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Qui est Saint Cybard ?
D'après les jésuites, Saint Cybard était un ermite qui vécut la majeure partie de sa vie dans une grotte au flanc de la colline d’Angoulême. Il accomplit moult miracles, comme de faire exploser les portes de la prison, guérir les malades, parler aux animaux, etc. (j'en passe et des meilleures).
Son culte qui débuta tout de suite après de telles prouesses, fut, après quelques vicissitudes (les Protestants détruisirent le monastère Saint-Cybard en 1568 et les Révolutionnaires vendirent ce qui restait en 1793) relancé par Mgr Cousseau, évêque d’Angoulême, qui acheta la grotte de Saint-Cybard en juillet 1851. Depuis, Sa Grandeur ne manqua jamais, parait-il, d’y célébrer tous les ans le saint sacrifice.
La vie -savoureuse- de Saint-Cybard est racontée par les "acta sanctorum" (la Vie des Saints de l'Église chrétienne) publiée par les Bollandistes de 1643 à 1794. Les Bollandistes sont des jésuites, émules du Flammand Jean Bolland qui édita les premiers recueils. C'est sans doute dans ces livres que l'évêque d'Angoulême puisa l'inspiration du culte de Saint-Cybard.
D'après les Bollandistes, "Saint Cybard, naquit en Périgord, vers l’an 504. Son père s’appelait Félix; sa mère se nommait Principie et son aïeul paternel Félicissime. Ce dernier avait été établi , comte ou gouverneur de Périgueux,par Clovis à la suite de la bataille de Vouillé, ce roi avait délivré tout le midi de la Gaule du joug des Visigoths ariens. Ce fut auprès de lui que le jeune Cybard vint, à l’âge de dix-huit ans, s’initier aux secrets de l’administration. Mais l’état monastique était l’objet de tous ses vœux ; aussi quitta-t-il secrètement la ville et la maison paternelle, et alla au monastère de Sessac (Sedaciacum) se jeter aux pieds du saint abbé Martin, le suppliant de l’admettre au nombre de ses religieux.
On disait que les animaux se montraient dociles à sa voix, et que ce privilège était la récompensé de sa douceur et de son innocence. Ainsi, il avait été vu arrêtant à la lisière d’un bois une jeune biche qui était venue lui baiser les mains et ne s’était enfuie qu’après avoir reçu sa bénédiction. Une autre fois, c’était un oiseau, une mère posée sur sa tendre couvée, et qui, effrayée à son approche, allait s’envoler, lorsqu’il lui demanda de l’attendre. L’oiseau ne bougea pas, et Cybard put à loisir caresser la mère et les petits, mais, on le présume bien, sans attenter à leur liberté.
D’un autre côté, les malades qui venaient au monastère chercher des soins, ne se louaient pas seulement de ceux que leur prodiguait sa charité ils publiaient les guérisons qu’ils attribuaient à ses mérites. Ce fut précisément cette réputation de sainteté qui lui devint bientôt insupportable et qui, après un séjour de cinq ans, le décida à quitter son monastère. Il se mit en quête d une solitude qui pût le cacher entièrement aux yeux des hommes. Il s’achemina vers Angoulême. Le siège de cette ville était, alors occupé par saint Aphtone ou Aptone.
Aptonel lui choisit et lui montra sur le penchant de la montagne un lieu de retraite qui, inaccessible du côté de la cité et fermée au bas par la Charente, présentait toute facilité pour y vivre séparé du monde, comme au milieu du désert le plus reculé. Ajoutons qu’une fontaine, qui suintait du rocher, fournissait l’eau nécessaire à l’ermite et complétait le charme de cette solitude.
Il s’y rendit seul et secrètement ; et, après y avoir longtemps prié, parce qu’il se sentait affaissé par le sommeil, il prit, nouveau Jacob, une pierre pour oreiller, et eut, comme le patriarche, une vision céleste. Un ange lui apparut et lui dit : « Cybard, demeure ici, et ne cherche plus d’autre solitude » : ordre divin qui, en l’affermissant dans ses pieux desseins, lui en fit vivement souhaiter la prompte réalisation.
Il se hâta donc de revenir auprès d’Aptone pour lui raconter cette vision, et passa près de la prison où gémissait un grand nombre de prisonniers de guerre qui, n’ayant pu encore être rachetés, n’avaient d’autre perspective que d’être retenus captifs, ou vendus comme esclaves. On sait que la délivrance ou le rachat de ces infortunés était, dans ce temps-là, une des principales œuvres des Saints. C’est ce qui arriva dans cette circonstance ; car notre Saint se sentit inspiré de prier pour ces captifs, et il eut à peine achevé, devant la porte de la prison sa fervente prière, que soudain, sous les yeux mêmes du geôlier, cette porte s’ouvre, et que la barre de fer qui la fermait se brise et est lancée au dehors. Les prisonniers se précipitent alors vers l’église pour y chercher un refuge et remercier Dieu de leur délivrance. De son côté, le peuple accourt et dans ses acclamations, unit au nom du Seigneur, qui a brisé les fers des captifs celui de Cybard qui, sur le point de devenir le prisonnier volontaire de la pénitence, a voulu rendre à la liberté les victimes de la guerre et du malheur.
On comprend aisément qu’après un tel miracle, ce même peuple ait en foule accompagné notre Saint, lorsque l’évêque, suivi de son clergé, le conduisit à la grotte qui désormais devait être son séjour, et qu’il l’y renferma avec tout l’appareil des cérémonies sacrées.
Et maintenant quelques-uns demanderont peut-être ce que pouvait faire le saint reclus dans son étroite et silencieuse cellule : il s’occupait de Dieu, il conversait avec lui, il méditait sa parole, et il y trouvait une source inépuisable de pures et saintes joies.
Saint Aptone le comprit tout d abord, et pour étendre encore cette salutaire influence par la prédication et la direction des âmes, il éleva Cybard au sacerdoce, et permit à plusieurs de ses clercs de se mettre sous sa conduite. Lui-même venait souvent le visiter, et entre ces deux saints les heures s’écoulaient douces et rapides dans leurs suaves entretiens sur les choses spirituelles. De plus, à des jours et à des heures déterminées, les fidèles se réunissaient devant sa grotte, soit pour assister a la messe et recevoir la sainte communion qu’il leur donnait par une petite fenêtre grillée, soit pour écouter ses instructions, ou recueillir ses avis, et surtout ses consolations, car il possédait tout spécialement le don de soulager l’affliction des âmes, plus encore même que celui de guérir les maux du corps, quoique cependant le miracle lui fût comme familier. Son historien nous dit en effet, qu’il guérit plusieurs lépreux, qu’il délivra des possédés, qu’il rendit la vue à trois aveugles et opéra beaucoup d’autres guérisons par l’onction de l’huile bénite qu’il conservait dans sa cellule. Parmi ces faits miraculeux, nous choisissons les deux suivants, qui nous ont paru particulièrement remarquables.
Une dame de noble naissance, nommée Clara, ou Arania, avait les membres tout contractés par une horrible maladie. Sur la réputation de saint Cybard, elle se fit amener vers lui, et le supplia à grands cris d’avoir pitié d’elle ; il la retint près de sa grotte une semaine entière, la recommandant vivement à Dieu, et puis la renvoya parfaitement guérie. Si sa reconnaissance fut grande, sa confiance en l’intercession de notre Saint ne fut pas moindre : on en jugera par le trait suivant : rentrée dans son pays et dans sa maison, qui était située sur le bord de la mer, elle vit un jour un navire prêt à périr au milieu des flots, elle invoqua aussitôt le secours de Dieu et les prières de saint Cybard ; puis se rappelant qu’elle possèdait une lettre de lui, elle court la chercher, et l’étendant vers le rivage, elle s’écrie : « Cybard, serviteur de Dieu, cette lettre est un gage de votre charité ; daignez, par le nom de Jésus-Christ, la faire servir au salut de ces malheureux. Son espérance ne fut point trompée, car soudain le navire, malgré la violence des vagues, vint aborder heureusement, loin de tous les ports, au lieu même où elle se tenait en prières.
Le second miracle eut lieu sur la personne d’un jeune homme nommé Artémius, et il nous montre la vertu simple et modeste du véritable solitaire en opposition avec l’orgueilleux fanatisme d’un faux religieux. Artémius, de lui-même, sans écouter aucun conseil, et en dehors de l’autorité de son évoque, s’était fait reclus dans le pays de Saintonge ; mais ni sa vertu ni sa tête n’étaient assez solides pour un pareil genre de vie. Aussi, après quelques années d’une imprudente réclusion, on le vit tout à coup tomber en démence, et demander qu’on le conduisît au roi Childebert, parce qu’il devait, disait-il, prendre ses ordres afin de visiter ensuite et d’inspecter le royaume. Ses parents désolés, feignant d’entrer dans ses vues, se mirent en route avec lui, et, moitié par ruse, moitié par force, l’amenèrent à la grotte de saint Cybard. Mais, en présence du Saint, Artémius tomba dans un subit accès de fureur, ses cheveux qu’il portait très-longs, s’agitèrent en désordre, ses bras se tordirent violemment, et ses doigts se crispèrent convulsivement ; il s’écriait en même temps qu’il ne reconnaissait personne qui lui fût égal en sainteté, et qu’ainsi c’était lui faire outrage que de l’amener à un autre solitaire ; il mêlait en outre à ces inepties mille autres folies, et même des paroles de blasphème. Cependant notre Saint, touché de compassion, étendit la main par la fenêtre de sa cellule, et fit sur lui le signe de la croix. A l’instant tous ces cris et ces fureurs cessèrent ; le jour suivant il ordonna de lui couper les cheveux, ce qu’on ne put exécuter qu’avec peine, parce qu’Artémius y opposa une forte résistance, et le surlendemain saint Cybard déclara qu’il pouvait être admis parmi les clercs et recevoir la tonsure. Cela fait, le pauvre jeune homme demeura parfaitement tranquille, et après quelques jours, que le Saint employa à le consoler et à l’instruire, il revint auprès de sa famille complètement sain d’esprit et de corps. Sa guérison ne se démentit point jusqu’à sa mort, et on la jugea même si solide qu’Artémius fut plus tard élevé au diaconat.
La tendre compassion que saint Cybard avait toujours eue pour les prisonniers et les captifs l’avait suivi dans sa retraite : leur délivrance était encore son œuvre de prédilection, et il y employait l’or et l’argent que les aumônes des fidèles versaient à ses pieds. On ne porte pas à moins de deux mille le nombre de ceux qu’il rendit ainsi à la liberté. Sa charité s’étendait également envers les criminels eux-mêmes ; et souvent saint Cybard se servit avec bonheur auprès des juges, soit pour modérer la peine, soit pour obtenir une grâce entière, de l’ascendant que lui donnaient sa vertu et sa sainteté.
Cependant un jour il se vit refuser par le comte, ou gouverneur d’Angoulême, la commutation de la peine de mort qu’il avait prononcée contre un voleur que la clameur publique accusait avec plus de violence que de justice. La sentence fut donc exécutée en présence du gouverneur et d’un peuple nombreux. Averti de l’heure de cette exécution, saint Cybard y envoya un de ses moines, lui disant : « Sachez, mon frère, que ce que l’homme nous a refusé, Dieu par sa grâce nous l’accordera ». Il se mit alors en prières, et lorsque le religieux arriva au lieu du supplice, tout était consommé, le voleur avait été pendu, et la foule se retirait satisfaite et insoucieuse. Cependant le moine, les yeux fixés sur la potence, attendait avec confiance l’effet des paroles de son saint abbé : et voilà que soudain la corde se rompt d’elle-même, ainsi que les chaînes qui liaient le pendu, et il tombe par terre, libre de tous ses membres. Le moine court aussitôt à lui, s’empresse de lui dire à qui il doit sa délivrance, et le conduit sain et sauf devant son libérateur. Celui-ci, après avoir remercié Dieu, fait prier le comte de se rendre à sa grotte, et lui présente vivant cet homme qu’il reconnaît parfaitement pour le même qu’il avait laissé pour mort peu d’instants auparavant. Frappé de stupeur, il se jette alors aux pieds du saint abbé, lui promettant d’être à l’avenir plus docile à ses requêtes, et de ne pas tant prodiguer la peine de mort.
Quelque extraordinaire que nous paraisse ce miracle, on ne saurait en révoquer l’authenticité, car saint Grégoire de Tours, qui le rapporte au sixième livre de son Histoire des Francs, déclare tenir ce récit de la bouche du comte lui-même. En outre, à moins de ne vouloir, de parti pris, croire à aucun fait surnaturel, ni à aucune intervention de Dieu dans les événements humains, on ne peut dire qu’un tel miracle fut indigne de sa puissance, de sa sagesse et de sa bonté, car il était une grande leçon donnée aux juges qui, en ces temps, condamnaient si légèrement un homme à mort et au peuple qui, souvent, par caprice ou par une aveugle prévention, exigeait le supplice d’un innocent. Rien n’était donc plus digne de Dieu que de protéger, par un signe éclatant, la vie humaine contre de si effroyables excès.
Cependant quelques disciples étant venus se placer sous la direction de saint Cybard, il leur assigna d’abord pour habitation les quatre ou cinq grottes voisines de la sienne, et puis, comme leur nombre augmentait, il leur fit bâtir un monastère, au bas de la colline. Quoique renfermé dans sa cellule, il gouvernait par sa parole cette communauté avec autant de douceur que de force, car il savait au besoin reprendre sévèrement les religieux qui s’écartaient de la Règle. D’ailleurs ils venaient fréquemment, ou tous ensemble, ou chacun en particulier, recevoir ses instructions ; et nul ne se retirait sans avoir réchauffé sa piété, ou ranimé sa langueur au feu céleste de son âme. Une des prescriptions de la Règle ordonnait que les moines ne vivraient que des aumônes volontaires des fidèles ; et l’on présume facilement que plus d’une fois cette Règle les réduisit à de dures privations. Il arriva même un jour que le pain leur manqua absolument ; alors ils vinrent, tristes et abattus, crier famine à la grotte de saint Cybard. Mais celui-ci, les accueillant avec une aimable gaîté, leur dit : « Allons, mes enfants, la foi ne craint pas la faim » ; et puis, pour ranimer leur courage et peut-être aussi pour charmer leur appétit, il se mit à leur raconter "certains traits merveilleux de la vie des Pères du désert. Or, tandis qu’il leur parlait, on apporta au monastère des provisions si abondantes, qu’il y eut de quoi restaurer non-seulement toute la communauté, mais encore un grand nombre de pauvres.
Si nous entrons maintenant dans la vie intime de saint Cybard, nous dirons que l’austérité de ses jeûnes et de ses veilles paraît à peine croyable qu’il ne but jamais de vin, que ses repas étaient si courts et si légers qu’on ne comprenait pas qu’il pût se soutenir, que son lit n’était qu’une natte placée sur le rocher nu, et que son vêtement pauvre et grossier était d’une rudesse qui en faisait un vrai cilice.
Ses austérités s’augmentaient encore d une manière effrayante pendant le Carême et à certains autres temps de l’année.
D’ailleurs, sans cesse appliqué à la prière, donnant à la psalmodie et à la récitation de l’office divin la meilleure partie des nuits, il n’interrompait ses entretiens avec Dieu que pour instruire des choses de la vie spirituelle les religieux de son monastère et les séculiers qui venaient lui demander des avis ou des conseils. Mais, quels qu’ils fussent, il les ravissait tous par son humilité et son inaltérable douceur.
Enfin, après avoir passé trente-neuf ans dans cette réclusion sévère, sans en avoir jamais témoigné la moindre fatigue, ni le moindre ennui, il fut pris d’une petite fièvre et rendit paisiblement son âme à Dieu, le 1er juillet 581, et à la même heure qu’il avait entendu la voix céleste qui lui disait : « Cybard, demeure ici et ne cherche plus d’autre habitation ». Dès qu’il eut expiré, on retira son saint corps de sa cellule et on le descendit au monastère pour l’enterrer dans l’église. Il se fit à ses funérailles, que Dieu honora par plusieurs miracles, un grand concours de peuple. Mais ce qu’il y eut de plus touchant, ce fut la multitude des captifs qu’il avait délivrés, et qui y accoururent tous pour offrir à leur bienfaiteur ce dernier hommage de reconnaissance.
On le trouve représenté :
1° versant un sac d’argent sur une pierre devant un de ses disciples, pour lui apprendre le mépris des richesses
2° placé au milieu d’une gloire d’où partent des rayons où sont écrits les noms des vertus qui ont le plus honoré sa vie et contribué à sa canonisation
3° ayant près de lui une chaîne, ou mieux des prisonniers dont les chaînes se brisent : c’est la caractéristique ordinaire des saints qui, surtout à l’époque mérovingienne, interposèrent une protection souvent bénie de Dieu entre la race conquise et les envahisseurs qui la rudoyaient
4° un vitrail de 1’église de la Rochefoucauld (Charente) retrace la vision qu’il eut dans sa grotte.
Saint Cybard est, avec saint Pierre, le patron d’Angoulême."
Cette biographie extraordinairement détaillée et pas du tout légendaire (?) se trouve sur le site histoirepassion à cette adresse : http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article1266#nb2
Quant à Grégoire de Tours, il raconte la vie de "Cybar" (dans son livre sixième p 22 à 24 tome II de l'Histoire des Francs, édition "les belles lettres", Paris 1965, traduit par Robert Latouche.) même s'il la situe plutôt pendant le règne de Childebert II qui a commencé vers 580.
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