La villa de Saint-Saturnin du bois

22 juillet 2010  Par Thomas Brosset

L'Aunis avait son Zénith

Longtemps on a cru que seule la Saintonge avait été habitée à l'époque antique. À tort.

 

 

Saint-Saturnin-du-Bois. Marie-Pierre Brunet, le maire, est particulièrement fière de sa villa gallo-romaine, sans doute la mieux conservée d'Aunis. Photo Xavier Léoty

   

 

   

La Saintonge et l'Aunis s'unissent pour former la Charente-Maritime. À moins que ce ne soit l'inverse. S'il est évident que Mediolanum Santonum avec son avant-port de Barzan était la capitale administrative de l'Aquitaine à l'époque gallo-romaine, s'il est non moins évident que Napoléon narguant l'histoire et la géographie dépouilla Saintes de la préfecture pour l'installer à La Rochelle, il serait injuste de croire qu'à l'aube de l'ère chrétienne, seule la Saintonge existait et que l'Aunis n'était que contrée sauvage livrée aux moustiques et aux naufrageurs. Les découvertes de ces dernières années prouvent que les romains ont planté leurs pilums un peu partout entre Sèvre Niortaise et Charente, ne se contentant pas d'envoyer des centuries en reconnaissance mais s'installant sur la durée en fondant de véritables villas.

La meilleure preuve en a sans doute été donnée, il y a deux ans, lors de la découverte d'un site archéologique d'une exceptionnelle richesse à Saint-Saturnin-du-Bois. Une villa gallo-romaine de 4 000 mètres carrés de bâti avec maisons d'habitations, thermes, ateliers, latrines, système de chauffage par le sol sur un site d'un hectare. Site où devait être construit un lotissement qui ne verra jamais le jour.

Vocation pédagogique

Quelque huit siècles d'occupations successives ont pu être prouvés à cet endroit-là, montrant qu'il faisait et qu'il fait toujours bon y vivre. Ce n'est pas Marie-Pierre Brunet, maire de la commune, qui dira le contraire, elle qui a décidé avec les élus du Conseil municipal, de profiter de l'aubaine de cette découverte pour en faire un lieu à vocation pédagogique et touristique : « Le dossier n'a pas vraiment avancé depuis deux ans en raison des questions de financement et je le regrette. Mais il est toujours à l'ordre du jour. Des écoliers passent régulièrement mais ils ne voient que des bâches et c'est bien dommage », commente l'élue de Saint-Saturnin qui s'est prise de passion pour le passé de sa commune.

Léopold Maurel, l'archéologue départemental, va régulièrement sur place pour vérifier que rien ne se dégrade. Comme Marie-Pierre Brunet, il estime que c'est un site d'une richesse exceptionnelle.

Mais il n'y a pas que la villa de Saint-Saturnin pour prouver que l'Aunis avait également son mot à dire à l'époque de Caius César et de Vercingétorix. Il y a un an, Michel Bernard, pilote d'ULM et passionné d'archéologie, découvrait du ciel une étrange forme dans un champ de la commune de Saint-Georges-du-Bois : le dessin d'un temple gallo-romain.

Une population dense

Du coup, est ressortie la vieille histoire de la découverte des restes d'un amphithéâtre antique sur la même commune de Saint-Georges-du-Bois. C'était en juin 1976 et un vent de scepticisme avait balayé les milieux archéologiques du département, principalement côté Saintonge. Comment pouvait-il exister un amphithéâtre de 3 000 places assises loin de toute ville et toute habitation ?

Le mystère est donc en partie levé : avec Saint-Georges, la villa de Saint-Saturnin qui devait abriter 100 ou 200 personnes, des présomptions de villas à Saint-Germain-de-Marencennes, le Magneraud, Fortenuzay et finalement un peu partout, c'est toute une population qui surgit des grattoirs des archéologues aunisiens : « C'est vrai que quand l'amphithéâtre a été découvert, il paraissait un peu isolé. Et personne ne s'y est vraiment intéressé. Des sondages y ont été réalisés. Mais guère plus. Aujourd'hui, on se rend compte qu'il n'était pas si isolé que ça », commente Éric Normand, archéologue du ministère de la Culture pour la Charente-Maritime. Sans être encore la deuxième ou troisième couronne de La Rochelle, l'Aunis antique avait déjà une population.

Qui justifiait de construire un « Zénith » à Saint-Georges du Bois, comme la Saintonge des arènes à Mediolanum. On ignore encore quels spectacles on y donnait.

2000 ans d'histoire

Barzan, Saintes, Jonzac, les vestiges antiques ne manquent pas dans le département. Toute cette semaine, partons à la découverte de ces fous de romains qui avaient déjà inventé tant de choses.

Le programme des fouilles pour 2016

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