Révolution

La Révolution Française à Périgny

Le cahier de doléances rédigé par des paroissiens de Périgny en mars 1789 ne fit apparaître que des revendications très classiques mais néanmoins révolutionnaires : que les États Généraux soient convoqués tous les cinq ans, que ceux de l‘Aunis ne soient pas réunis à ceux de la Saintonge, qu’ils fixent les impôts et que ceux-ci soient supportés par les trois ordres, que les droits de passage soient supprimés. Ils demandaient aussi la suppression [La raison invoquée étant leur coût jugé prohibitif] de l’administration des Ponts et Chaussées et de celle des Intendants. 

 

Naissance de la commune de Périgny et de sa municipalité

Le 14 décembre 1789, l’Assemblée nationale votait une loi créant les communes en France. Sur la proposition de Mirabeau c’étaient toutes les paroisses qui étaient érigées en communes.

Le territoire national était dorénavant divisé en départements,  districts, cantons et communes. Toutes ces communes devaient avoir le même statut avec un conseil municipal élu par les habitants et un maire. Une maison commune, la mairie, devait être construite pour accueillir les réunions du conseil et l’administration municipale.

Les premières municipalités furent élues à la fin du mois de janvier 1790.

Les premiers maires de Périgny ne furent pas faciles à trouver ni à conserver, la période révolutionnaire n'aidant évidemment pas à une organisation sereine de l'administration des communes qui succédaient alors aux paroisses dans l’organisation territoriale nationale. Le premier maire ne  fut en fonction que 2 mois, le deuxième 9 mois et plusieurs refusèrent la charge, bien qu'élus.

L’autre caractéristique de ce système fut le caractère censitaire du suffrage. Les élus municipaux étaient choisis sur le critère de leur richesse [Et ce n'étaient que des hommes « élus par des hommes », à l'exclusion de la moitié féminine de la population]. (Rappelons aussi que l'âge légal de l'éligibilité était de 25 ans et celui du vote 21 ans.)

 

En 1790, les officiers municipaux et les notables durent être élus au suffrage direct par les citoyens (pas les citoyennes) actifs de la commune, pour deux ans, avec renouvellement par moitié chaque année, parmi les habitants payant une contribution d'une valeur égale à dix journées de travail.

 

Les premiers maires : Paumier Beauchamps, Marie, Kreutzen, ... 

La Garde nationale

Le 25 avril 1790, l’Assemblée communale procéda à la nomination d’une garde nationale. Le nombre de gardes fut fixé à 24. Ils furent nommés le 13 juin et Paumiers-Beauchamp, qui allait sans doute mieux deux mois après sa démission de la mairie pour raison de santé,  fut nommé commandant en premier, Jean Auger commandant en second, Charles Cruzeaud et Louis Grignon, lieutenants. Malheureusement, le Commandant de la province ne donna des armes que pour 12 gardes.

Territoire

Le 7 février 1791, les officiers municipaux de la commune de Périgny, se conformant au décret pris le 3 Novembre 1790 par l’Assemblée Nationale, établirent un état indicatif des différentes parties de leur territoire. Quatre sections furent répertoriées, celle dite du village de Villeneuve, celle de la Chaume, celle du grand Canton et celle du bas Rompsay.

Vaches et brebis

Le tableau de l’économie de Périgny à la Révolution,  montre une prédominance de la viticulture, comme c’est le cas dans tout l’Aunis. On peut sans doute y ajouter le sel des salines de la Moulinette, et la culture des céréales. Mais ce qu’on connaît moins, c’est l’existence bien réelle d’un élevage de moutons et de vaches, disséminé à travers la paroisse.

Cet élevage était le fait des pauvres qui trouvaient là une solution à leurs problèmes de subsistance. Avec quelques moutons ou une ou deux vaches, ils réussissaient ainsi à survivre à la condition de pouvoir les faire paître sur les bermes des chemins ou dans les champs et même dans les vignes où l’herbe poussait. C’était la « vaine pâture ». Les enfants étaient chargés de ce travail de bergers.

Mais l’errance des troupeaux qu’ils emmènaient paître dans les terrains envahis par l’herbe déplaisait aux propriétaires qui s’estimaient lésés.

Or, Périgny était depuis longtemps un lieu de villégiature pour riches seigneurs ou bourgeois de La Rochelle. Les édiles municipaux, issus de la nouvelle administration révolutionnaire, les représentaient comme ils représentaient les petits propriétaires aisés. N’oublions pas que pour être électeur, il fallait payer un impôt au moins égal à trois journées de travail (soit environ 3 livres). A Périgny, il n'y eut que 52 votants en janvier 1790, 29 en avril 1790, et pour être élu, il fallait payer un impôt au moins équivalent à dix journées de travail. 

Aussi, les nouveaux élus de la commune, avec à leur tête leur maire, Marie Jean, curé de la paroisse,  étaient-ils sensibles aux demandes des propriétaires qui voulaient empêcher l’élevage sur le territoire communal, au prétexte des dégâts occasionnés par les bètes. Tempérant malgré tout leurs ardeurs, ils décidèrent de « légiférer » et écrivirent le 11 juillet 1790, ce règlement pour les brebis et celui pour les vaches qui permit peut-être à Périgny de ne pas ressembler à la description du Farwest de John Ford dans « Straigth shooting »…

Règlement pour les brebis et pour les vaches 

Trioullier, curé assermenté

La loi sur la Constitution civile du clergé fut votée 12 juillet 1790 par l'Assemblée constituante. Elle donna un nouveau statut aux prêtres qui durent désormais prêter un serment sur la constitution. Leur statut était celui de salarié et d'agent de l'État. Ils étaient élus par les citoyens de leur circonscription.

Environ 50 % des curés d'Ancien Régime prêtèrent le serment. On les appela prêtres constitutionnels, également prêtres assermentés ou  jureurs.

Ce n’est que le 25 septembre 1791, que le conseil municipal de Périgny procéda à l’installation de son curé constitutionnel, Pierre Trioullier, qui avait prêté  devant le peuple et la garde nationale de Périgny le serment suivant : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles qui me sont confiés, d’être à la nation, à la loi et au Roi et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution du royaume décrétée par l’assemblée nationale et sanctionnée par le Roi ».

Du coup, il semble que certains paroissiens aient refusé de se rendre à la messe dominicale, ce qui provoqua quelques troubles en juin 1792, le peuple armé ayant manifesté l’intention de les obliger à y assister de force. Seule l’intervention des édiles municipaux qui s’interposèrent permit de rétablir l’ordre.

L’arbre de la Liberté

Les plantations d’arbres de la liberté se multiplièrent au printemps et à l’été 1792, la France, en guerre contre l’Autriche, fut saisie d’un grand élan patriotique, et la défense de la patrie se confondit avec celle des conquêtes de la Révolution. L’arbre devint donc un symbole fort de l’idéal révolutionnaire.

Le hasard voulut que le jour même où à Paris « l’accusé Louis Capet » était entendu par ses juges, pour la seconde fois, à la barre de la Convention,  le 26 décembre 1792, un arbre fut solennellement planté à Périgny Place de la Chaume pour  célébrer la Liberté.

« Aujourd’hui, l’an premier de la République Française, le conseil général de la commune, assemblé sur les huit heures du matin à la chambre de la commune, s’étant rendu en corps à l’église paroissiale de Périgny, après avoir entendu la messe et assisté à la cérémonie de la bénédiction des oriflammes, ladite Municipalité  […] [ fut escortée par] un détachement des compagnies de la Garde Nationale de Périgny […] jusqu’au lieu de la Chaume, place destinée à la plantation de l’arbre de la Liberté… ».

 

 

 

 

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