Les Gonthières
Les Gonthières seraient apparues dans l'histoire de Rompsay dès le Moyen-Age puisqu'en 1306, Pierre de Roncay fit don de ce domaine à l'ordre des Templiers.
Il n’en est pourtant plus guère question avant le XVIII° siècle.
C’était alors une maison noble dépendant de la vicomté de Fronsac, aux mains de Patrice de Misset, gouverneur d’Alicante et de Carthagène. Elle appartint ensuite successivement à Jeanne de Misset, sa fille, mariée à Jacques Gabriel Dunoyer, conseiller du roi, seigneur de Goupillon, puis à François Croizet, membre de l’Académie royale des Belles Lettres.
Sa veuve la cèda en 1788, à Conrad-Achille Weiss (consul général du Danemark en Aunis) qui allait y entreprendre d'importants travaux ; mais il ne conserva le bien que jusqu'en 1799 et le vendit à Joseph-Pierre Desmarêts. A partir de là et jusqu'en 1836, de très nombreux propriétaires s'y succèdèrent : Charles-Luc Lesseron, Jacques Rahon, Gilles Poutier, Auguste Delétant, Antoine Motte-La-Grange, Frédéric-Charles-Jules Vincent, baron Mathieu de Roddes, Auguste Théronneau et Marie-Adèle Charruyer (celle-là même qui légua à la Ville de La Rochelle 100.000 francs par testament en date du 27 Juillet 1881 permettant l’aménagement du parc qui porte son nom sur les glacis du front ouest de la ville, alors terrain militaire, entre la mer et la place de Verdun. Décédée en 1885 elle était issue d'une famille poitevine et fille d'Etienne Charruyer, armateur à La Rochelle.
Pendant la Première Guerre mondiale, le domaine devint un hôpital militaire auxiliaire, à l'initiative de l'Union des femmes de France (U.F.F.). Géré par la fondation « Marthe-Jacques », il a été en service entre le 1er septembre 1915 et le 16 novembre 1919. Disposant de 50 lits, il a accueilli 582 soldats malades.
Dans l'entre-deux-guerres, les Gonthières devinrent la propriété du docteur Béraud, médecin pédiatre qui descendait d'une famille installée à La Rochelle depuis 1571.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, un camion des forces allemandes fut saboté dans l'enceinte de la propriété (le 7 mai 1944, attentat revendiqué par le groupe Dufour).
Fin 1993, la propriété Béraud fit l'objet d'un programme immobilier qui prit en otage la demeure, pompeusement rebaptisée « Trianon », au grand dam des amateurs d’art.
C’est à ce titre qu’on peut écrire que le château des Gonthières a maintenant disparu !
« Sous le prétexte cynique d’une restauration de standing, les élégants lambris à pilastres du salon, datables de la fin du XVIIIème siècle et attribables à l’atelier des frères Chevallier, ont disparu. Mais c’est l’étonnant jardin pittoresque de la fin du XVIIIème siècle qui a payé le prix fort de ces travaux. Ils étaient conçus « dans le genre anglais » et ornés de bosquets, de cabinets, chaumière meublée, orangerie, colombier, salle de billard et billard garni, terrasses, gazons, boulingrins (terrains engazonnés pour jouer aux boules) et d’une quantité de grands vases en faïence pour arbrisseaux.
Il y avait aussi dans le parc, un théâtre avec coulisses et châssis, garni en toile et papier peint et six bancs ainsi qu’un pont chinois pourvu d’une grande pyramide peinte en vert. Deux grands tableaux de la constitution des droits de l’homme étaient accrochés à l’intérieur de la chaumière. Il y avait encore une grande pièce d’eau, un labyrinthe, un temple à la grecque et un observatoire. » (Châteaux, Manoirs et logis, la Charente Maritime, vol 1, éditions patrimoine et médias, 2008).
Ce parc était une réalisation du grand architecte paysagiste Pierre-Adrien Pâris qui entretenait des relations avec les frères Chevalliers.
C’est tout cela qui a disparu, au nom de la rentabilité financière et sans susciter le moindre émoi.