26 juillet 2010 06h00 | Par Philippe Baroux
|
|
|
Une étoile est née
Le premier Amel 64 sera mis à l'eau la semaine prochaine en Méditerranée. Le chantier rochelais en a déjà vendu six. Carnet de commandes plein jusqu'au printemps 2012.
L'amel 64, présenté pour la première fois publiquement la semaine prochaine à Hyères, a nécessité un investissement de 6,5 millions d'euros. Photo Xavier Leoty
Lundi, deux semi-remorques quitteront La Rochelle en direction de la Méditerranée. Embarqués sur une première remorque : des mâts et un abri de pilotage. Sur la seconde, la pièce maîtresse : l'Amel 64, le nouveau voilier du fameux chantier rochelais.
C'est à Hyères qu'il sera mis à l'eau. Un mois avant le Festival de la plaisance de Cannes et sa première présentation publique. Pour donner au profane une échelle à l'événement, il faut imaginer le retentissement qu'aurait la présentation en avant-première d'un nouveau modèle Porsche au salon international de l'automobile de Stuttgart…
Un an et demi de suspens
Ce voilier, cela fait un an et demi qu'il est attendu. Depuis ce jour où le PDG du chantier, Jean-Jacques Lemonnier, dévoilait sa maquette au Salon nautique de Paris.
Le 64 (19,50 mètres) arrive donc sur le marché, cinq ans après le baptême du premier Amel 54. Une naissance plus singulière que jamais dans l'histoire récente d'un chantier qui, ces dernières années, avait choisi (avec le succès que l'on sait) de ne proposer qu'un modèle unique. Désormais, le 54 et le 64 cohabiteront sur les postes de production.
« Le mono produit, c'est une petite merveille pour tout industriel qui se respecte. Mais il a aussi sa part de risque », explique Jean-Jacques Lemonnier. Avec le 64 pieds, le chantier répond donc à l'aspiration d'un marché gourmand d'unités de plus en plus grandes, sans renoncer à l'assise économique que garantit le 54.
Pour gagner ces trois mètres de longueur supplémentaires couplés à un gain de confort des aménagements intérieurs et de navigation, l'entreprise a développé un véritable projet industriel. Six millions et demi ont été investis, dont l'essentiel dans la construction d'un imposant site de moulage où les coques du 54 et du 64 prennent forme. Immense hall de 4 500 mètres carrés sur le site de la zone d'activité de Périgny où, comme toujours chez l'orfèvre du nautisme, efficacité rime avec bon goût.
Innover en temps de crise
Le président de la Fédération des industries nautiques Jean-François Fontaine le martèle depuis plusieurs mois, il faut profiter de la crise que traverse la filière pour innover. Amel, niche dans les niches du nautisme français, sans avoir attendu le message, monte une marche de plus. Mais garde de la mesure. « Nous restons dans les mêmes volumes de production, poursuit Jean-Jacques Lemonnier. Nous sommes sur un programme de fabrication de quatre 64 pieds par an. Ce qui signifie que nous allons produire 17 à 18 54 pieds par an. » Jusqu'alors, quand l'entreprise était orientée vers le mono produit, une trentaine de 54 étaient moulés chaque année. « La tendance de l'entreprise n'est pas à l'agrandissement, mais uniquement au développement et à la maîtrise de la qualité du produit et du service. »
Cette semaine encore, près de 25 ouvriers étaient au chevet du premier 64. Jusqu'au bout, les équipes se sont employées à rattraper une partie du retard pris dans les premières semaines de développement du projet. Le PDG qui s'offre le numéro avait à l'origine prévu de le convoyer jusqu'en Méditerranée. Le retard qui n'est somme toute que de quelques semaines impose le recours au transport routier. Une échéance et une seule compte : le rendez-vous nautique de Cannes.
Mais dès avant sa présentation, le 64 a défriché son champ commercial. Six unités sont vendues à ce jour. Jean-Jacques Lemonnier ne se grise pas. « Il faut être lucide, les temps sont plus difficiles. Il y a toujours de l'engouement pour un nouveau produit. » Il n'empêche, le carnet de commande du 64 est plein jusqu'au printemps 2012. Celui du 54 pieds est de douze mois, là où il y deux ans, il était de dix-huit mois. La crise nautique est passée par là. « C'est vrai que nous avons perdu six fois sur le carnet de commande du 54. Nous assistons à des périodes d'accélération, puis il y a des espèces de no man's land de quinze jours à un mois sans rien. »