22 mai 2011 08h52 | Par Philippe Baroux
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La deuxième vie de la coquille d'huître
Les coquilles d'huîtres transformées chez Ovive, à Périgny, entrent dans l'alimentation des poules, le béton des récifs artificiels ou les biofiltres.
Dans les mains de Jean-Luc Saunier, les produits qu'Ovive fabrique avec la coquille d'huître. photo samuel honoré
Si de vieilles croyances veulent bien attribuer neuf vies au chat, l'huître en aurait au moins deux. La première est celle à laquelle mettent régulièrement fin des lauréats du concours Lépine remarqués pour la mise au point de techniques d'ouverture facile du mollusque. Chaque génération semble devoir produire son Géo-trouve-tout, comme celui qui présente sa trouvaille en ce moment à La Tremblade. Et puis il y a cette deuxième vie, plus méconnue. Elle intéresse depuis vingt-deux ans la société Ovive.
25 salariés
À Périgny où elle a vu le jour, l'entreprise récupère des coquilles qu'elle valorise. Une vie, après la mort de l'huître. Pascale Dardant, l'une des trois cofondateurs, « avait entendu dire que des coquilles d'huîtres étaient données aux poules pondeuses, pour durcir les coquilles d'œufs et renforcer leurs os. »
Le coup part. À côté de la technicienne agricole, un géologue, Jean-Luc Saunier, et un second technicien agricole, Serge Billé, créent Ovive. L'entreprise a collecté 5 300 mètres cubes de coquilles d'huîtres l'année dernière. Elle va accrocher cette année les deux millions de chiffre d'affaires, un résultat en augmentation de 10 % par an. Ovive emploie 25 personnes, dont une à temps plein, rien que pour séparer les précieuses valves calcaires des rebuts divers et variés que produit l'activité ostréicole, restes de poches, d'emballages et autres déchets. Les gisements sont à Arcachon et en Bretagne, mais curieusement, la collecte de coquilles reste anecdotique dans le bassin de production le plus proche d'Ovive, la Charente-Maritime. Ce qui explique la démarche de sensibilisation de son dirigeant auprès des producteurs charentais, sa première présence au salon trembladais.
Difficulté de collecte
Jean-Luc Saunier ne s'explique pas, en effet, la difficulté de collecte locale - d'autant plus incompréhensible en période de surmortalité-, mais il ne désarme pas. Les multiples voies de diversifications suivies par l'entreprise appellent un besoin croissant en matière première.
C'est ainsi que la coquille lavée de ses bactéries après un séchage à 250°, concassée et criblée, devient complément minéral dans l'alimentation avicole, ou paillette utilisée par les écloseurs pour fixer les larves d'huîtres en milieu clos. Ovive fournit aussi des fabricants de peinture, des entreprises parapharmaceutiques.
« Nous avons travaillé avec l'université de Caen pour un programme de recherche pour fabriquer des récifs artificiels », s'enthousiasme ce patron. Des coquilles dans du béton, mais aussi dans les stations d'épuration ! À Paris, à Barcelone, en Italie, un brevet irlandais essaime. Il utilise la coquille d'huître comme biofiltre. Les vapeurs acides la rongent et hop ! une claque aux petites mauvaises odeurs. Et quelle claque ! Chaque fois qu'une unité d'épuration commande des coquilles, ce sont plusieurs poids lourds qui quittent Périgny.
Au salon trembladais, Jean-Luc Saier est venu dire qu'il peut les débarrasser gratuitement des tas de coquilles. S'ils souhaitent les stocker en big-bag, il fournit le conditionnement, et la trémie qui permet le remplissage. Mais, alors, ça n'est plus aux mêmes conditions tarifaires.