Les moulins à l’époque moderne
Par-dessus les moulins
Pourtant utilisés en Perse pour l'irrigation dès l'an 600, les moulins à vent n’arrivèrent en Europe qu’au IXème siècle et en France, vers la fin du XIIème siècle. Leur emploi, ne se généralisa cependant pas avant les XVIème et XVIIème siècles. Il y aurait eu, près de 20 000 moulins à vent en France en 1800. D’abord accueillis comme une libération des banalités attachées par le système féodal aux moulins à eau, ils furent rapidement récupérés par les seigneurs.
Des banalités
Les banalités étaient, dans le système féodal, des installations entretenues par le seigneur en contrepartie d’une utilisation obligatoire par les habitants de la seigneurie. Les principales banalités étaient : le four, le marché aux vins, le pressoir et le moulin.
Par extension, on appela « banalités » les taxes dues au seigneur en échange de l'utilisation de son four, moulin, pressoir.
Ces privilèges, abolis et déclarés rachetables dans la nuit du 4 août 1789, furent abolis définitivement sans rachat en 1793.
Moulins tours
En Aunis, les moulins à vent étaient des « moulins tours », comprenant une tour cylindrique en moellons et terre pour les moulins ordinaires et en pierres de taille pour les moulins banaux ou seigneuriaux, et une toiture cylindrique en bois, la calotte, dont la rotation permettait aux quatre ailes de se mettre au vent par la traction d’un âne ou d’un cabestan. Les premières ailes étaient en toile, tendues sur des vergues. Au XIXème siècle, on remplaça la toile par des planchettes. Un système d’engrenage transmettait le mouvement des ailes aux meules, souvent en pierre de l’Hermeneault, en Vendée.
Les moulins de Périgny
S’il est possible que la rivière « la Moulinette » ait dû son nom à l’existence d’un moulin à eau situé à la métairie de « la Moulinette », on trouvait à Périgny plusieurs moulins à vent. Deux sans doute (d’après Bernard Coutant) au Margat, deux au Pont des Salines, deux aux Grolles, et deux dans la seigneurie de Coureilles.
« Les propriétés du Plessis (le Petit Plessis apelé Clou Doré, face le cimetière St Éloi, et le Grand Plessis, vers le canal de Niort) étaient proches des Salines où, pour se rendre, il fallait passer un pont sur un fossé. Près de ce pont, vers Ronsay (Rompsay), il y avait, de chaque côté, un moulin puis, plus loin, l’un à côté de l’autre, deux moulins vers le Margat » (Bernard Coutant, « les moulins à vent d’Aunis dans La Rochelle et la banlieue », 1986).
Un des moulins des Salines était à 600 mètres de la Porte Royale. Il reçut la foudre le 14 juin 1835 et fut démoli en 1861. Il existait au moins depuis le XVIIème siècle puisqu’on y fit des réparations en 1636. On l’appelait aussi « moulin Quillet » du nom des meuniers qui s’y succédaient de père en fils. Un moulin appelé de la Palère était lui aussi proche du Pont des Salines.
On trouvait encore deux moulins dans la seigneurie des Grolles et deux autres dans la seigneurie du Château de Coureilles, le petit et le grand moulin.
Meunier, ton moulin va fort
Bernard Coutant cite un inventaire des richesses du meunier Colon, au moulin des Salines, réalisé à l’occasion d’une vente à la criée :
« Après la grand-messe de la paroisse de Périgny, le 17 janvier 1790, devait avoir lieu, lit-on dans les Affiches Rochelaises (le journal de l’époque) la première criée pour la location à bail du moulin du Pont des Salines. La deuxième criée était prévue le 24 et l’adjudication le 31 janvier.
Chez Colon, il y a une grande armoire en ormeau à deux battants, une autre grande armoire en sapin verni à deux battants avec un tiroir au bas. Un buffet de sapin avec son vaiselier […].On trouve encore, dans la liste du mobilier, un lit à quenouile, une pendule à sonnerie avec son boîtier en bois, dix chaises de paille. […]
Dans la cave de la maison, sous la chambre, on mettait du bois. Dans la chambre, qui avait « vue sur le chemin de Périgny », trois lits à quenouilles étaient montés. On trouvait encore deux armoires en sapin, un moulin à passer la farine et dans le grenier, « un grand tas de blé méture appartenant à plusieurs boulangers de La Rochelle » et, à côté, un « autre tas de froment estimé à « un tonneau et demi ».
Sous ce grenier et la chambre, il y avait le cellier contenant « trois tonneaux de futaille vides…deux barriques… », un treuil avec ses apparaux « dans lequel était environ un tonneau et demi d’avoine ».
Dans l’écurie piaffaient trois chevaux. La grange à côté était remplie de foin. Jouxtaient l’écurie et l’étable avec deux vaches et un veau. Sous le hangar , se rangeaient une charrette et un tombereau, divers sac de blé « à divers… » dans la cour, deux barges de foin et un mulon de glu s’accompagnaient (papier n°342, liasse 896, série L AD. CM). » ( Bernard Coutant, « les moulins à vent d’Aunis dans La Rochelle et la banlieue », 1986, p77)