidement, les militaires comprirent qu’ils devaient écouter les cadres du pays. Ils n’avaient visiblement pas de programme. Une conférence nationale des cadres fut organisée. Les cadres signifièrent alors au CMLN, qu’il n’était pas question de brader ce que les Maliens appelleront désormais, les acquis du peuple, c'est-à-dire les sociétés et entreprises d’état.
Un régime policier digne des dictatures d’Amérique Latine fut mis en place sous la direction du capitaine Tiecoro Bagayoko. Tous les opposants au régime furent étroitement suivis et partout.
Plusieurs coups d’état, en 1969, en 1971, en 1976, furent déjoués.
En avril 1974, se tint le 3e congrès de l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali). Un référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution et l’instauration d’un parti politique unique fut organisé. Des intellectuels dénoncèrent la farce électorale. Ils furent arrêtés. Jugés en avril 1975 seulement, ils furent condamnés pour de simples tracts à des peines allant de deux à quatre ans de prison.
La coopération avec l’URSS, la Chine fut développée. De nombreux cadres civils et militaires furent envoyés en formation en URSS et dans les autres démocraties populaires. A l’ONU et dans les autres instances internationales, le Mali continuait à voter dans le camp progressiste, et participait activement aux réunions de l’OUA, ce qui a fait dire à certains qu’après le coup d’État, le Mali était resté socialiste. Le soutien aux mouvements de libération, la lutte contre l’apartheid ne furent pas non plus négligés.
La balance du commerce extérieur du Mali accusait un déficit de 5 milliards 308 millions en 1969.
En 1972- 73, une grave sècheresse éclata. Si le nord du pays fut le plus touché avec 40 % de son cheptel détruit, toute la République fut frappée. Il y avait 1 850 000 sinistrés. Le déficit céréalier se chiffra à 260 000 tonnes en 1973 et 400 000 tonnes en 1974.
Le PIB baissa de 8 % en deux ans (1972 -1974).
L’aide extérieure afflua au Mali sous forme d’argent, de dons en nature. Elle sera dilapidée.
Le Nord, région la plus éprouvée ne recevra qu’une infime partie de l’aide qui lui était destinée. Cette situation a sans doute préparé la rébellion Kel Tamaheq des années 1990.
Les récoltes des cultures de rente, arachide, coton ont été cependant bonnes en 1972.
Le déficit de la balance commerciale avait commencé à baisser. Le gros problème économique restait les sociétés et entreprises d’État, dont les Français et les autres partenaires occidentaux souhaitaient la liquidation.
Le régime militaire par crainte de mécontenter la population, des conséquences socio économiques de leur fermeture ne tentèrent guère cette aventure.
En visite en France en Avril 1973, Moussa Traoré obtint une aide accrue, plus de 2 milliards cinq cent millions d’aide furent octroyés au Mali au titre de l’année 1973.
Dans tous les cas, l’aide accordée au Mali de 1969 à 1978, par les pays occidentaux aux Mali a été très substantielle et beaucoup de prêts ont été octroyés par l’URSS et les Démocraties Populaires. En 1971, le Mali dont le budget était de l’ordre de 23 milliards de francs maliens avait emprunté aux pays socialistes 110 milliards. Les occidentaux, la France en tête ne voulaient pas payer les dettes du Mali aux pays communistes.
Le Malien, du coup d’Etat de 1968 à 1978, n’a certainement pas senti une amélioration de ses conditions d’existence. Et la mort suspecte du président Modibo Keita en détention en 1977 (il aurait été empoisonné), alors que sa libération avait été annoncée compliqua de nouveau la situation.
Une forte mobilisation populaire s’ensuivit, des centaines de maliens accompagnant au cimetière le corps du père de la nation Malienne. Le pouvoir militaire réagit violement par l’arrestation de nombreuses personnes qui avaient assisté à l’enterrement de Modibo Keita.
Moussa Traoré décida de passer à l’action. Il réussit à arrêter sans effusion de sang Tiécoro Bagayoko, Kissima Dukara, Karim Dembélé, Charles Samba Sissoko, tous membres du CMLN. On parla alors à Bamako de « la bande des trois qui préparaient un complot visant à renverser le régime" et à stopper le processus de démocratisation soit disant entrepris. Ils voulaient instaurer le fascisme, selon le président. De lourdes peines furent infligées aux inculpés, internés dans les bagnes du Nord du Mali.
Le président Moussa Traoré avait désormais les mains libres pour mener sa propre politique. Le Lieutenant Moussa Traoré, devenu Colonel, puis Général, s’installait durablement au pouvoir, il « régna » alors seul de 1978 à 1991.
Tous les Maliens durent faire partie des organisations intégrées de l’UDPM. Tous les cadres furent obligés de prendre la carte du parti et le pays, jusqu’aux mouvements politiques de l’année 1990 vécut au rythme du parti unique dont la charte était inspirée de celle du FLN et ses principes du PCUS.
Certains intellectuels prirent le chemin de l’exil, surtout après les manifestations estudiantines des années 1979-1980, suivies par une terrible répression, et la mort sous la torture de l’étudiant en philosophie Abdul Karim Camara dit Cabral, le 17 mars 1980.
De 1969 à 1978, l’aide étrangère occidentale, des pays socialistes et des pays du golfe arabo-persique avait afflué au Mali, sous forme de dons mais aussi de prêts. Les bailleurs de fonds à cause de la position géopolitique du Mali et des richesses dont son sous-sol semblait regorger, étaient prêts à payer malgré la gestion calamiteuse du pouvoir en place. C’est ainsi que Pierre Biarnes notait dans les colonnes du Monde : « les dirigeants sont certes de plus en plus pris à la gorge et ils le savent, mais ils connaissent aussi très bien l’importance stratégique que l’Occident et tout particulièrement la France attribue à leur pays (qui en outre paraît receler du pétrole et de l’uranium), au cœur de l’Afrique, dans un Sahel menacé de déstabilisation , pourquoi se disent ils, ferait-on preuve de plus de sévérité à leur endroit aujourd’hui qu’à une époque où ces menaces étaient moins évidentes ? Au regard de l’intérêt que présente la stabilité de cette vaste région, éponger 3 milliards de francs français d’arriérés accumulés sur une dizaine d’années n’est pas un prix déraisonnable. » L’occident continuera donc à financer jusqu’en 1985 au moins les cérémonies, les voyages, les grandes réunions du parti unique.
Un malaise politique général, soutenu par une situation économique déplorable devait précipiter la fin du régime.
En 1986, le PIB avait reculé pour la troisième année consécutive.
Les journées sanglantes du 26 mars 1991 aboutirent à la chute du régime de Moussa Traoré.
Le Mali « démocratique » de 1991 à 2012
Démocrates et militaires mirent en place le CTSP (Comité de Transition pour le Salut du Peuple). Une transition, dirigée par un ex commandant, Amadou Toumani Touré (ATT), qui allait durer quatorze mois, et jeter les bases d’une démocratie véritable, multipartiste. Amadou Toumani Touré organisa des élections présidentielles et remit ensuite le pouvoir au président élu, Alpha Oumar Konaré.
Depuis lors, le Mali, présenté comme un modèle africain de démocratie, suivit la voie de la « bonne gouvernance » prônée par les États du Nord, la Banque mondiale et le FMI (Fond monétaire international) : son président, Alpha Oumar Konaré (1991-2002) engagea la libéralisation de l’économie, appliquant à la lettre les préceptes du « consensus de Washington » : abaissement des barrières douanières, libéralisation des marchés financiers, privatisations. Le tout avec des résultats particulièrement amers pour la population malienne, dont la situation ne cessa de se détériorer, surtout après la dévaluation du franc CFA en 1994.
En 2002, ATT succéda à Alpha Oumar Konaré mais n’inversa pas la tendance.
La désastreuse situation économique malienne
L’engrenage de la dette
La plupart des anciennes colonies françaises se sont retrouvées endettées dès leur indépendance : ce sont elles qui ont dû acquitter le solde des emprunts contractés par la France quelques années auparavant. Pour injuste qu’elle fût, cette dette était cependant supportable. Ainsi, malgré les déboires monétaires de Modibo Keïta, la dette extérieure malienne ne dépassait pas 55 milliards de francs CFA en 1968. Elle s’élevait fin 2004 à 1705 milliards, toujours en francs CFA. Une ascension vertigineuse !
L’essentiel de cette dette a été contracté pendant la dictature de Moussa Traoré, avec la bénédiction de la France, du FMI et de la Banque mondiale. Les quelques chiffres ci-dessous, cette fois-ci en dollars US, sont particulièrement frappants :
- 1970 : 249 millions de dette extérieure publique - 1980 : 727 millions - 1990 : 2467 millions - 1999 : 3183 millions
À quoi il faut ajouter le service de la dette, passé de 16 millions de dollars en 1980 à 106 millions en 1999 (soit 57 milliards de francs CFA). Et comme le Mali est un débiteur particulièrement scrupuleux, il rembourse, mais pour cela il doit faire appel à de nouveaux prêts des institutions financières, que celles-ci s’empressent d’accorder, pourvu que le pays mette en place des plans d’ajustement structurels permettant, selon la formule consacrée, « d’assainir le secteur public » : baisse drastique du nombre de fonctionnaires et de leur salaire, assouplissement de la législation du travail, libéralisation du secteur bancaire, des prix et du commerce, suppression des taxes à l’importation, le tout accompagné d’une cascade de privatisations.
Certains pensent qu’il est temps d’annuler sans contrepartie la totalité de la dette du Mali et de l’ensemble des pays pauvres. Songeons que, si le Mali voulait rembourser seul l’ensemble de sa dette, il lui faudrait 106 années, soit le sacrifice de quatre générations.
L’engrenage des privatisations
En voici quelques exemples particulièrement désastreux. Tout d’abord celui de la Régie des chemins de fer du Mali (RCFM), bradée en 2003 à un consortium franco-canadien pour la somme de 5 milliards de francs CFA, alors que l’entreprise était évaluée à 150 milliards. Ce service public assurait le transport des voyageurs sur la partie malienne de la ligne Dakar-Koulikoro. Mais les nouveaux propriétaires, en fonction de critères de rentabilité, ont jugé bon de privilégier le frêt par rapport aux voyageurs. Résultat : 612 cheminots licenciés et 26 gares fermées sur 36.
Autre exemple catastrophique, celui de la société Énergie du Mali (EdM), chargée de la production et de la distribution d’électricité et d’eau potable. À l’initiative de la Banque mondiale, la gestion de cette société fut confiée en 2000 à SAUR International, filiale du groupe Bouygues, qui s’engagea à réduire les prix à la consommation et à développer les infrastructures, notamment en électrifiant 97 localités et en construisant une nouvelle station de pompage à Kabala. Aucun de ces engagements n’a été tenu. Bien au contraire, les prix de l’eau et de l’électricité ont explosé, et la SAUR n’hésitait pas à traquer les mauvais payeurs. En 2003, le président Touré exigea et obtint une baisse des tarifs de 10 %, mais, deux ans plus tard, constatant que les investissements promis n’avaient pas été réalisés, il rompit le contrat qui le liait à la SAUR, au grand dam de la Banque mondiale.
Le groupe Bouygues est cependant toujours présent au Mali. Par l’intermédiaire de la Société malienne d’exploitation (Somadex), il gère l’une des principales mines d’or du pays, celle de Morila, exploitant à la fois l’or et les ouvriers, qui travaillent dans des conditions épouvantables (utilisation de cyanure sans aucune protection), tandis que les syndicalistes et les grévistes sont licenciés et pourchassés.
Tout aussi grave, les menaces qui pèsent sur la petite paysannerie (soit plus de 70 % de la population active du Mali), avec notamment la privatisation rampante de l’Office du Niger (ON), qui gère la production de riz dans la région de Ségou, sur 82 000 ha de surfaces irriguées. Outre la compression prévisible des effectifs, on essaie de mettre en place une réforme foncière qui, à terme, mettra fin à l’usufruit dont jouissent les paysans sur les terres de l’ON, au bénéfice de gros investisseurs. Mais ce n’est pas tout...
Le coton : de l’espoir à l’inquiétude
Une autre privatisation était en effet prévue en 2008, celle de la Compagnie malienne de développement et des textiles (CMDT), héritière de l’ex-Compagnie française de développement et des textiles (CFDT), qui organise la production, la transformation et la commercialisation du coton. Là encore, c’est la Banque mondiale qui est à l’origine de cette privatisation, qui permettrait selon elle de rendre le coton malien plus compétitif.
Le coton fait vivre, directement ou indirectement, 3,5 millions de personnes, soit plus du quart de la population malienne. Il représente à lui seul environ 50 % des exportations du pays, mais sa culture ne présente presque aucun des inconvénients constatés sur d’autres continents : elle est pratiquée sur de petites parcelles, en rotation avec les cultures vivrières (ces dernières occupent plus de 70 % des terres cultivées en zone cotonnière) ; elle ne demande aucune irrigation, sinon celle des pluies ; l’usage d’engrais et de pesticides est forcément limité, faute de moyens financiers.
Autrement dit, le Mali, comme les autres pays producteurs d’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC), notamment le Burkina Faso, le Bénin et la Côte d’Ivoire, fournit un coton propre, d’excellente qualité et très bon marché. Grâce à ce coton, le niveau de vie des populations s’est peu à peu élevé, du moins jusqu’aux années 1990. Mais, à cause de la surproduction mondiale, le cours du coton s’est effondré en quelques années : de 261,7 cents/kilo en 1980, il est passé à 181,9 cents en 1990, puis à 110,3 cents en 2001. Le problème, c’est que cette baisse des prix n’est pas vécue de la même façon par les producteurs du Nord et par ceux du Sud. Les États-Unis, qui sont le plus gros exportateur mondial de coton, subventionnent massivement leurs agriculteurs, comme le fait d’ailleurs l’Union européenne pour ses cotonniers d’Espagne et de Grèce. Ces subventions, qui sont en grande partie à l’origine de la surproduction et donc de la baisse des cours, sont en principe incompatibles avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais voilà, les règles ne s’appliquent pas de la même façon selon que vous serez puissant ou misérable. Et, lorsqu’en 2003 quatre États de l’AOC ont soulevé le problème à la conférence de l’OMC de Cancún, tous les participants ou presque leur ont donné raison, d’un ton souvent compatissant, mais aucune décision n’a été prise.
Une autre menace plane sur le coton malien: celle des apprentis-sorciers fabricants d’OGM, en particulier Monsanto et Syngenta, déjà installés dans le pays grâce à la Banque mondiale, et qui ont mis au point avec elle un « Projet de développement de la culture de coton génétiquement modifié au Mali ».
HISTOIRE RÉCENTE
Le 27 juin 1990, un poste de gendarmerie est attaqué à Ménaka. C’est le point de départ de l’insurrection armée menée par le Mouvement populaire de l’Azawad de Iyad Ag Ghali
En février 1993, Moussa Traoré est condamné à mort (il sera gracié en 2002).
Des élections législatives ont lieu au Mali en 1997. Elles se déroulent dans un climat tendu entre l’opposition et le pouvoir. Un premier tour, organisé dans la confusion le 13 avril, est invalidé par la Cour constitutionnelle. Les élections ont finalement lieu les 20 juillet et 3 août. Alors qu’une grande partie de l’opposition a appelé au boycott, le parti du président Alpha Oumar Konaré, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice remporte largement les élections. Alpha Oumar Konaré est réélu avec plus de 95 % des suffrages.
Les élections législatives qui se tiennent en juillet sont elles aussi boycotté par une grande partie de l’opposition. Le scrutin qui se déroule dans un climat de violence donne la victoire à l’Adéma-Pasj qui obtient 128 des 147 sièges. Les violences se poursuivent avec notamment le lynchage d’un policier lors d’un meeting de l’opposition le 10 août 1997, débouchant sur l’arrestation des principaux chefs de l’opposition, Me Mountaga Tall, président du CNID, Almamy Sylla, président du collectif de l’opposition, Youssouf Traoré de l’UFDP, Seydou Badian Kouyaté de l’US-RDA, Mohamed Lamine Traoré, ancien ministre de l’Intérieur, chef du MIRIA, Fanta Diarra, présidente des femmes du Congrès national d’initiative démocratique (CNID) .
Le 16 octobre 1996, 684 communes rurales sont créées et viennent s’ajouter aux 19 communes urbaines existantes.
2002 : Élection de Amadou Toumani Traoré (ATT) à la présidence avec 64,35 % des voix au second tour.
23 mai 2006 : attaque des garnisons de Kidal et Ménaka par "l’Alliance démocratique pour le changement du 23 mai" (ADC) qui marque le début d’une nouvelle rébellion touarègue.
4 juillet 2006 : signature des accords d’Alger par le gouvernement et l’ADC, l’accord de paix porte principalement sur la sécurité et la croissance économique à Kidal, la huitième région du Mali et la plus éloignée de la capitale.
Le 29 avril 2007, Amadou Toumani Touré est réélu au premier tour avec 71,20 % des voix, mais cette élection est contestée par les principaux candidats de l’opposition. Les relations commerciales, politiques et culturelles avec la France se ralentissent tandis que celles avec la Chine, la péninsule arabique et les États-Unis se renforcent.
Mai 2007 : reprise du conflit touareg : affrontement, dépôt d’armes, enlèvement, nouvel accord… situation qui perdure aujourd’hui dans un environnement où sont présents des membres d’Al-Qaida.
2008 : face à des importations croissantes, le gouvernement lance "l’initiative riz" censé augmenter de 50 % la production de cette denrée de base.
2009 : le nouveau code de la famille et des personnes, accordant une place importante aux droits de la femme malienne, bien qu’adopté en première lecture par l’Assemblée nationale mais contesté par le Haut Conseil Islamique (HCI), est ajourné.
2010 : crise diplomatique (février) due aux agissements d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). Nord du pays traversé par des combattants islamistes d’AQMI, des rebelles touaregs et des trafiquants en tous genres.
En septembre 2010, sept étrangers, dont cinq Français, sont enlevés par Al-Qaida au Maghreb islamique. Treize mois plus tard, des Touareg maliens, ex-mercenaires en Lybie, reviennent dans la partie nord du Mali : le contrôle de cette partie du pays semble échapper de plus en plus au pouvoir en place à Bamako entre les interventions de Al-Qaida au Maghreb islamique et ces forces Touaregs.
2011 : dans la région du Sahel, multiplication des prises d’otages de ressortissants occidentaux, notamment français. Nord du pays déstabilisé par la guerre en Libye. Création le 16 octobre du Mouvement National pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui revendique l’indépendance de l’Azawad. Création en décembre du mouvement islamiste touareg Ansar ed-Dine dont l’ambition affichée est d’imposer la loi islamique sur tout le territoire malien
Début 2012 : Affrontements entre l’armée gouvernementale et le MNLA
Le 22 mars 2012, le capitaine Amadou Haya Sanogo dirige un coup d’État militaire qui renverse le président Amadou Toumani Touré à quelques semaines de l’élection présidentielle qui marquait la fin de son second mandat. Quelques mois plus tard, soumis également à une pression internationale, il rend le pouvoir à des autorités civiles, pour une période de transition, avec comme président par intérim Dioncounda Traoré. Celui-ci organise une élection présidentielle qui se tient les 28 juillet et 11 août 2013 et s’achève par la victoire d’Ibrahim Boubacar Keïta.
Pendant ce temps, durant cette même année 2012, profitant des bouleversements politiques successifs à Bamako, les événements s’accélèrent dans le nord du pays et dans le Sahel, au centre du pays. Le 6 avril 2012, le MNLA proclame la naissance de la République indépendante de l’Azawad. Progression des groupes rebelles du pays provoquant le départ de centaines de milliers de personnes vers le Burkina Faso et la Mauritanie. Le 12 avril : pour assurer la continuité de l’État et le fonctionnement des institutions, mise en place d’un gouvernement de transition composé de civils et de militaires et dirigé par Dioncounda Traoré. De mars à septembre 2012, les villes de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti tombent aux mains des islamistes qui se rapprochent des régions du sud. Le 23 septembre 2012, Le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’accordent sur le déploiement d’une force africaine. Le 21 décembre 2012, le Conseil de sécurité des Nations unies autorise par une résolution le déploiement d’une force africaine au Mali.
10 janvier 2013 : début de l’intervention militaire de la France au Mali. Les troupes françaises interviennent en appui de cette force africaine, c’est le début de l’opération Serval.
Un an et demi plus tard, cette opération Serval apparait comme un succès militaire : les villes ont été reprises ainsi que le territoire du nord du pays, un dialogue est rétabli avec les différentes composantes Touareg et l’État malien est stabilisé. Mais Al-Qaida au Maghreb islamique procède par des incursions ponctuelles et par des attentats, et le maintien sur place des troupes françaises et africaines, dans l’organisation initiale de ces forces, se révèle couteux.
Il est néanmoins décidé de substituer l’opération Barkhane à l’opération Serval, pour sécuriser la bande sahélo-saharienne, avec la mission de lutter contre les groupes djihadistes et d’empêcher la constitution de sanctuaires terroristes dont le quartier-général semble établi à N’Djamena. Le nouveau dispositif est officiellement lancé le 1er août 2014.
Les ressources du sous-sol malien
Gaz et pétrole
Le 6?janvier 2012, Total signait deux nouveaux permis d’exploration pétrolière avec les autorités mauritaniennes. L’un d’entre eux concernait le bassin de Taoudéni, qui chevauche la Mauritanie, le Mali et l’Algérie. Côté malien, la prospection pétrolière, dans ce même bassin, avait été confiée en novembre 2011 à l’angolais Petroplus. L’algérien Sonatrach n’est pas en reste, via sa filiale Sipex, alliée à l’italien ENI. «?Il ne faut pas oublier que notre pays est sur la même structure géologique que les pays voisins qui exploitent déjà le pétrole?», exposait récemment Baba Diawara, directeur général de l’Autorité pour la promotion de la recherche pétrolière au Mali (Aurep).
C’est pourquoi beaucoup disent que la principale raison qu’a la France d’ intervenir au Mali est qu’elle convoite les ressources minérales du pays. Le site web "globalresearch.ca" exprime ce point de vue : « Le but de cette nouvelle guerre n’est rien d’autre que de piller encore les ressources naturelles d’un autre pays en en sécurisant l’accès pour les compagnies internationales. » Le sous-sol malien est décrit comme contenant abondamment des métaux précieux, du pétrole et du gaz.
Mais la vérité est que les richesses minérales du Mali sont médiocres.
Concernant le pétrole et le gaz, parler de fortune pétrolière malienne est en effet prématuré : Bien sûr, le Mali a des réserves potentielles, mais il n’a que zéro réserve prouvée et bien que son gouvernement ait alloué 700 000 kilomètres carrés pour des forages depuis 2005, aucun puits n’a encore été foré. Aucune compagnie majeure n’a encore acheté de droits de forage au Mali : les seules à l’avoir fait sont l’italienne ENI, l’algérienne SONATRACH, la canadienne Selier Energy et quelques autres compagnies mineures à haut degré de tolérance de risques. Même un an avant le début du présent conflit, l’isolement et l’insécurité chronique du Sahara en faisaient une zone interdite pour beaucoup d’investisseurs.
L’intervention militaire, sauf à considérer que Total pourrait corriger son absence dans les prévisions du pétrole malien, ne va pas améliorer cette situation !
Uranium
Concernant l’uranium au Mali, la seule exploitation minière active est située à Faléa, au sud-ouest du pays, près de la frontière avec la Guinée, dirigée par la société canadienne Rockland. Cette opération a ses propres problèmes sociaux et environnementaux mais est éloignée de la zone de conflit.
En dépit des rumeurs d’existence d’uranium dans le nord du Mali, aucune ressource n’a publiquement été mise en évidence et la notion d’un Mali « riche en uranium » n’est donc pas encore recevable.
Dès 2009, cependant des conventions d’exploration concernant le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, au nord de Kidal, étaient conclues entre Bamako et la société australienne Oklo Uranium Limited. Peut-être Areva (présente de l’autre côté de la frontière, au Niger, où elle exploite, par l’intermédiaire de sociétés filiales, le même gisement à Arlit) a-t-elle trouvé là un motif pour favoriser la déstabilisation du nord mali en laissant (dans le meilleur des cas) s'armer les indépendantistes touaregs ? Mais les armes libyennes sont plutôt allées dans les mains des islamistes d’Aqmi !
Si guerre pour l'uranium il peut y avoir, c'est plutôt de ce côté-là qu'il faut la chercher !
Or
Le Mali est parmi les plus gros producteurs d’or (3ème producteur d’Afrique), exportant entre 36 et 60 tonnes annuellement lors de la dernière décade ; l’or est une ressource clé des revenus du gouvernement malien. Les exploitations minières aurifères sont situées dans le sud-ouest et dans l’ouest du Mali et subissent la mainmise de compagnies multinationales comme Rangold, AngloGold Ashanti et Iamgold, parmi d’autres. Une guerre ne serait pas le meilleur moyen d’accéder à meilleur coût à l’or malien. Les gouvernements maliens successifs ont déjà conclu des marchés très généreux avec les compagnies minières et imposé des règles minimum à leurs activités. Quel intérêt y aurait-il alors à casser la poule aux œufs d’or ? C’est dire si ces compagnies qui retirent déjà d’énormes bénéfices de l’or malien n’ont pas intérêt à cette guerre.
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